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Léon IX, Brunon, saint (Egisheim 1002-Rome 1054) ; pape [1049-1054].

Léon IX, Brunon, saint (Egisheim 1002-Rome 1054) ; pape [1049-1054]. Fils du comte alsacien Hugues d'Eguisheim, apparenté à la maison impériale, L. est le véritable initiateur de la « réforme grégorienne », ainsi dénommée d'après son collaborateur et successeur Grégoire VII, qui devait la radicaliser. Évêque de Toul depuis 1027 par la grâce de l'empereur Conrad II, il est en effet attaché à l'idée fondamentale de l'Église impériale où les deux pouvoirs collaborent. Et c'est encore l'empereur Henri III qui, à Worms, le choisit comme pape (déc. 1048). L. pourtant, qui reprend significativement le nom de Léon le Grand, tient à faire formellement entériner son choix (« élection » veut dire « choix » en latin) par l'accord des Romains. Il est acclamé et intronisé à Rome le 12 février 1049. Il lance aussitôt un vaste programme de réforme morale et disciplinaire, dont le principal promoteur est le « synode romain » qu'il cherche à réunir annuellement à ses côtés. Appuyé sur un entourage hors pair, souvent influencé par l'expérience monastique (Hildebrand, futur Grégoire VII ; Humbert de Moyenmoutier, bientôt cardinal-évêque de Silva Candida), et de propagateurs de la réforme comme Pierre Damien, lui aussi sensible aux vertus de l'austérité érémitique, L. combat la simonie (achat des charges ecclésiastiques et trafic des sacrements, ainsi nommée d'après Simon le Magicien qui avait voulu acheter leurs pouvoirs aux apôtres) et le nicolaïsme (mariage des prêtres, largement pratiqué en Occident, qui heurte la spiritualité monastique et risque d'installer des dynasties familiales à la tête des paroisses), que l'on commence à assimiler à des hérésies. Menaçant les prérogatives des princes laïques, le programme est largement contrecarré par l'épiscopat traditionaliste, qui voit aussi avec inquiétude s'affermir les prétentions romaines à la direction de l'Église latine. Mais L. est avant tout en butte aux turbulents Normands d'Italie du Sud. Mal soutenu par l'Empereur, il les combat à forces inégales et reste même leur semi-prisonnier neuf mois durant, après avoir été défait en juin 1053. Il voit enfin avec consternation les prodromes d'un schisme avec l'Église grecque, dont on ne sait pas encore qu'il sera définitif. Son légat Humbert excommunie en effet le patriarche de Constantinople Michel Céru-laire, qui n'avait rien fait pour apaiser une querelle aux lointaines racines (16 juill. 1054). Mais à ce moment, L. est déjà décédé (19 avr. 1054). Le culte du pape est quasi immédiat. Le pape Victor III le reconnaît dès 1087 lors de la translation de ses reliques. Populaire en Lorraine et tout particulièrement à Toul, L. est aussi protecteur de la ville de Bénévent depuis 1762.

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