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Les Faux-Monnayeurs d'André GIDE

Les Faux-Monnayeurs d'André GIDE, 1925, Folio.

• Ce livre est le seul que Gide ait intitulé Roman, mais pour y présenter un jeu ironique sur le genre romanesque.

• L’un des personnages, Édouard, est écrivain et songe à composer un roman sous le titre Les Faux-Monnayeurs, sans savoir encore ce qu’en sera le sujet. Il ne m'arrive rien, explique-t-il, que je n’y verse et que je ne veuille y faire entrer : ce que je vois, ce que je sais, tout ce que m’apprend la vie des autres et la mienne [...]. Ce que je veux, c’est présenter d’une part la réalité, présenter d’autre part (I') effort pour la styliser [...]. Pour obtenir cet effet [...], J'invente un personnage de romancier, que je pose en figure centrale; et le sujet du livre [...], c’est précisément la lutte entre ce que lui offre la réalité et ce que, lui, prétend en faire. (2e partie, III). Dans les réflexions qu’il prête de la sorte à Edouard, c’est sa propre entreprise littéraire que Gide commente, comme il l’a fait par ailleurs dans le Journal des Faux-Monnayeurs publié à part (1927). Mais tandis qu'Édouard, parce qu’il veut parvenir au roman pur, n’écrit pas son livre, Gide peint une réalité foisonnante. Les principaux héros, Bernard Profitendieu, Vincent et Olivier Molinier, sont des adolescents ou des jeunes gens saisis au moment où ils s’affranchissent de leurs familles, découvrent les séductions et les incertitudes de l’amour, les tentations de l’immoralisme et les caprices du destin. Édouard les connaît par son neveu Olivier. Une jeune femme, Laura Douviers, est éprise d’Édouard, devient la maîtresse de Vincent, provoque une passion platonique chez Bernard et retourne à son mari. La réalité offre aussi une véritable bande de faux-monnayeurs dont les ramifications s’étendent parmi les écoliers de la pension Vedel-Azaïs qui, constitués en Confrérie des Hommes forts, iront jusqu’à pousser au suicide le petit Boris. Cet épisode est inspiré d’une affaire survenue à Clermont-Ferrand en 1909.

• Ce livre subtilement composé, qui constitue en somme un roman d'apprentissage, est riche en innombrables suggestions. Son aspect le plus séduisant est l’ingénieux débat ouvert par Gide sur le travail du romancier et ses rapports avec la réalité.

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