LIMITE
LIMITE, n.f. ♦ 1° Ce qui sépare deux lieux contigus, ou bien ce qui marque la fin du lieu considéré. Par analogie, ce qui sépare deux durées qui se succèdent. Par métaphore, point que ne peut pas franchir une action (limite de la puissance, limite de notre connaissance). En ce troisième sens, une limite peut être actuelle (et provisoire) ou essentielle et nécessaire. En tous ces cas, la limite n'est pas un être réellement existant, mais un rapport (rapport entre lieux, durées, ou rapport à un être) ; il en va de même dans les cas 2° et 3° ci-après. ♦ 2° Passage à la limite, situation limite. Point théorique (mais irréel) extrême d'un progrès. À la limite : supposition que le terme d'un progrès indéfini soit atteint. ♦ 3° Mathématiques. On appelle limite une grandeur dont une grandeur variable peut approcher indéfiniment, sans pouvoir jamais l'atteindre (par exemple, une hyperbole tend indéfiniment vers une droite, qui est son asymptote).
LIMITE
Terme utilisé par Kant, qui caractérise le noumène comme un « concept limite » dans la mesure où il rappelle que les prétentions de la connaissance sensible doivent être limitées aux objets que nous pouvons effectivement connaître en fonction des conditions de notre connaissance. On peut, en utilisant une expression empruntée aux mathématiques, admettre avec certains psychologues que la formation d’un concept s’effectue par un « passage à la limite » qui s’appuie sur la multiplicité des expériences. On nomme, depuis Jaspers, « situation limite » toute situation qui met en jeu la possibilité même d’un sujet à penser, dans quelque sens que ce soit (naître, devoir mourir).
limite, ligne qui marque la fin d'une étendue. || Borne d'une action, d'un pouvoir. — C'est Kant qui a défini la philosophie comme une critique de notre connaissance, c'est-à-dire une pensée de ses limites : la connaissance ne peut s'exercer dans le vide, il lui faut un objet réel ; c'est pourquoi il n'y a pas de connaissance métaphysique. Fichte a élargi cette recherche et déterminé les limites ultimes de la « pensée » réflexive et philosophique. On distingue, en toute rigueur, la limite, qui est une limitation de droit (en ce sens, la philosophie kantienne est une « pensée des limites » [en allem. Grenze]), et la borne (en allem. Schranke), qui est une limitation de fait, accidentelle et susceptible d'être dépassée.
LIMITE (n. f.) 1. — Ce qui sépare deux portions d’espace ; par anal., ce qui borne une étendue, un temps, une fonction. 2. — Extension extrême d’une étendue, d’une faculté, sans que pour autant on ait à concevoir quelque chose qui lui serve de borne ; en ce sens, Kant oppose limite à borne. 3. — (Math.) Un nombre A est la limite d’une série croissante S, si, quel que soit ∑ aussi petit que l’on veut, il existe toujours un nombre B appartenant à S, tel que A - B < ∑.