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LOCKE (vie et oeuvre)

Locke est le père de l'empirisme, doctrine selon laquelle la connaissance doit être fondée sur l'expérience. Ardent défenseur de la liberté individuelle, il est aussi l'un des pères du libéralisme politique.

VIE

A la fin du XVIle siècle, les progrès des sciences (mathématiques, physique, médecine) incitent certains philosophes, notamment en Angleterre, à appliquer les principes de la méthode expérimentale à la philosophie.

Le scientifique (1632-1688)

Le philosophe

OEUVRES

La philosophie de Locke vise avant tout à la solution de problèmes pratiques. C'est pourquoi il a abordé les problèmes les plus divers, de la médecine à la théorie de la connaissance, de l'économie à la religion, sans aucun esprit de système.

Lettre sur la tolérance (1689)
Locke établit le principe de la séparation entre l'État et l'Église. Le pouvoir politique doit se borner à la société civile et ne pas s'étendre aux problèmes religieux, qui relèvent de la sphère privée. Dans un État laïc, toutes les confessions sont également légitimes. Locke réclame la liberté de conscience et de culte, principe essentiel de la philosophie libérale.

Essai sur l'entendement humain (1690)
Cet ouvrage majeur de l'histoire de la philosophie inaugure l'empirisme. Locke nie la réalité des idées innées et affirme qu'il n'y a rien dans l'esprit avant l'expérience. L'esprit humain vient au monde comme une «table rase». Les idées sont produites dans l'entendement à partir de la sensation et de la réflexion. On ne peut connaître que ce qui est observable: la théologie et la métaphysique sont disqualifiées. Par contre, les idées mathématiques et morales ne renvoient qu'à elles-mêmes; elles peuvent donc être connues par évidence intuitive et démonstration.

Traités du gouvernement civil (1690)
Locke critique la monarchie absolue et héréditaire. Pour lui, le pouvoir politique est issu d'un pacte social et doit avoir pour but de défendre la liberté naturelle des individus. L'État n'est pas une fin en soi. S'il ne correspond plus à la volonté populaire ou s'il ne respecte pas la justice, il se disqualifie. Locke fonde la doctrine libérale de l'État et l'idéologie du laisser-faire.

Quelques pensées sur l'éducation (1693)
Puisque notre esprit se forme par l'expérience et l'entraînement, l'éducation consiste à inculquer d bonnes habitudes aux enfants. La maîtrise de soi e la principale de ces habitudes.

Le christianisme raisonnable (1695)
Ce traité est un plaidoyer en faveur d'une foi simple et pure, à la fois «naturelle» et fondée sur les Écritures, débarrassée de tout dogmatisme théologique et indépendante de toute Église.

EPOQUE

Empirisme versus rationalisme
Le xviie siècle est dominé par le rationalisme cartésien. Descartes pense, comme Platon, que la raison peut accéder à la connaissance en dehors de l'expérience, en vertu des idées innées. Mais les erreurs de Descartes en physique et la supériorité de Newton dans ce domaine montrent la nécessité de tenir compte des données de l'expérience pour établir des connaissances sûres. L'empirisme, ou philosophie de l'expérience, domine la philosophie dès la fin du xviie siècle.

La liberté politique
Le xviie siècle est en Angleterre une période de guerre civile chronique, alimentée par les conflits entre, d'une part, les ligues et protestants et, d'autre part, le parlement et le roi. Pour Locke, qui a souffert personnellement de ces troubles, la liberté politique est essentielle. Il défend la tolérance religieuse, le «droit naturel» des hommes à la liberté et la séparation des pouvoirs.

APPORTS

Médecin de formation, Locke est l'initiateur de l'empirisme. Cette doctrine, selon laquelle nos connaissances ne pro viennent que de l'expérience, influencera tout le XVIIIe siècle. Il est aussi l'un des premiers théoriciens de la liberté politique.

La théorie de la connaissance. Analysant l'esprit humain pour déterminer ce que nous sommes en mesure de connaître, Locke conclut que toutes nos connaissances proviennent des sens. Il inaugure ainsi l'empirisme qui influencera toute la philosophie du siècle des Lumières.

La liberté politique. Locke considère que les hommes naissent libres et égaux et que le rôle du pouvoir politique, institué par un pacte social, est de défendre ces «droits naturels» des individus. Sa réflexion est à la base du libéralisme politique et traverse tout le XVIIIe siècle.

La tolérance religieuse. Refusant le dogmatisme des Églises et la confusion entre pouvoir politique et religieux, Locke affirme que toute religion est légitime tant qu'elle ne porte pas atteinte à la liberté civile. Il défend ainsi la laïcité de l'État et la liberté de culte.


Postérité-actualité. Locke influence toute la pensée du XVIIIe siècle, tant du point de vue de la théorie de la connaissance que de la pensée politique. Montesquieu reprendra le principe de la séparation des pouvoirs, Voltaire verra en lui le héraut de la tolérance, Rousseau s'inspirera, en la critiquant, de l'idée du pacte social. Hume et Kant tireront les conséquences de sa réflexion sur les limites de la connaissance humaine. Quant à son plaidoyer pour la tolérance religieuse, il devrait être rappelé à chaque époque.

LOCKE John. Philosophe anglais. Né à Wrington, près de Bristol (Somersetshire) le 29 septembre 1632, mort au château d'Oates (Essex) le 28 octobre 1704. Issu d’une famille puritaine, il fut étudiant à Oxford, d’abord en philosophie, puis en médecine, collabora aux travaux de Boyle et de Sydenham, et ne cessa jamais de s’intéresser au mouvement scientifique de son temps. Dès 1668, il était membre de la fameuse Société Royale de Londres et fit partie, dans la suite, de son conseil de direction. Le célèbre comte de Shaftesbury, qu’il avait connu à Oxford, l'invita à séjourner à Londres et l’attacha à sa personne en qualité de médecin, de conseiller intime et de secrétaire. Il lui conserva ses fonctions quand il devint chancelier. Locke fut donc initié aux affaires politiques et économiques de son pays, et sut ainsi agrandir le champ de ses méditations. C’est pendant l’hiver 1670-71, au cours d’une mémorable réunion d’amis, où l’on discutait sur les principes de la morale et de la religion, que lui apparut la nécessité "de la recherche préjudicielle des possibilités et des buts de l'intelligence humaine". Ce fut l’origine de son œuvre maîtresse, Essai philosophique concernant l’entendement humain , qui compte parmi les plus importantes dans l'histoire de la philosophie. Il y travailla une vingtaine d’années. En 1681, Lord Shaftesbury, inculpé de haute trahison, fut incarcéré; libéré aux acclamations de la foule, il complota de nouveau et dut s’enfuir en Hollande où il devait mourir peu après. Locke s’était retiré à Oxford, mais, devenu suspect, il fut expulsé de l’université, et partit, lui aussi, pour la Hollande où il dut se cacher, car le gouvernement anglais avait demandé son extradition. Plus tard, sur l’intervention de Lord Pembroke (à qui il dédia son Essai) la grâce lui fut accordée, mais il répondit que, ne se sentant pas coupable, il n’avait aucune raison de l’accepter. Il paraît certain qu’il Frit une part active à la préparation de expédition menée par Guillaume d’Orange en 1688, avec laquelle commençait pour l’Angleterre une ère nouvelle de liberté politique.
Locke reprit ses travaux. Il était de santé précaire, et ne vécut au-delà de ce qu’il prévoyait qu’en prenant de grandes précautions. Ce fut pour jouir d ’un climat plus doux qu’il séjourna plusieurs années en France.
Il nota dans ses mémoires des observations intéressantes sur les mœurs et le mouvement d’idées des pays qu’il visita; observations que l’on trouve aussi dans ses lettres qui sont fort nombreuses, et adressées à des personnes de nationalité et de culture les plus diverses. Il fut toujours tolérant et réservé, mais se révéla excellent polémiste quand il eut à se défendre des attaques que ses ouvrages suscitèrent de toutes parts. Ses adversaires étaient surtout ceux qui, en matière de religion et de politique, en étaient restés à la doctrine scolastique. Les idées exprimées dans chacun de ses ouvrages sont en effet révolutionnaires par rapport aux idées traditionnelles d’alors. Ses écrits sont nombreux, et l’on ne peut expliquer qu’il ait pu fournir une telle somme de travail alors qu’il était soumis à un régime rigoureux, sinon par sa grande maîtrise de lui-même, par son calme et sa parfaite sérénité. Il donna plusieurs éditions de son Essai, et dut soutenir à son sujet une longue et intéressante controverse avec l’évêque anglican Stillingfleet. Parmi ses autres œuvres importantes, il faut citer : Du gouvernement et Sur le gouvernement civil , qui parurent la même année (1690), les quatre Lettres sur la tolérance , dont la première est la plus connue, une étude sur la question monétaire : Quelques considérations sur la baisse de l'intérêt, puis Quelques pensées sur l'éducation , qui eurent de très nombreuses éditions, et enfin Le Christianisme raisonnable .
Locke a teinté la pédagogie de libéralisme, comme il l’avait fait pour la politique.
Bien qu’il ait parlé de la formation du gentilhomme anglais, sa conception de l’éducation peut servir de base au développement de tout être humain. Plus délicate a juger est sa position prise en face du problème religieux. Il est hors de doute qu’il se croyait bon chrétien, ainsi qu’en témoigne son ouvrage Paraphrases et notes sur l'Epître de saint Paul aux Galates [A Paraphrase and Notes on the Epistle of St. Paul to the Galatians, 1705], auquel il consacra les dernières années de sa vie, mais sa tendance au rationalisme favorisa les progrès du déisme, et son empirisme conduisit, surtout en France, à l’« illuminisme » du XVIIIe siècle. La mort le surprit au château de Oates, dans les environs de Londres, où il était l’hôte de Sir Fr. Masham dont la femme, fille de Cudworth, était mystique comme son père. Tous deux, très dévoues à Locke, l’assistèrent dans ses derniers moments en lui lisant le livre des Psaumes .

♦ «Locke est l’Hercule de la métaphysique, qui a posé les bornes de l’esprit humain.» Voltaire. ♦ « Locke est le premier qui ait entrepris de démêler les opérations de l’esprit humain, immédiatement après nature, sans se laisser conduire à des opinions appuyées plutôt sur des systèmes que sur des réalités; en quoi sa philosophie semble être, par rapport à celles de Descartes et de Malebranche, ce qu’est l’histoire par rapport aux romans. » Diderot. ♦ « Locke tâtonne, hésite, n’a guère que des conjectures, des doutes, des commencements d’opinion que tour à tour il avance et retire, sans en voir les suites lointaines, et surtout sans rien pousser à bout. » H. Taine. ▼ « Il est le premier qui ait exposé d ’une manière compréhensive la philosophie libérale; il est le plus influent sinon le plus profond des philosophes modernes. » Bertrand Russell. ♦ « L'Indépendance protestante et révolutionnaire de l’esprit de Locke nous donne un avant-goût de Darwin et même de Nietzsche. » G. Santayana.




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