LIBER, LIBERTÉ, LIBITINA, LICHAS, LICYMNIOS, LINOS, LOTOPHAGES, LYCAON
- LIBER. Cette divinité archaïque de l'Italie centrale, qui ne possédait pas de mythologie propre, et sa parèdre Libera présidaient à la culture de la vigne et à la fertilité des champs. Aussi furent-ils assimilés sans difficulté à Bacchus, dieu du Vin, et à Cérès, déesse du Blé.
- LIBERTÉ. Cette divinité allégorique fut créée pour les besoins de la politique impériale romaine. Associée à Jupiter, elle fut vénérée principalement sur l'Aventin; on lui donna l'aspect d'une femme coiffée d'un bonnet phrygien, attribut révolutionnaire de portée universelle, et tenant dans une de ses mains une branche de laurier.
- LIBITINA. Cette très vieille divinité romaine du monde souterrain ne possède ni légende ni mythe. On la préposait aux cérémonies funéraires, dont elle assurait le bon déroulement. Aussi, la confondit-on bien vite avec la déesse de la Mort Proserpine. Par suite d'une étymologie erronée, on la rapprocha de Libido (la Passion), et elle devint une auxiliaire de Vénus.
- LICHAS. Compagnon d'Héraclès, Lichas fut chargé par Déjanire d'apporter la tunique de Nessus à son maître, qui devait la revêtir au moment d'accomplir un sacrifice à Zeus. L'ayant mise, Héraclès sentit tout son corps se consumer. Fou de douleur, renversant les autels, déracinant les arbres, il injuria Lichas, terrifié, qui tenta de se disculper. Héraclès ne l'écouta pas, le saisit par un pied, le fit tournoyer au-dessus de sa tête et le précipita dans la mer Eubée. Là, le malheureux fut métamorphosé en îles rocheuses, les Lichades.
- LICYMNIOS. Fils d'Électryon et d'une esclave, Média, Licymnios accompagna, après la mort de son père, Amphitryon et sa demi-sœur Alcmène à Thèbes, où il se maria avec Périmédé, sœur d'Amphitryon, qui lui donna trois fils, Œnos, Argéios et Mélos, qui accompagnèrent tout trois Héraclès dans quelques-unes de ses expéditions. Le premier fut tué à Sparte par les fils d'Hippocoon; les deux autres furent massacrés au cours d'un raid en Œchalie, contre le roi Eurytos. Après la mort d'Héraclès, dont il était l'oncle, Licymnios fut pourchassé, avec les Héraclides, par Eurysthée et tenta de s'installer, en vain, dans le Péloponnèse. On raconte que Tlépolémos, un Héraclide, voulut battre une de ses esclaves avec un bâton, mais frappa par mégarde Licymnios, qui s'était interposé, et le tua.
- LINOS. Il semble qu'à l'origine le Linos soit une sorte de chant de deuil. Mais, peu à peu, le Linos s'est personnifié. Suivant une tradition d'Argolide, Psamathé, la fille du roi Crotopos, avait eu d'Apollon un fils, Linos. Craignant le courroux de son père, elle exposa l'enfant. Des bergers le recueillirent, mais, peu après, il fut dévoré par des chiens. Psamathé ne put cacher sa douleur et découvrit ainsi sa faute. Furieux, son père la fit mettre à mort. Ce double crime entraîna la colère d'Apollon, qui châtia la cité d'Argos en envoyant une Harpye, puis la peste. Interrogé, l'oracle de Delphes ordonna aux Argiens d'établir un culte à la mémoire et en l'honneur de Linos et de Psamathé : aussitôt, I'épidémie cessa. — En Béotie, une autre légende donnait à Linos une Muse pour mère. Excellent musicien, il avait été chargé d’instruire Héraclès. Mais un jour que Linos s’était permis de réprimander son élève indocile, le héros tua son maître. On racontait encore que Linos avait eu l’imprudence de rivaliser avec Apollon en prétendant qu’il jouait mieux de la lyre que le dieu. Ce dernier, courroucé, l’aurait tué pour le punir de son insolente vanité.
- LOTIS. Cette nymphe parvint toujours à échapper au dieu Priape, qui cherchait à la séduire par surprise; elle fut ainsi sauvée par le broiement de l’âne de Silène, qui lui permit de s’enfuir au moment où le dieu s’approchait d’elle. Un jour où elle allait succomber à Priape, elle se métamorphosa en un arbuste, le lotus.
- LOTOPHAGES. Ce peuple fabuleux, que les Anciens identifièrent avec les populations de l’Afrique du Nord-Est, avait I’étrange originalité de se nourrir exclusivement d’un fruit, le lotus, au goût savoureux de miel et de fleurs pilées. A quiconque débarquait sur leurs terres, comme le firent un jour Ulysse et ses compagnons, ils offraient cet aliment inconnu, dont la saveur était si fine, si délicate que les nouveaux venus, enchantés, oubliaient leur patrie et se refusaient à quitter une contrée dispensatrice d’une telle euphorie. Devant ce danger, qu’il n’avait point prévu, Ulysse dut user de la force pour contraindre ses compagnons à rejoindre leurs embarcations et à reprendre la mer en direction de leur patrie.
- LUA. On consacrait à cette divinité primitive de l’Italie le butin de guerre et les armes capturées aux ennemis au cours des batailles. Comme elle côtoyait les guerriers morts, on la plaçait parfois au nombre des divinités infernales, sous le nom de Lua Saturni.
- LUCIFER. Dieu-astre des Romains, identifié avec le Phosphoros des Grecs, Lucifer (« porteur de la lumière ») annonce I’Aurore, dont il est le fils. On lui connaît d’autres noms, qui tous désignent l’Etoile du matin : Hespéros, Héosphoros. Il est le père de Céyx, et de Daedalion, père de Chioné. Lucifer est aussi le surnom porté par les principales divinités de la Lumière.
- LUPERCUS. Cet ancien dieu italien, ami des bergers et protecteur des troupeaux contre les loups, fut vite assimilé par les Romains à Faunus, puis, après la conquête de la Grèce, au Pan arcadien. La fête des Lupercales était célébrée en son honneur pour prévenir la stérilité féminine.
- LYCAON. 1° Fils de Pélasgos, Lycaon, roi d’Arcadie, et ses cinquante fils étaient réputés pour leur impiété. Zeus décida de leur rendre visite sous l’apparence d’un pauvre paysan. Lycaon, pour savoir si cet étranger, à sa table, était un dieu, eut l’effronterie de lui servir des mets mélangés à de la chair humaine. Zeus, indigné, repoussa au loin la table du festin, foudroya tous les fils du roi, sauf Nyctimos, qui monta sur le trône, et changea en loup Lycaon. Selon une légende, Lycaon était également le père de Callisto, qui devint la constellation de l’Ourse. 2° Fils de Priam, un autre Lycaon fut surpris dans le jardin de son père par Achille, qui le fit prisonnier. Patrocle vendit Lycaon à Lemnos, mais Eétion d'Imbros le racheta, et le prince regagna secrètement Troie pour périr de la main même d’Achille douze jours plus tard.
- LYCOMÈDE. Roi de l’île de Scyros, Lycomède reçut Achille qui, déguisé en femme, tentait, sur les conseils de sa mère Thétis, de ne pas partir pour Troie. Là, Achille eut de Déidamie, la fille de Lycomède, un fils célèbre, Néoptolème. On retrouve ce roi dans la légende athénienne sur Thésée. Quand le héros parvint à Scyros, Lycomède le reçut avec beaucoup de faste. Mais craignant que son hôte ne Iui ravît son royaume, iI le fit monter en haut d’une falaise et le poussa dans le vide.