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Les Regrets de Joachim DU BELLAY, 1558

• Déçu par son séjour en Italie auprès de son oncle, le cardinal Jean du Bellay, Joachim du Bellay a su faire de son désenchantement et de ses colères la matière de son oeuvre poétique : Je me plains à mes vers si j'ai quelque regret; /Je me ris avec eux, je leur dis mon secret, / Comme étant de mon coeur les plus sûrs secrétaires (I). L'inspiration élégiaque et l'inspiration satirique sont ainsi associées dans ce recueil de sonnets, la première, qui semble seule annoncée par le titre, se fortifiant de la seconde. • Les sonnets qui ont proprement pour thème les regrets du poète sont les plus connus. Du Bellay y reconnaît qu'il a perdu l'ardeur de sa jeunesse et même, prétend-il, l'inspiration (VI, Las ! Où est maintenant ce mépris de Fortune ?), qu'il s'ennuie dans son exil romain (IX, France, mère des arts, des armes et des lois) et envie l'heureuse carrière de Ronsard à la cour d'Henri II (XVI, Cependant que Magny suit son grand Avanson), qu'il a la nostalgie de son pays natal (XXXI, Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage) et que, parti pour l'Italie rêvant de savoir humaniste et de plaisirs, il a fait un malheureux voyage (XXXII, Je me ferai savant en la philosophie). De là, du Bellay passe à la satire de la vie romaine et de la cour pontificale qui donne l'exemple de la corruption (LXXX, Si je monte au Palais, je n'y trouve qu'orgueil; LXXXI, Il fait bon voir, Paschal, un conclave serré; LXXXV, Flatter un créditeur; LXXXVI, Marcher d'un grave pas, et d'un grave sourcl). Sur les cent quatre-vingt-onze sonnets du recueil, seuls les cent vingt-sept premiers sont inspirés par l'Italie. Les suivants concernent son retour en France, ses impressions de route, et surtout Paris, la cour, le métier de poète, les réflexions satiriques alternant avec les propos de circonstance qu'exige sa situation de poète courtisan. • En faisant de ses vers ses «papiers journaux», du Bellay a écrit le recueil de poèmes qui, de tous ceux du xvie siècle, semble aujourd'hui le plus moderne.

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