Les Paysans d'Honoré de BALZAC, 1844-1855, Folio
Seule la première partie de ce roman a été publiée du vivant de Balzac sous le titre Qui a terre, guerre a. Le texte complet a été mis au point après sa mort par Mme Hanska et inséré dans les Scènes de la vie de campagne de La Comédie humaine. Bourgeois de condition et aristocrate d'esprit, influencé en outre par Mme Hanska, Balzac soutient une thèse violemment hostile aux paysans au nom de la défense des grandes propriétés. Son talent d'artiste vient heureusement compenser et corriger ses partis pris, et son roman constitue un intéressant document sur les rivalités de classes autour de la propriété de la terre et sur l'évolution sociale de la Révolution de 1789 à la monarchie de Juillet. Le général de Montcornet, comte d'Empire, fortune faite à la guerre, a acheté à une ancienne actrice, ex-maîtresse d'un financier d'avant 1789, la grande propriété des Aigues. L'ancien régisseur Gaubertin, qui aurait voulu acquérir le domaine, va travailler à en chasser le général avec le concours des nouveaux bourgeois, l'ex-brigadier de gendarmerie Soudry, maire de Boulanges, et sa femme, ancienne femme de chambre de l'actrice, l'usurier de campagne Rigou, moine défroqué, maire et tyran de Blangy. Les associés utilisent contre le château la haine des paysans pauvres, en particulier de la famille Tonsard qui tient un cabaret, Au grand-l-Vert, à la lisière du domaine et vit surtout de rapines et d'abus. La conspiration aboutit à l'assassinat d'un garde-chasse et à la vente du domaine que les nouveaux riches dépècent et détruisent sans que les paysans y gagnent rien. Les personnages, les moeurs et les passions présentent dans Les Paysans le relief qu'ils prennent toujours sous le regard de Balzac.