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L'histoire a-t-elle un sens ?


La notion de philosophie de l'histoire apparaît au xviiie siècle. Le temps linéaire est devenu l'élément constitutif de la réalité humaine. La réalité du devenir humain est considérée comme un tout ou une unité. Certains philosophes pensent que l'histoire a une rationalité et une finalité.

1. La finalité de l'histoire

Les philosophies de l'histoire veulent démontrer qu'au-delà de l'incohérence, du chaos des événements du monde, se cachent un ordre rationnel et une finalité cachés qu'il s'agit de trouver. La plupart de ces philosophies reposent sur une vision optimiste de l'homme capable de se perfectionner — exception faite de Rousseau qui n'adhère pas à l'idéologie du progrès même s'il partage l'idée de la possibilité du bonheur. Nous sommes au siècle des Lumières : les découvertes scientifiques, techniques, l'émergence de la révolution industrielle, les explorations de territoires riches et inconnus, permettent d'espérer un avenir meilleur. L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert en est un exemple, et Condorcet envisage l'humanité comme une marche vers la perfection.

2. L'histoire n'est pas l'oeuvre des hommes
Premier philosophe à fonder rationnellement une philosophie de l'histoire, Hegel distingue trois manières de l'écrire :
— l'histoire originale ou chronologique, celle des témoins directs, comme Hérodote ou Thucydide ;
— l'histoire réfléchissante ou réfléchie, celle des historiens qui veulent rendre vivant le passé et qui adoptent une attitude critique. Ils divisent l'histoire en histoire de l'art, du droit, de la religion, etc. ;
— l'histoire philosophique, histoire qui refuse la fragmentation et se situe dans l'universel, l'intemporel, celle de l'Esprit qui se réalise à travers elle. La clé de la compréhension de l'histoire se trouve dans la philosophie.
C'est la Raison qui gouverne le monde, suivant un ordre logique, rationnel. Le devenir historique est dialectique : l'histoire est faite de ruptures, de contradictions dépassées qui réalisent progressivement l'Esprit absolu, qui règne sous l'apparence du chaos. Derrière les passions des individus, les conflits d'intérêts particuliers, c'est la Raison qui agit et mène le jeu. Sans le savoir, les hommes servent le grand dessein de l'Esprit. C'est ce que Hegel appelle « la ruse de la Raison ». L'homme n'est qu'un instrument au service de la Raison. Les grands hommes historiques, César ou Napoléon, sont précisément ceux dont l'intérêt particulier sert une fin plus haute : « la réalisation de l'Esprit universel ».
L'histoire n'est pas l'oeuvre des hommes. Seul le philosophe, à la fin de l'histoire, est capable d'en déchiffrer le sens caché et de la saisir dans sa totalité.
La philosophie de l'histoire hégélienne comporte un danger : celui de tout justifier. Tout ce qui arrive, arrive pour permettre à la Raison de se réaliser totalement. Est-il possible de justifier les génocides ?

3. Marx : ce sont les hommes qui font l'histoire

Si pour Hegel, c'est l'Idée (Raison, Esprit) qui gouverne le monde, pour Marx et Engels, ce ne sont pas les idées qui font l'histoire mais les hommes, le travail humain aux prises avec la matière. Les faits économiques et la lutte des classes conditionnent le devenir historique.
Le matérialisme historique est à la fois une théorie et une pratique :
— une théorie : il s'affirme comme science de l'histoire et non plus comme simple philosophie de l'histoire, d'où la célèbre formule : « Les philosophes n'ont fait jusqu'ici qu'interpréter le monde de différentes manières, il s'agit maintenant de le transformer » ;
— une pratique : la lutte des classes fait avancer l'histoire et transforme le monde. Elle est moteur de l'histoire. La révolution prolétarienne sera la dernière révolution et instaurera une société sans classes, sans conflits, une société d'abondance. L'homme deviendra enfin libre. Aucune société, aucun État n'a jusqu'à ce jour réussi à mettre en place cette belle idée. Le philosophe et épistémologue Karl Popper, proche des idées marxistes dans sa jeunesse, fait cette critique : le discours marxiste n'est pas un discours scientifique car il développe un ensemble d'énoncés théoriques qui fonctionne en système clos, tout comme la psychanalyse. Popper milite pour une pensée et une société ouverte, et voit dans la philosophie de Platon, de Hegel et de Marx, les origines du totalitarisme contemporain.

Mots clés/Mots repères

Matérialisme historique; idéalisme historique.
Universel/Général/Particulier/Singulier; Idéal/Réel; Objectif/Subjectif.

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