Liebknecht, Wilhelm (Giessen 1826-Charlottenburg 1900) ; homme politique allemand.

Liebknecht, Wilhelm (Giessen 1826-Charlottenburg 1900) ; homme politique allemand. Fils d'un archiviste, L. est prédestiné par tradition familiale à devenir fonctionnaire. C'est pourquoi il étudie à partir de 1842 la philologie, la théologie puis la philosophie successivement à Giessen, Berlin et Mar-bourg, dans le but de devenir professeur d'université. Mais dès ses années de lycée à Giessen, il se familiarise avec la pensée de Saint-Simon ; il change alors radicalement de projets et abandonne ses études. À l'automne 1848, il participe au soulèvement du pays de Bade ; il est interné neuf mois en prison, puis s'exile en Suisse. De Genève, il s'efforce de créer une organisation unitaire du mouvement ouvrier allemand. Expulsé de Suisse en 1850, il se réfugie d'abord en France puis en Angleterre où il fait la connaissance de Marx et d'Engels. Il s'inscrit à la Ligue communiste. Il devient un marxiste, plus en raison de son amitié pour Karl Marx que par une compréhension profonde de sa pensée dialectique, qui lui reste assez étrangère. Il rentre en Allemagne grâce à l'amnistie consécutive au couronnement de Guillaume Ier. En 1862, il entre à la rédaction du grand journal démocrate Nord-deutsche Allgemeine Zeitung, mais il s'en sépare bientôt, car cet organe soutient la politique de Bismarck. Il fait alors partie de l'Association générale allemande des travailleurs dirigée par Lassalle. Mais il entre en conflit avec Lassalle et son successeur von Schweitzer, ce qui conduit en 1865 à une rupture. L. prend la tête d'une opposition interne et apparaît plus comme un démocrate bourgeois que comme un socialiste marxiste. Expulsé de Prusse, il fonde en Saxe une Union ouvrière avec l'aide du jeune tourneur Bebel, qui subit son influence, et il dirige le parti du peuple. Comme homme politique et journaliste, L. lutte avec acharnement contre la politique prussienne. En 1867, il est élu au Reichstag d'Allemagne du Nord comme député du parti du peuple de Saxe. Dans la mesure où il considère seulement ce Parlement comme le « champ de bataille contre la Ligue d'Allemagne du Nord » - celle-ci n'étant qu'un instrument de la « division, de l'asservissement et de la faiblesse de l'Allemagne » -, L. s'oriente dans une direction radicalement antiparlementaire et antiétatique, attitude qui portera ensuite tort à la social-démocratie, puisque L. reporte son aversion de la ligue d'Allemagne du Nord sur le Reich fondé en 1871. En 1869, il fonde avec Bebel à Eisenach le parti social-démocrate d'Allemagne ; en même temps, le parti du peuple est dissous. L'influence de L. sur le parti ne cesse de croître. De 1869 à 1875 à Eisenach, il contribue au journal du mouvement, le Volkstaat, puis de 1876 à 1878 au Vorwàrts, organe central du parti. De 1891 à sa mort, il est le rédacteur en chef du Vorwàrts. Il joue un grand rôle aussi bien au sein de la fraction parlementaire qu'à la direction du parti. En 1889, il participe encore activement à la fondation de la IIe Internationale, mais son influence décline ensuite rapidement. Pendant les années de lois anti-socialistes, il retourne en prison, ce qui augmente sa gloire de vieux révolutionnaire. Après 1890, il est dépassé par Bebel et Kautsky ; la politique du SPD ne porte plus sa marque. Ses funérailles donnent lieu à une manifestation grandiose ; le cercueil de l'ancien quarante-huitard est accompagné par des dizaines de milliers de fervents sociaux-démocrates depuis Charlottenbourg jusqu'au cimetière de Friedrichsfelde.