L’Ingénu de VOLTAIRE

L’Ingénu de VOLTAIRE, 1767, Le Livre de poche.

• Pour promener un regard critique sur la France, Voltaire a choisi les yeux d’un ingénu qui vient du pays des Hurons. Il n'est pas converti aux thèses de Rousseau sur les bons sauvages et la civilisation qu’il a raillées en 1755 (cf. Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes), mais le personnage lui permet une spirituelle mise en scène de ses taquineries ou indignations de philosophe.

• Ce Huron est en réalité un jeune Français du Canada qui, à la mort de son père, a été recueilli et élevé par des Indiens. Débarquant à Saint-Malo, il retrouve par un heureux hasard un oncle et une tante, M. le prieur de Kerkabon et sa sœur, qui vont l’aider à s'adapter à la vie française. Ses étonnements ingénus commencent à propos des rites de son baptême. Ils deviennent de la colère quand il apprend qu’il ne peut épouser Mlle de Saint-Yves parce qu’on a fait d’elle sa marraine. S’étant distingué lors d’une attaque de la flotte anglaise, il se rend à Versailles pour solliciter, au nom de ses services, une dispense en vue de leur mariage et un brevet d’officier. Mais sa franchise lui vaut d’être enfermé à la Bastille à côté d’un janséniste. Et pour le faire libérer, Mlle de Saint-Yves doit se résigner, sur les conseils d'un jésuite, à sacrifier sa vertu à un sous-ministre.

• Ce canevas burlesque fournit à Voltaire l’occasion de confronter la loi naturelle et la loi de convention, mais il n’ouvre pas un véritable débat sur la civilisation, et s’en tient aux bizarreries, aux préjugés, aux malhonnêtetés de la société de son temps : rites religieux, persécutions contre les huguenots, querelles des jésuites et des jansénistes, mesquineries du monde littéraire, corruption des puissants.