L'isolement des consciences
La reconnaissance immédiate de l'existence d'une pluralité de consciences semble être aujourd'hui d'une terrible banalité. Pourtant l'idée de l'isolement de la conscience a longtemps persisté. Chez Descartes, la vérité première, celle qui résiste à tous les efforts du doute le plus extravagant qu'il soit, c'est le cogito, le « je pense donc je suis ». Je ne suis, au fond, assuré que de la propre existence de ma conscience. Tout le reste est plus qu'incertain. Si je regarde d'une fenêtre des hommes qui passent dans la rue, que vois-je, dit Descartes, « sinon des chapeaux et des manteaux qui peuvent couvrir des spectres ou des hommes feints qui ne se remuent que par ressorts? » ("Méditation seconde"). Chez Leibniz, chaque « monade » n'a ni porte ni fenêtre. Chaque conscience est un monde clos, une intériorité privée, à laquelle les autres n'ont pas accès. Si, chez Descartes et Leibniz, autrui est, en quelque sorte, absent, c'est parce que le champ de la réflexion philosophique est alors occupé par le problème de la recherche de la vérité. D'où l'opposition entre d'un côté le sujet connaissant et, de l'autre, le monde à connaître : confrontation qui exclut la présence d'un tiers, à l'exception cependant de Dieu.
« Monade » signifie, chez Leibniz, la substance simple. Les monades sont unes, simples, toutes différentes. Chaque monade représente tout l'univers de son point de vue. Le modèle sur lequel elles sont conçues est le moi susceptible de représentation consciente.
Liens utiles
- Stendhal parle en ces mots de Julien Sorel dans Le rouge et le noir « L’œil de Julien suivait machinalement l’oiseau de proie. Ses mouvements tranquilles et puissants le frappaient, il enviait cette force, il enviait cet isolement. C’était la destinée de Napoléon, serait-ce un jour la sienne ? »
- "La mode satisfait à la fois le désir de réunion, de communauté avec les autres et celui de l'isolement, de la différenciation. L'individu à la mode se sent différent, original et, en même temps, l'objet de l'approbation du plus grand nombre, qui se conduit comme lui"
- Grèce (1993-1994): Au risque de l'isolement
- Zola écrit qu'il « aurait voulu aplatir le monde d'un coup de [sa] plume », en forgeant des fictions utiles. Pensez-vous que la littérature, en particulier sous la forme de l'apologue, ait le pouvoir d'intervenir sur le monde et sur les consciences pour les transformer, à l'image du forgeron ? Vous répondrez à cette question en un développement argumenté qui prendra appui sur le texte du corpus, ceux que vous avez étudiés en classe et vos lectures personnelles.
- L'isolement