Libre association (méthode de)
Libre association (méthode de) Méthode constituant la règle fondamentale de la cure psychanalytique qui consiste pour le patient à dire tout ce qui lui vient à l’esprit sans discrimination. Il est remarquable de noter que cette méthode fut imposée à Freud par une de ses patientes. Elle remplacera la méthode cathartique et Freud l’utilisera pour l’analyse de ses propres rêves qu’il publiera dans L'Interprétation des rêves. Le terme de «libre» a souvent été discuté dans cette expression. Il indique simplement l’abstinence de l’analyste. Car ces associations ne sont pas libres puisqu’elles sont réglées par un ordre inconscient.
Ce que le psychanalyste propose, en tout et pour tout, à son client c’est « d’associer librement ». C’est-à-dire de lui faire part de ses pensées, telles qu’elles se présentent, et au moment où elles viennent à l’esprit : sans choix, sans réserve, sans jugement, sans réticence. Ce faisant, il lui propose d’appliquer la méthode qui a permis de lever l’énigme du rêve et qui fut au principe de la « cure de paroles » dont est sortie la psychanalyse après abandon de l’hypnose. La liberté de l’association psychanalytique concerne donc la mise entre parenthèses des usages, conventions, convenances et « censures » habituelles du discours. La levée des exigences qui président aux modes traditionnels de la communication, associée à l’injonction du tout-dire et du « non agir », définit de fait la règle fondamentale de la cure. Le Sujet doit laisser surgir ses idées (représentations, sentiments, impressions), sans contrainte ; il doit en faire le compte rendu, tel quel.
1. Pour autant que l’analysant franchit, avec l’aide du psychanalyste, les résistances qui viennent bientôt s’opposer de façon plus ou moins massive à la réalisation de ce projet, pour autant qu’est donc respectée la règle fondamentale, l’expérience montre que les thèmes (les « associations ») rapportés après l’abandon de la direction volontaire et réflexive de la pensée, s’organisent (« s’associent ») selon certaines lignes de force privilégiées. L’intention consciente laisse donc place alors à une intention « inconsciente » qui structure le « discours associatif » selon des réseaux complexes mais significatifs. S’y font jour régulièrement des désirs, des transferts (de sentiments, d’objets), des angoisses, des émois, des jugements, des réminiscences, etc. : toutes expressions qui se montrent reliées, articulées (« associées ») sur un ou plusieurs points, et selon des interférences et des déplacements ou liaisons variables, pour former des unités de sens.
2. C’est dans l’écoute de « l’association libre », mais dans la mesure où elle laisse entendre en réalité un déterminisme d’implication (où tout soi-disant hasard associatif trouve possiblement élucidation et surdétermination), que le psychanalyste construit et propose ses interprétations, au moins quand le développement suffisant du rapport affectif le permet... ou l’exige. L’expérience psychanalytique est la vérification permanente que « l’association libre » est la voie royale par laquelle se révèlent les « idées latentes » qui sous-tendent l’insistance des symptômes manifestes.
La technique psychanalytique se fonde, entre autres, sur la méthode de l’association libre, qui consiste, pour l’analysant, à exprimer à haute voix tout ce qui lui passe par l’esprit. C’est parce que cette règle est impossible à tenir qu’elle est révélatrice : les silences, les résistances sont autant de signes de la censure* qui s’exerce sur le sujet de parole. Freud justifie l’emploi de cette technique dans Ma vie et la psychanalyse : « Il peut sembler surprenant que cette méthode de la libre association [...] soit capable d’accomplir ce qu’on attend d’elle, c’est-à-dire de ramener à la conscience le matériel refoulé et maintenu tel par des résistances. Mais il faut considérer que l’association libre n’est en réalité pas libre. Le patient demeure sous l’influence, de la situation analytique, même lorsqu’il ne dirige pas son activité mentale sur un thème déterminé. »
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