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Léon III l'Isaurien (v. 675-741) ; empereur de Byzance [717-741].

Léon III l'Isaurien (v. 675-741) ; empereur de Byzance [717-741]. Cet officier syrien sort vainqueur des luttes pour le pouvoir après le renversement de la dynastie des Héraclides. A peine en possession de la capitale et de la couronne, il doit protéger Constantinople contre la flotte et l'armée des Arabes (717-718). Grâce à l'aide des troupes bulgares, il réussit à mettre fin au siège et, après Constantin IV, devient le second sauveur de Constantinople. Il est ensuite occupé à de nombreuses expéditions militaires, pour défendre et protéger l'Asie Mineure (victoire d'Akroïnon, 740). Les soulèvements déclenchés par sa politique fiscale en Italie, qui s'est depuis longtemps écartée de l'Empire, sont réprimés avec autant d'énergie. Tandis que L. consolide son autorité à l'intérieur du pays et surmonte les conséquences d'une longue guerre civile, sa politique religieuse plonge le pays dans une nouvelle querelle, lourde de conséquences, autour de l'iconoclasme : devenue politique officielle, cette doctrine condamne la représentation figurée des personnes divines, de la Vierge et des saints, et entraîne la destruction de toutes leurs « images ». Le conflit, qui couve dès 720, est définitivement lancé par une intervention impériale en 725, aggravée en 730 ; il suscite de graves fractures, entre monastères riches et iconodoules (« adorateurs d'images ») et clergé séculier lié au pouvoir impérial, entre ville et campagne, entre fonctionnaires et peuple ; il manifeste aussi la cassure entre les Eglises d'Orient (qui retrouvent là des réflexes communs au judaïsme et à l'islam) et d'Occident (imperméable à l'iconoclasme). Les violences se déchaînent bientôt, même si le règne de L. ne voit pas encore de persécutions ; au chapitre de l'histoire de l'art, les destructions ou mutilations d'oeuvres sont sévères mais suscitent de nouveaux programmes iconographiques, souvent au service de l'idéologie impériale. A Constantinople, le patriarche Germanos, opposé à l'iconoclasme, se retire ; à Rome, l'opposition, non moins forte, des papes Grégoire II et Grégoire III conduit au même heurt mais contribue, en quelques décennies, à faire basculer la papauté et l'Italie centrale hors du monde byzantin, sous la protection, vite alourdie, des Francs. Dans l'immédiat, L. réplique par des impôts qui s'apparentent à une confiscation des riches propriétés pontificales au sud de l'Italie et par la subordination à Constantinople de l'Église d'Italie du Sud. Mais lorsque L. meurt, le redressement militaire l'emporte encore, dans le bilan, sur les effets de sa politique religieuse.

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