L’Homme qui rit de Victor HUGO
L’Homme qui rit de Victor HUGO, 1869, G.-F.
• Ce roman, dont le vrai titre, selon Hugo, serait L’Aristocratie (Préface), était, dans les projets de l’écrivain, le premier d’une trilogie comprenant aussi un livre intitulé La Monarchie, jamais écrit, et Quatrevingt-Treize, publié en 1874. Hugo voulait affirmer trois idées : Espérance, Liberté, Progrès, et justifier l’accomplissement de la Révolution.
• L’action se déroule en Angleterre, après la Révolution de 1688 qui a chassé Jacques II, sous les règnes de Guillaume III (1689-1702) et d’Anne Stuart (1702-1714). Fuyant le pays par mer, des comprachicos, c’est-à-dire des marchands d’enfants, abandonnent sur le rivage un garçon de dix ans qui a été défiguré de manière à sembler toujours rire. Pris dans une tempête, ils confient à la mer, dans une gourde, l’aveu de leurs forfaits. Durant la même nuit, l’enfant abandonné découvre sous la neige une petite fille encore vivante entre les bras de sa mère morte de froid, puis trouve asile dans la roulotte d’un saltimbanque. Cet homme, qui se fait appeler Ursus, est une sorte de philosophe misanthrope. Avec pour compagnon un loup qu’il a nommé Homo, il donne le spectacle et vend des drogues. La petite fille est aveugle. Ursus la baptise Dea. Le garçon garde son nom, Gwynplaine. Ursus élève ces enfants qui s’aiment d’un amour pur. Ils ont leur rôle dans les spectacles dont l'homme qui rit fait le succès. Le chariot-théâtre d’Ursus, la Green-Box, arrive un jour à Londres. Le destin de Gwynplaine s’en trouve bouleversé : il passe dans le monde de l’aristocratie et de la cour. Hugo peint ce milieu au moyen de quelques figures : lord David, fils naturel de lord Linnoeus Clancharlie, et la duchesse Josiane, fille naturelle de Jacques II, qui doivent un jour s'épouser ; la reine Anne ; un intrigant de basse extraction, Barkilphedro, à qui la mer fournit tout à coup un moyen. En effet, la gourde jetée à la mer par les comprachicos apporte la preuve que l’homme qui rit est le fils légitime de Lord Linoeus Clancharlie. Gwynplaine est rétabli dans son héritage; c’est à lui, le monstre, que la duchesse Josiane, symbole de la beauté charnelle, est maintenant destinée par la reine : terrible tentation pour Gwynplaine, mais que la pensée de Dea - figuration du domaine de l’âme - lui permet, pour finir, de surmonter. Redevenu lui-même, Gwynplaine intervient à la Chambre des lords afin de demander justice pour le peuple, mais il déchaîne le rire des privilégiés par ses propos et son visage. Il s’enfuit et, grâce au loup Homo, retrouve Ursus et Dea au moment où, chassés de Londres et le croyant mort, ils s’embarquaient pour la Hollande. Dea, minée par le chagrin, meurt dans ses bras. Pour la rejoindre, Gwynplaine s’engloutit dans la mer.
• Comme à son habitude, Hugo agit à la fois en historien, en philosophe et en poète. Il met une prodigieuse virtuosité verbale au service d’un système de symboles qui traduisent ses convictions morales et sociales, sa vision de l’histoire et ses intuitions sur le conflit de la matière et de l’âme.
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