L’Immoraliste d'André GIDE
L’Immoraliste d'André GIDE, 1902, Folio.
• Partant de son émancipation morale personnelle (cf. Si le grain ne meurt), Gide a exploré dans ce roman le problème de la liberté.
• Le héros du livre, Michel (l’immoraliste), avoue à des amis où l’a mené sa révolte contre sa première éducation puritaine. Dans la vie de ce jeune bourgeois protestant issu de l’École des Chartes, marié sans amour et qui n’a jamais imaginé d'autre plaisir que la recherche historique, tout a été bouleversé par un voyage en Tunisie au cours duquel il s’est révélé atteint de tuberculose. Le climat de Biskra et les soins de Marceline, sa femme, le sauvent et, dans la douceur de l’oasis, sa convalescence prend l'allure d’une résurrection. Avec un appétit de sensations qu'il avait ignoré jusqu’alors, il découvre la nature et apprend à goûter les plaisirs de l’instant à l’exemple des enfants arabes dont il cherche la compagnie. Au cours d'un voyage en Sicile, dont seule la sensualité païenne l’intéresse désormais, il achève de secouer toutes les contraintes pour restaurer l’être authentique, le « vieil homme», celui dont ne voulait plus l’Évangile (1re partie). De retour en France, il ne peut se plier aux conventions de son milieu d’origine, se plaît à encourager le braconnage sur ses propriétés et flatter la veulerie et les vices de ses ouvriers. L’exemple de Ménalque, un ami qui a rompu toute attache au nom de la libre découverte de soi, l'incite à reprendre ses voyages sous prétexte de soigner sa femme, gravement malade à son tour (2e partie). Il l’entraîne vers l’Italie, vers la Sicile, tout en sachant que cette agitation l’épuise : Mais étais-je maître de choisir mon vouloir? de décider de mon désir? Consciente qu’elle le gêne et qu’il pense seulement à lui-même, Marceline se laisse persuader de retourner en Afrique du Nord. Elle meurt à Touggourt, à la fin d’une nuit où il l’a abandonnée pour les plaisirs clandestins de l’oasis. Maintenant affranchi de toute contrainte, Michel avoue son inquiétude : Je me suis délivré, c’est possible, mais je souffre de cette liberté sans emploi (3e partie).
• Gide s'est toujours vivement défendu d’être Michel et a même demandé qu’on sache découvrir dans son livre la critique latente de l'anarchie (lettre du 19 mai 1911). Que son héros traduise ses tentations secrètes est néanmoins bien évident : Que de tentations nous portons en nous [...] qui n'écloront jamais que dans nos livres... Celui-ci, dans la pensée de Gide, ne doit pas être séparé de La Porte étroite : [...] ils se font pendant, se maintiennent; c’est dans l'excès de l’un que j'ai trouvé pour l'excès de l’autre une sorte de permission (Œuvres complètes, Feuillets).
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