Leos CARAX
Né Alex Dupont le 21 novembre 1960 à Suresnes (Hauts-de-Seine).
Boy meets girl (1984), Mauvais sang
Ayant étudié le cinéma à l’université de Paris III, écrit quelques articles aux Cahiers du cinéma et tourné deux courts métrages (dont Strangulation Blues), il étonne avec son premier long métrage. Il serait absurde de dire que Leos Carax est un nouveau Godard ou le Vigo des années quatre-vingt. Mais il a suffi de deux films pour que l’on soit assuré qu’il était autre chose qu’un habile artisan. Bien qu’il n’ait pas fait, comme Beineix, une carrière dans la publicité, il a le même sens aigu de l’image. Mais il s’en est tout de suite distingué par son souci de privilégier le regard et l’émotion, par la retenue et l’intériorité de ses personnages. S’il n’y a rien d’autre en effet dans Boy meets girl que la rencontre de deux êtres, le sens n’est pas plus dans la mise en scène que dans l’anecdote, tout étant subordonné à l’expression d’une quête d’amour désespérée. Les moyens obtenus pour son second film, presque entièrement tourné en studio, confirment sa disposition à créer un univers poétique qui doit à diverses écoles cinématographiques sans en plagier aucune. Ce qu’il y avait d’insolite et d’onirique dans Boy meets girl s’est mué en lyrisme. La trame est cette fois policière, mais ce n’est là qu’un prétexte pour raconter l'histoire d’un amour fou, une nouvelle fois condamné. La force du film tient beaucoup à la sobriété du jeu des acteurs, à la personnalité de Denis Lavant, qui tient à nouveau le rôle principal. Auteur de ses scénarios, Carax est l’interprète inspiré d’une sensibilité moderne et, au-delà, d’une revendication du sentiment. S’il n’en a pas l’apanage, l’accent en est chez lui particulièrement sincère.