Les Précieuses ridicules de MOLIÈRE, 1659

• Pour cette comédie qui est la première de sa carrière parisienne après treize années en province (1645-1658), Molière avait choisi un sujet d'actualité fertile en comique : les précieuses. La préciosité a profondément marqué la vie mondaine et littéraire au xviie siècle. Les manifestations n'en furent pas toujours ridicules, car elles exprimaient le désir de réagir contre la grossièreté et d'affiner les moeurs ; mais elles donnaient aussi lieu à des excès évidents dont Molière s'amuse ici. • La Grange et Du Croisy, deux jeunes gens de bonne bourgeoisie, ont été mal reçus par Cathos et Magdelon, l'une nièce et l'autre fille du bourgeois Gorgibus, pecques provinciales grisées par le bel air de Paris et les romans précieux de Mlle de Scudéry (Clélie). Le valet de La Grange, Mascarille, qui a aussi des prétentions, reçoit de son maître mission d'aller leur faire la cour. Il réussit à merveille auprès d'elles, en singeant de façon outrancière toutes les modes précieuses. Son ami Jodelet, qui le rejoint travesti en vicomte, ne les séduit pas moins, malgré sa balourdise et ses gauloiseries. Et l'on s'apprête à danser, mais les deux maîtres surgissent, armés de bâtons, et arrachent leur déguisement aux valets, à la grande confusion des deux précieuses. • Les techniques de la farce sont appliquées avec brillant à la satire des moeurs, et bien qu'il ne faille pas réduire la préciosité aux images qu'en donne la pièce, on a plaisir à voir défendre le bon sens et le naturel contre la sottise et la prétention.