Les Orientales de Victor HUGO, 1829, G.-F.
Hugo s'est plu à présenter ce recueil d'odes orientales comme un livre inutile de pure poésie, qu'il justifie par la vogue de l'Orient dans lequel il inclut d'ailleurs l'Afrique et l'Espagne musulmanes. L'intérêt pour l'Orient tenait pour une part à la lutte dans laquelle les Grecs étaient engagés contre les Turcs, pour leur indépendance, depuis 1821 ; Hugo ne le rappelle pas, mais déclare sa sympathie pour les Grecs dans plusieurs poèmes (Canaris, Navarin, L'Enfant). D'une façon générale, ce recueil peint l'Orient comme un univers coloré, violent et cruel. Dieu a dû y châtier les crimes des hommes en détruisant les cités de Sodome et de Gomorrhe (Le Feu du Ciel) Le goût de la guerre y est permanent : Cri de guerre du mufti, Chanson de pirates, Marche turque. Les drames de harems et les poèmes d'amour (Clair de lune, La Sultane favorite, Romance mauresque) témoignent de la cruauté des murs. Mais cette violence est aussi parfois punie (La Bataille perdue), et l'enfant grec qui réclame de la poudre et des balles pour lutter contre les Turcs fait espérer leur châtiment (L'Enfant). Hugo prêche cependant la réconciliation de l'Orient et de l'Europe en faisant l'éloge de la beauté de Grenade (Grenade), et en confiant au Danube un message de paix (Le Danube en colère) Plusieurs pièces présentent la mission du poète comme celle d'un visionnaire : Mazeppa, le Cosaque attaché nu sur un cheval sauvage et qui, sauvé de la mort, fut roi d'Ukraine, symbolise le poète emporté par son génie au-delà du monde (Mazeppa) : et, dans Rêverie et Extase, Hugo se peint lui-même quittant la réalité pour solliciter l'imaginaire et le rêve. Enfin, les thèmes de l'Orient, du rêve et du génie conduisent Hugo à Napoléon (Bounaberdi, Lui) avant qu'il ne revienne à l'humble réalité parisienne dans Novembre, poème final du recueil. Les Orientales témoignent assurément d'une grande virtuosité (cf. Les Djinns), mais Hugo y révèle aussi son tempérament de poète épique et visionnaire.
Liens utiles
- COMMENTAIRE LITTÉRAIRE: Victor Hugo, Le Dernier Jour d'un condamné ( 1829).
- Victor HUGO (1802-1885), Les Feuilles d'automne, « Soleils couchants VI », Avril 1829.
- Victor HUGO, Les Orientales, « Clair de lune »
- Victor Hugo, Les Contemplations - tome I “Autrefois”. 21e poème du livre premier intitulé “Aurore”
- Analyse linéaire du prologue de Lucrèce Borgia de Victor Hugo