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Les Hommes de bonne volonté de Jules ROMAINS

Les Hommes de bonne volonté de Jules ROMAINS, 1932-1946, Robert Laffont (Bouquins).

• C’est la plus vaste construction romanesque de la première moitié du xxe siècle. Du 6 octobre 1908 au 7 octobre 1933, ses vingt-sept volumes déroulent la fresque d'un quart de siècle où la guerre de 1914 ébranle l’Europe et la laisse fiévreuse et inquiète de l’avenir. Jules Romains en a achevé la peinture en Amérique pendant la Seconde Guerre mondiale (t. XIX-XXIV publiés à New York de 1941 à 1944, t. XXV-XXVII publiés en France en 1946).

• Sur le plan technique, Jules Romains n’a voulu imiter (cf. Préface) ni La Comédie humaine, où le retour de personnages unit des romans distincts, ni Les Misérables ou Jean-Christophe, dont l’unité est assurée par la destinée d’un héros ; il présente son oeuvre comme un roman unanimiste, qui, pour refléter toute une époque, peint une diversité de destinées individuelles qui cheminent chacune pour leur compte, en s’ignorant la plupart du temps. En fait, ces destinées se rejoindront souvent, et la fresque comporte deux héros principaux, Jerphanion, esprit solide et positif comme ses ancêtres du Velay, et Jallez, Parisien d'origine, plus artiste et plus libre, qui entrent à l’École normale supérieure de la rue d'Ulm en 1908. Tous les milieux sont représentés : le peuple de Paris par les Maillecotin, le petit Wazemmes, les Bastide, l’électricien Vidal ; la vieille noblesse du faubourg Saint-Germain par la famille de Saint-Papoul ; la nouvelle aristocratie d’argent par le vicomte et la vicomtesse de Champcenais, le constructeur d’automobiles Bertrand, le pétrolier Sammécaud, le spéculateur Haverkamp qui s'enrichit à la faveur de la guerre. On pénètre dans le monde du théâtre avec l’actrice Germaine Baader; dans celui de la politique avec le ministre Gurau et, plus tard, avec Jerphanion ; dans celui de l’Église avec l’abbé Mionnet. On découvre les instituteurs, ardents apôtres de l’idéal républicain de justice et de paix, comme Laulerque et Clanricard ; les milieux littéraires, peu flattés, dans l’écrivain mondain Georges Allory, candidat à l’Académie, et dans le poète Claude Vorge que fascine le mystérieux Quinette, rival impuni de Landru ; la jeunesse frivole de l’après-guerre, etc. Le bonheur, l’amour, le pouvoir, l’argent, l’ambition ou le goût de la justice agitent diversement ces hommes et ces femmes mis à l’épreuve des premiers bouleversements du siècle. La guerre occupe le centre de la fresque (t. XV, Prélude à Verdun ; t. XVI, Verdun) et tous les problèmes collectifs antérieurs ou postérieurs sont systématiquement explorés : l’inquiétude de la jeunesse avant la guerre (t. VII, Recherche d’une Église) ; l’industrialisation et l’étouffement du syndicalisme, et, par là, des espoirs des pacifistes, en 1910 (t. IX, Montée des périls) , la crise de conscience de l’après-guerre (t. XVIII, La Douceur de la vie) ; les conflits idéologiques ouverts par la révolution russe et les fascismes (t. XIX, Cette Grande Lueur à l’Est, t. XX, Le Monde est ton aventuré).

• Le drame que peint Jules Romains est celui des hommes de bonne volonté, attachés aux traditions humanistes de notre civilisation, et désireux de défendre les chances de l’homme, tout à la fois contre les vieilles et contre les nouvelles malédictions de l’histoire, contre la guerre et contre le totalitarisme (t. XXI, Journées dans la montagne, t. XXVII, Le 7 octobre).

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