litote
La litote est une figure qui joue sur la caractérisation intensive d’une information dans le discours ; elle est manifestement macrostructurale car elle ne réside point dans la forme même des termes, et est toujours contestable, son interprétation relevant à l’évidence d’un choix culturel du récepteur. La litote consiste à dire moins pour faire entendre davantage, c’est-à-dire à choisir une expression atténuée de manière à renforcer l’information. Elle a donc une orientation de valeur inverse de celle de l’euphémisme, qui cherche à amoindrir l’information. L’exemple le plus fameux de vraisemblablement fausse litote est le Va, je ne te hais point de Chimène à Rodrigue, que l’on a de très fortes raisons vraiment macrostructurales, tout à fait culturelles, de comprendre non figurément. Voici un autre texte, extrait de «Vœu» de Verlaine :
Si que me voilà seul à présent, morne et seul, Morne et désespéré, plus glacé qu ’un aïeul, Et tel qu ’un orphelin pauvre sans sœur aînée. Ô la femme à l’amour câlin et réchauffant, Douce, pensive et brune, et jamais étonnée, Et qui parfois vous baise au front, comme un enfant.
C’est à propos de réchauffant qu’il peut se passer quelque chose ; mais on a dû citer tout l’environnement pour déterminer l’articulation sémantique, comme il est naturel quand il s’agit de figures macrostructurales. La considération de tout ce passage incline à penser qu’il s’agit de bien plus que de réchauffer : «de rendre complètement vie », en réalité, et même sexuellement, l’assimilation au froid des vieillards suivant dans le poème l’évocation voluptueuse de la vie érotique du poète dans sa jeunesse. La tonalité du texte, assez torride au départ, invite à voir ici une manipulation verbale de l’auteur pour faire comprendre au superlatif sa notation, renforçant ainsi à la fois l’homogénéité du contraste avec le tercet précédent et la cohérence avec le premier quatrain (Ah! les oaristys!...). La litote est toujours chargée d’une certaine vibration émotive.
=> Figure, macrostructurale; euphémisme.
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- litote.
- Paul Valéry donne aux écrivains ce conseil: Entre deux mots il faut choisir le moindre. Vous rapprocherez cette boutade de la définition qu'André Gide propose du classicisme: C'est l'art de la litote. Vous vous demanderez quel aspect du classicisme et, d'une façon générale, quelles positions littéraires sont ainsi définis ?
- Litote
- Paul Valéry donne aux écrivains ce conseil : « Entre deux mots il faut choisir le moindre. » Vous rapprocherez cette boutade de la définition qu'André Gide propose du classicisme : « C'est l'art de la litote. » Vous vous demanderez quel aspect du classicisme et, d'une façon générale, quelles positions littéraires sont ainsi définis.