Locke: Tout commence avec l'expérience
Dans son "Essai philosophique concernant l'entendement humain", Locke s'interroge sur l'origine de nos idées. Pour lui, et contrairement à ce qu'affirmait Descartes, toutes nos idées proviennent de l'expérience : tout ce qui se trouve dans l'intellect s'est d'abord trouvé dans les sens. A cela, Leibniz répondra que les structures logiques de l'entendement ne proviennent pas de l'expérience et sont donc a priori.
Problématique
Toutes nos idées proviennent de l'expérience. Il y a d'abord la perception qui nous livre des matériaux. Puis vient la réflexion, par quoi nous percevons les contenus de notre esprit. Locke insiste ici sur le caractère acquis de toutes ces représentations, pour la perception comme pour la réflexion.
Enjeux
Nous n'avons pas d'idées innées, selon Locke. Ainsi, même la pensée logique est d'abord déterminée par le contact entre l'esprit et le monde. La réflexion ne peut en effet pas tourner à vide, et sans expérience, il n'y aurait pas de pensée du tout. A cet empirisme radical, Leibniz répondra en insistant sur le caractère a priori de l'entendement lui-même. Plus tard, Kant défendra l'existence de structures a priori de la connaissance.
Tout commence avec l'expérience
Supposons donc qu'au commencement l'âme est ce qu'on appelle une table rase, vide de tous caractères, sans aucune idée, quelle qu'elle soit. Comment vient-elle à recevoir des idées ? Par quel moyen en acquiert-elle cette prodigieuse quantité que l'imagination de l'homme, toujours agissante et sans bornes, lui présente avec une variété presque infinie ? D'où puise-t-elle tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances ? À cela, je réponds en un mot, de l'expérience : c'est là le fondement de toutes nos connaissances, et c'est de là qu'elles tirent leur première origine. Les objets extérieurs et sensibles, ou sur les opérations intérieures de notre âme, que nous apercevons et sur lesquelles nous réfléchissons nous-mêmes, fournissent à notre esprit les matériaux de toutes ses pensées. Ce sont là les deux sources d'où découlent toutes les idées que nous avons, ou que nous pouvons avoir naturellement. [...] L'autre source d'où l'entendement vient à recevoir des idées, c'est la perception des opérations de notre âme sur les idées qu'elle a reçues par les sens : opérations qui, devenant l'objet des réflexions de l'âme, produisent dans l'entendement une autre espèce d'idées, que les objets extérieurs n'auraient pu lui fournir : telles que sont les idées de ce qu'on appelle apercevoir, penser, douter, croire, raisonner, connaître, vouloir, et toutes les différentes actions de notre âme, de l'existence desquelles étant pleinement convaincus, parce que nous les trouvons en nous-mêmes, nous recevons par leur moyen des idées aussi distinctes que celles que les corps produisent en nous, lorsqu'ils viennent à frapper nos sens. [...] Mais comme j'appelle l'autre source de nos idées sensation, je nommerai celle-ci réflexion, parce que l'âme ne reçoit par son moyen que les idées qu'elle acquiert en réfléchissant sur ses propres opérations.
- a priori : qui existe avant toute expérience
- empirisme : doctrine selon laquelle toutes nos connaissances sont des acquisitions de l'expérience et non des données a priori.
- expérience : contact entre l'esprit et la réalité extérieure à travers les cinq sens.
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