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Les Confessions Jean-Jacques ROUSSEAU

Les Confessions Jean-Jacques ROUSSEAU, 1782 (posthume), G.-F., Classiques Hachette.

• Les Confessions ont été publiées avec Les Rêveries du promeneur solitaire quatre ans après la mort de Rousseau. Elles sont aujourd’hui le plus lu de ses ouvrages en raison de l’intérêt porté à sa personnalité et de leur valeur de référence dans le domaine de la littérature autobiographique.

• Depuis longtemps soucieux de se définir, Rousseau songeait à rédiger le récit de sa vie au moins dès 1759 (cf. Confessions, livre X). Il a composé les Lettres à M. de Malesherbes à un moment (janvier 1762) où il a cru qu’il allait être trop tard pour écrire ses mémoires (Confessions, livre XI). C’est en Suisse, où il s’était réfugié après la condamnation de l'Émile (juin 1762), qu’il en a commencé la rédaction sous le choc décisif du Sentiment des Citoyens (décembre 1764), écrit anonyme où Voltaire révélait que l’auteur de l’Émile avait abandonné ses enfants. Il l’a poursuivie au cours de ses pérégrinations à la recherche de la sécurité physique et morale, avec dessein de justifier sa vie devant ses persécuteurs. De retour à Paris en 1770, il y achève son texte et en donne des lectures privées que tentent de faire interdire ses anciens amis Grimm, Diderot, Mme d’Épinay. Leurs manœuvres corroborent sa croyance au complot destiné à le faire taire dont l’obsession apparaît si souvent dans Les Confessions. Les Confessions sont subdivisées en deux parties : la première (livres I à VI) va de la naissance de Rousseau (1712) à son départ pour Paris en 1742 ; la seconde (livres VII à XII), de son entrée dans la société littéraire parisienne à son départ pour l’Angleterre, lorsqu'il doit quitter la Suisse après avoir été lapidé à Métiers en 1765. Le désir de justification préside à l’ensemble du récit. Par son titre, emprunté à saint Augustin, Rousseau annonce qu’il a des fautes à avouer, mais en même temps suggère qu’il s’en purifie par l'aveu qu’il en fait. C’est ce que souligne le préambule extrêmement provocant où il se prémunit contre les attaques de ses ennemis en prenant Dieu à témoin de sa sincérité : Que la trompette du Jugement dernier sonne quand elle voudra, je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. L’aveu le plus difficile, celui de l’abandon de ses enfants confiés à l’Hospice des Enfants-Trouvés, est fait au livre VIII. L’obsession de la faute et du rachat le ramène aussi à deux épisodes de sa jeunesse : sa conversion au catholicisme en 1728, à l’âge de seize ans, lorsqu’il est passé en Savoie, et l’affaire du ruban qu’il a volé alors qu’il était laquais chez Mme de Vercellis, à Turin (1728), laissant accuser la petite servante Marion, qui fut renvoyée (livre II). Les Confessions jouent aussi un autre rôle pour Rousseau : celui d’une quête du bonheur perdu. Il s’évade dans la reconstitution littéraire des moments heureux de sa vie : son enfance, ses années de pension à Bossey chez le pasteur Lambercier (livre I) ; sa première rencontre avec Mme de Warens à Annecy en 1728 (livre II); une partie de campagne avec Mlle de Graffenried et Mlle Galley (livre IV) ; ses séjours aux Charmettes, maison que Mme de Warens louait pour l'été près de Chambéry et dont il fait le cadre d’un bonheur idéal (livre VI); les saisons passées à l’Ermitage, sur le domaine de Mme d’Épinay, près de Montmorency, au nord de Paris : c’est là qu’il a connu Mme d’Houdetot et imaginé La Nouvelle Héloïse (livre IX) ; son séjour dans l’île de Saint-Pierre, au milieu du lac de Bienne, en septembre 1765 (livre XII). Rousseau raconte également les moments décisifs de sa carrière de philosophe : sa découverte de la question de l’Académie de Dijon qui, en 1749, le décide à écrire son Discours sur les sciences et les arts (livre VIII) ; la condamnation de l’Émile et son départ précipité pour la Suisse en juin 1762 (livre XI).

• Dans leur complexité, Les Confessions constituent non seulement le meilleur document pour la connaissance de Rousseau, mais encore, comme celui-ci l’avait souhaité (Manuscrit de Neuchâtel), une précieuse pièce de comparaison pour l’étude du cœur humain.

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