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Les Chimères de Gérard de NERVAL

Les Chimères de Gérard de NERVAL, 1854, Classiques Hachette.

• Douze sonnets composés de 1843 à 1854 et étroitement liés aux secrètes obsessions de Nerval, toujours en quête d’un inaccessible absolu et déchiré entre la réalité et le rêve (cf. Sylvie in Les Filles du feu, Aurélia ou le Rêve et la Vie).

• Ces poèmes peuvent paraître ésotériques, c'est-à-dire réservés aux seuls adeptes, parce que Nerval les a écrits non pas pour répondre à l’attente d’un public, mais pour fixer ses chimères, nées des épreuves de sa vie sentimentale et nourries de légendes et de mythes religieux. Cependant le lecteur des Filles du feu y reconnaîtra aisément le souvenir de Sylvie, d’Adrienne et d’Aurélie, auprès de qui interviennent d’autres figures féminines, comme celle d’Octavie, associée aux paysages d’Italie. La douloureuse recherche, dans le monde réel, d’un amour rêvé inspire El Desdichado, Myrtho, Delphica, Artémis. À toute femme, Nerval demande d’être, bien plus qu’elle-même, une initiatrice, une enchanteresse qui restitue son harmonie au monde, car il quête, en même temps que l’amour, l'ordre des anciens jours, rêvant du retour des dieux païens (Delphica). Dans la suite de sonnets intitulés Le Christ aux Oliviers, les doutes et le désespoir prêtés au Christ viennent figurer l’anxiété et l'état d’abandon du poète. Le dernier sonnet du recueil, Vers dorés, développe cependant une profession de foi pythagoricienne en la présence de l’esprit dans le monde.

• En établissant ainsi une communication entre la réalité et le songe, entre le monde visible et l'invisible, Nerval ouvre la voie majeure de l’aventure poétique moderne (cf. Rimbaud, Poésies ; Breton, Manifestes du surréalisme).

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