LIRE ET CHOISIR LE SUJET
« Rien ne sert de courir, il faut partir à point ! » La Fontaine
• Lire le sujet
Cela semble aller de soi : en dissertation, il faut lire le sujet. Pourtant de nombreux candidats «ratent » leur dissertation, tout simplement parce qu'ils oublient cette évidence, séduits par un aspect du sujet, obnubilés par l'impression « d'avoir des choses à dire » ou que le sujet leur « tient particulièrement à cœur », voire réjouis parce qu’ils croient avoir déjà traité un sujet voisin en classe. C'est pourquoi il faut se donner le temps (= 5 min) de lire et de choisir son sujet.
Exemple:
Soit le sujet : « La conscience peut-elle errer? ». Martin se réjouit à l’avance : il a bien révisé le thème de la conscience. Il espérait bien que, cette année, il « allait tomber». Il est persuadé qu’il va avoir plein de « choses à dire ». Voilà notre candidat embarqué dans la récitation de ce qu'il sait ou croit savoir sur la conscience. Le jour des résultats, Martin ne comprend pas pourquoi il a eu une note médiocre, voire mauvaise. Et pourtant, rien de surprenant à cela : il a tout simplement oublié de traiter le sujet. Il n’a pas fait face à la question, il n'en a pas analysé tous les termes, il n'a pas vu que dans la question le terme de conscience pouvait renvoyer à la conscience morale et pas seulement à la conscience psychologique étudiée en cours. Il n'a pas cherché à voir ce que « errer » pouvait bien signifier pour une conscience (être dans l’erreur ou être dans l’errance, etc.). Un peu de bon sens et surtout du calme et de la méthode lui auraient évité la désillusion du résultat final.
• Une erreur à ne pas commettre !
Il arrive que certains candidats confondent les sujets qui leur sont proposés, et «inventent» un troisième sujet qui tient des deux questions qui leur ont été posées. Dans le même ordre d’idées, il vaut mieux éviter de se servir du sujet-texte comme matériau pour les sujets-dissertations.
• Comment choisir le sujet?
La plupart des candidats pensent qu’il faut se précipiter sur le sujet qui se rapporte à une notion du programme qu’ils ont mieux étudiée ou que leur culture personnelle leur rend plus familière. Ce n’est pas nécessairement un mauvais critère : après tout, on parle mieux de ce que l’on connaît mieux. Toutefois, cela ne saurait être le seul critère de choix d’un sujet. Tout d’abord, parce que beaucoup de sujets ne recoupent pas de manière immédiate un thème ou une notion du programme. En général, les correcteurs n’aiment pas beaucoup qu’on leur récite les analyses d’un manuel ou les cours de leur collègue, surtout si « tout le monde le fait ».
Ensuite, parce que cela conduit à placer le candidat dans une attitude de remémoration, ce qui risque de nuire fortement à sa capacité de réflexion au présent, s’il est vrai que les deux attitudes peuvent parfois s’exclure. De ce point de vue, la dissertation de philosophie tient davantage de l’exercice de mathématiques ou de physique que de la composition d’histoire ou de géographie. Enfin, le thème risque de faire écran et de vous aveugler en vous faisant oublier la question (cf. ci-dessus les mésaventures de Martin).
Il ne faut donc pas s’angoisser parce que l’on se croit ignorant des questions qui semblent être évoquées à première vue par le sujet. Des sujets apparemment techniques, comme ceux qui ont trait aux mathématiques, aux sciences en général, à l’espace ou au temps, exigent bien moins de connaissances spécialisées qu’on pourrait le penser. A l’inverse, des sujets sur la violence ou le désir, notions à propos desquelles tout un chacun est bien persuadé de savoir quelque chose, peuvent s’avérer au final beaucoup plus délicats à manier. Le bon sujet est souvent celui dont vous voyez le mieux les enjeux et les questions sous-jacentes.
Exemple:
Martin choisit le sujet : « Peut-on tout savoir ? ». En effet, il a en mémoire un certain nombre d’idées sur le caractère perpétuellement inachevé du progrès des sciences. En outre, il a étudié Bouvard et Pécuchet, le roman de Flaubert, en classe de première ; il voit le « profit » qu’il pourra en tirer pour les analyses qu’il compte développer dans sa copie. Enfin, il a étudié en cours, un extrait de la seconde préface de la Critique de la Raison pure de Kant, où il est question des limites du pouvoir de connaître (voir dans le Précis d'histoire de la philosophie, article « Kant»), il se souvient que l’homme ne peut connaître que ce qui peut se présenter dans une expérience, bref la distinction entre phénomènes et noumènes ne lui est pas totalement étrangère. Le choix du sujet est donc bien motivé, à la fois par un intérêt réel et par des connaissances précises, très vite Martin est de plain-pied dans le vif du sujet. Il a déjà senti les différents niveaux auxquels il est possible de le traiter.
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