LIBERTÉ
Dans l'Ancien Testament, la liberté est l'indépendance face aux oppressions. Libéré du servage, le peuple hébreu se lia volontairement par une alliance avec le Seigneur. Celui-ci laisse cependant à chacun la liberté de choisir son mode d'existence. Cette liberté s'accompagnant d'une totale responsabilité d'actions car Vois : je mets aujourd'hui devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur... Tu choisiras la vie afin que tu vives (Deutéronome 30,15-20). Dans le Nouveau Testament, liberté signifie indépendance dans le monde et maîtrise de ses pulsions. Paul (Romains 8, 13) assure que la liberté c'est Dieu, le règne de l'esprit amenant la libération de la chair. Pour Jean (chapitre 8,32), cette libération n'est possible que par la connaissance de la vérité.
Liberté
1 Sur le plan philosophique et moral : capacité d’agir volontairement en dehors de toute détermination étrangère.
a) Problème philosophique de la nature de la liberté : cf. Destin, Mal, Providence. - Interprétation chrétienne : la liberté humaine a besoin du soutien de la grâce divine, thèse interprétée avec la plus extrême rigueur par les jansénistes (cf. Jansénisme). - Liberté et déterminisme d’un point de vue matérialiste : Diderot, Le Rêve de d’Alembert, Jacques le Fataliste; Gide, Les Caves du Vatican (l’«acte gratuit» de Lafcadio). Interprétation existentialiste : la liberté est dans la prise de conscience et dans l’action (cf. Engagement) : Camus, Le Mythe de Sisyphe; Sartre, La Nausée (liberté encore sans emploi), Les Mouches (liberté et action), Huis clos, Le Diable et le Bon Dieu (responsabilité); Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée.
b) Problème moral de l’usage de la liberté : cf. Individualisme, Immoralisme, ‘Révolte, ‘Libertin, ‘Honneur, Humanisme, ‘Progrès, Solidarité. L’humanisme oriente la liberté vers la conquête de biens matériels et moraux qui soient au service de l’homme.
2 Sur le plan politique et social.
a) Liberté des personnes, libertés individuelles et collectives de pensée, d’opinion, d’expression, d’association : cf. Esprit critique, Fanatisme, Tolérance, Justice, Démocratie, République, Esclavage.
b) Liberté nationale : cf. Patrie, ‘Résistance, ‘Révolution. Lutte pour l’indépendance nationale : Stendhal, La Chartreuse de Parme; Hugo, Les Orientales.
LIBERTE (n. f.) A | (Morale et pol.) Absence de dépendance par rapport à autrui. 1. — Indépendance, fait de choisir soi-même ses activités, ses lois ; Syn. autonomie, auto-détermination. 2. — Absence d’entraves et de contraintes externes, dues à la société, aux lois (sens 1). 3. — Droit ; la liberté civile ou politique est, en ce sens, l’ensemble des droits définissant le citoyen (on réfère parfois la liberté civile au droit du citoyen, et la liberté politique au droit du peuple). Rem. : on relie souv. ce sens à l’idée que la dépendance par rapport à la loi assure l’indépendance par rapport à autrui : « La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent ; et si un citoyen pouvait faire tout ce qu ’ elles interdisent, il n’y aurait plus de liberté, parce que les autres auraient tout de même ce pouvoir » (Montesquieu) ; on fait souv. remarquer auj. que la liberté civile définie par l’égalité des droits est insuffisante si elle ne s’accompagne pas de l’égalité des chances. B | Absence de causes : 4. — Absence de causes externes ; fait d’agir d’après les déterminations de sa seule nature ; d’après les résultats d’un processus conscient de réflexion, de libération ; d’après sa volonté. Rem. : en ce sens, la liberté ne s’oppose pas à la nécessité (cf. Spinoza, Hegel). 5. — Fait d’être soustrait au déterminisme, qu’il soit naturel (class.) ou sociologique (auj.) ; fait, pour la volonté ou le sujet, d’être la cause absolue de ses actes. Rem : ce sens n’implique pas l’absence de raisons, de motifs. 6. — Fait de pouvoir décider d’une action en l’absence de déterminations psychologiques (motifs, raisons) ou contre ces déterminations ; Syn. liberté d’indifférence : cf. le libre arbitre cartésien. Rem. : le sens 6 suppose le sens 5, et tous deux impliquent la contingence des actes humains. C | Sentiment. 7. — Sentiment d’agir à sa guise : « On appelle liberté le rapport du moi concret à l’acte qu’il accomplit ; ce rapport est indéfinissable » (Bergson). D | 8. — Par ext., on qualifie de libre un objet matériel, un processus quelconque lorsqu’il est soustrait à un déterminisme défini par ailleurs : la chute libre. 9. — (Phys. math.). On appelle degré de liberté d’un système chacune de ses dimensions.