Lettres philosophiques ou Lettres anglaises de VOLTAIRE, 1734, Folio, G.-F.
Voltaire a conçu ces lettres fictives pendant son séjour en Angleterre (1726-1729), mais les a achevées en France et les a publiées enfin en 1734 après quelques hésitations que vint justifier leur condamnation au feu par le Parlement de Paris. Les lettres 1 à 7 traitent des religions qui coexistent en Angleterre. Vantant ce pluralisme religieux, Voltaire est toutefois sévère pour les anglicans qu'il accuse d'abuser de leur situation dominante et pour les presbytériens qu'il juge intolérants; il se montre favorable aux quakers qui n'ont pas de prêtres et aux sociniens qui tendent au déisme. Tolérance et déisme resteront les deux principes religieux de Voltaire. Les lettres 8 et 9 sont consacrées au système politique anglais qui est cité en modèle : La nation anglaise est la seule de la terre qui soit parvenue à régler le pouvoir des rois en leur résistant [...]. Les lettres 10, Sur le commerce, et 11, Sur l'insertion de la petite vérole, vantent l'une et l'autre le sens pratique des Anglais dans l'organisation de la vie sociale. Ils l'emportent sur les Français parce qu'ils n'ont pas de préjugés, idée que l'on retrouve dans les lettres 20 et 21, où sont loués les nobles qui ne croient pas déroger en cultivant les Lettres, et la lettre 24, Sur la considération qu'on doit aux gens de Lettres. La série des lettres 12 à 17, sur les sciences et la philosophie, bouleverse la hiérarchie des grandeurs en plaçant Newton avant César et Alexandre, et les philosophes et les physiciens avant les ministres et les généraux. Cette conception de la civilisation se retrouvera dans les travaux historiques de Voltaire. En outre, Voltaire fait l'éloge du physicien Newton (1643-1727) et du philosophe Locke (1632-1704), parce qu'ils se sont affranchis de la métaphysique. Les lettres 18, 19 et 22 traitent de la littérature anglaise; Voltaire a été sensible à Shakespeare. La lettre 24, Sur les Académies, pose le problème du bon usage qu'un prince éclairé peut faire des génies d'un pays. Quant à la lettre 25, Sur les Pensées de M. Pascal, elle trouve sa place ici parce que Voltaire réfute chez Pascal une conception de l'homme et de la vie exactement opposée à celle qu'il vient de formuler, invitant ses contemporains à aménager le mieux possible la cité terrestre afin d'y être heureux autant que le permettent les limites de la condition humaine. Les Lettres philosophiques proposent déjà les thèmes essentiels de la pensée de Voltaire et constituent un bon exemple de sa manière libre et brillante de lancer des idées.
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