Databac

Les Rêveries du promeneur solitaire Jean-Jacques ROUSSEAU, 1782 (posthume)

• Rousseau a rédigé ces pages entre l'automne de 1776 et sa mort. En les commençant, il prend soin de les distinguer de ses Confessions : [...] je ne leur en donne plus le titre, ne sentant plus rien à dire qui puisse le mériter. Après tant d'efforts angoissés, accomplis depuis 1765 pour se justifier devant la société, il se déclare enfin résigné à la solitude et décidé à écrire seulement pour lui-même, afin de fixer le souvenir de ses rêveries de promeneur : Ces feuilles ne seront proprement qu'un informe journal de mes rêveries (Première Promenade). En réalité, Rousseau structure ses propos avec soin et n'a pas renoncé à argumenter. Je fais la même entreprise que Montaigne, ajoute-t-il. Cette comparaison est justifiée par la diversité du recueil où la rêverie prend souvent le caractère d'une libre causerie au cours de laquelle les apparents vagabondages de l'esprit alternent avec des méditations plus soutenues. L'originalité du volume réside dans l'analyse de l'état de rêverie proprement dit. Dans la Deuxième Promenade, Rousseau peint ses promenades solitaires autour de Paris, où il se sent véritablement être ce que la nature a voulu, et conte une chute et un évanouissement suivi d'un heureux réveil (à comparer avec Essais, II, 6). Dans la Cinquième, il évoque son séjour à l'île de Saint-Pierre en septembre 1765 et décrit - ces pages sont célèbres -, l'extase dans laquelle culminait sa rêverie lorsque des sensations douces, le soir, au bord du lac de Bienne, lui permettaient de sentir avec plaisir (son) existence sans prendre la peine de penser. La Septième traite des plaisirs liés de la botanique et de la rêverie. Dans les autres promenades, Rousseau se révèle beaucoup plus prisonnier de lui-même qu'il ne veut bien le dire. Dans la Troisième, il réaffirme les convictions religieuses qu'il a exprimées dans la Profession de foi du vicaire savoyard (Émile). Dans la Quatrième, il disserte sur la vérité et le mensonge, et justifie ses Confessions Dans la Sixième, il parle de la bonté; dans la Huitième du bonheur qu'il peut encore trouver dans son infortune; et dans la Neuvième, il lutte de nouveau contre le remords que lui laisse l'abandon de ses enfants. La Dixième et dernière, qui semble inachevée, est consacrée au souvenir de Mme de Warens, pour le cinquantième anniversaire de leur première rencontre (Pâques 1728). Rousseau allait mourir le 2 juillet 1778. • Leur richesse et leur qualité artistique placent les Rêveries, tout comme Les Confessions parmi les plus grandes oeuvres autobiographiques.

Liens utiles