Les Complaintes de Jules LAFORGUE
Les Complaintes de Jules LAFORGUE, 1885, Poésie/Gallimard.
• Ce recueil de vers est l’œuvre principale d’un jeune poète qui allait mourir à vingt-sept ans après avoir assumé avec un humour mélancolique l'héritage du spleen baudelairien. • Avec des nostalgies d’ange déchu qui se contente d’être dilettante et pierrot, il joue son rôle de rêveur douloureux en affectant de ne pas se prendre au sérieux : Primo : mes grandes angoisses métaphysiques / Sont passées à l'état de chagrins domestiques ;/ Deux ou trois spleens locaux. (Complainte d’une convalescence en mai). Quand il apostrophe la lune, le vent, l’hiver, la nuit, l’orgue de barbarie, les dimanches tristes, l’automne malade, il reprend des thèmes déjà conventionnels, mais la spontanéité familière de son langage est neuve : Ah! que la vie est quotidienne... / Et, du plus vrai qu’on se souvienne, / Comme on fut piètre et sans génie... (Complainte sur certains ennuis). La gouaille facétieuse qu'il adopte (Complainte sur certains temps déplacés, Complainte de l’oubli des morts) révèle de nouvelles ressources poétiques du langage. • Ces jeux verbaux autour d’une bien réelle angoisse confèrent aux Complaintes une allure très moderne.