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L’Heptaméron de Marguerite de NAVARRE

L’Heptaméron de Marguerite de NAVARRE, 1559 (posthume), G.-F.

• Recueil de soixante-douze nouvelles, organisé comme le Décaméron de Boccace (1313-1375) dont l’auteur, qui est la reine de Navarre, sœur de François Ier, imite le titre : dix voyageurs arrêtés par les hasards d'une crue se divertissent en contant des histoires à raison de dix par jour. Le recueil s’interrompt au début de la huitième journée.

• Selon les lois du genre, Marguerite de Navarre ne s’interdit pas les contes gais dont l’inconduite des moines et des prêtres fait souvent les frais, comme chez Boccace; toutefois, personnellement gagnée au platonisme et à la spiritualité évangélique, elle institue aussi des controverses morales sur l’amour et la vie galante, dans lesquelles les devisants s’affrontent suivant leur tempérament. Leurs noms étranges dissimulent Marguerite elle-même (Parlamente), sa mère, Louise de Savoie (Oisille), son mari, Henri d’Albret (Hircan), l’évêque de Séez (Dagoucin) et d’autres personnages du même monde. Contre le réalisme gaulois d’Hircan et de Saffredent (Epilogues des nouvelles VIII, XII et LXX), Dagoucin et Parlamente défendent la recherche de la parfaite et honnête amitié. Leur conception idéale de l'amour est inspirée de celle de Platon (Phèdre, Le Banquet) pour qui l’on s’élève par degrés du monde sensible à la pureté du monde des idées. La nouvelle XIX, où l’on voit deux amants, dont l’amour est contrarié par le sort, entrer en religion, montre le passage de l'amour profane à l’amour de Dieu. Parlamente le commente ainsi : Jamais homme n’aimera parfaitement Dieu qu’il n’ait parfaitement aimé quelque créature en ce monde.

• Tout en constituant, dans son aspect réaliste, un intéressant document sur les mœurs du xvie siècle, le livre se rattache à l’effort d’épuration de l’amour qui se poursuit depuis la naissance de la littérature courtoise (Lancelot ou le Chevalier à la charrette, Le Roman de la Rose, Yvain ou le Chevalier au lion).

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