LES SOPHISTES : TOUTE PASSION EST BONNE
[caption id="attachment_1155" align="alignleft" width="199"] Platon[/caption]
LES SOPHISTES : TOUTE PASSION EST BONNE
Les passions ont cependant trouvé des défenseurs. Les plus anciens furent certains sophistes, qui, opposant la morale conventionnelle des hommes à la loi de la nature, virent dans les passions une expression de la vie même. Telle est l'opinion d'un personnage du Gorgias de Platon, Calliclès, pour qui la puissance consiste dans le déchaînement des passions et l'assouvissement de tous les désirs.
« Mais ce qui selon la nature est beau et juste, c'est ce que j'ai la franchise de te dire à présent : que celui qui veut vivre droitement sa vie, doit, d'une part, laisser les passions qui sont les siennes être les plus grandes possibles, et ne point les mutiler ; être capable, d'autre part, de mettre au service de ces passions, qui sont aussi grandes que possible, les forces de son énergie et de son intelligence ; bref, donner à chaque désir qui pourra lui venir la plénitude des satisfactions. Mais c'est, je pense, ce qui n’est pas possible à la plupart des hommes. Voilà pourquoi ils blâment les gens de cette trempe ; la honte les pousse à dissimuler leur propre impuissance. Ils disent donc de la licence que c'est une vilaine chose, réduisant en esclavage, tout ainsi que je le disais précédemment, les hommes qui selon la nature valent davantage et, impuissants eux-mêmes à procurer à leurs plaisirs un plein assouvissement, ils vantent la sage modération et la justice : effet de leur manque de virilité ! Oui, en effet, pour ceux qui ont eu l'avantage ou d'être fils de rois ou d'avoir été capables, par les ressources de leur propre naturel, de se procurer une autorité quelconque, soit tyrannie, soit souveraineté, pour ces hommes qu’y aurait-il véritablement de plus laid et de plus mal qu’une sage modération ? »
Platon, Gorgias 491 e - 492 b.
ordre des idées
1) Une thèse : Selon la loi de la nature, il est beau est juste de favoriser ses passions et d'assouvir ses désirs.
2) Une question (= objection possible) : Pourquoi cette loi n'est-elle pas reconnue par tous ?
3) Une réponse : parce que la plupart des hommes sont faibles et donc incapables de suivre cette loi. Aussi lui substituent-il celle de l'égalité et de la modération, qu'il appellent « justice ».