LÉNINE ÉCRIVAIN ET ORATEUR
LÉNINE ÉCRIVAIN ET ORATEUR. - Que ce soit un discours débité d’un seul trait à quelque réunion populaire, un rapport présenté à tel congrès ou à telle conférence, un article de la Pravda hâtivement jeté sur le papier après une nuit de discussions orageuses, ou un savant traité de philosophie ayant nécessité de longs mois de préparation minutieuse, Lénine ne connaît qu’une seule attitude : celle du combattant placé en face de l’ennemi. Pendant tout un quart de siècle, avant de devenir le chef du premier État socialiste du monde, il n’aura pour armes que sa parole et sa plume. La masse énorme de connaissances accumulée par Lénine dans le domaine économique, sa mémoire prodigieuse, son incroyable puissance de travail lui permettront de vaincre ses plus redoutables adversaires. Sa principale force réside dans l’implacable logique de sa démonstration. Ses procédés oratoires et littéraires sont extrêmement simples. L’exposé est toujours d’une clarté parfaite. La phrase est dépouillée de toute espèce de rhétorique, mais surchargée de dates et de chiffres (Lénine a la passion de la statistique). L’usage fréquent du sarcasme et du persiflage la rend souvent âpre et mordante. Ennemi farouche de tout ornement déclamatoire, il est parfois volontairement vulgaire. Il exècre les «philosophes » (« il n y a qu’une seule philosophie pour le prolétaire, se plaît-il à dire, c’est le marxisme »), il méprise souverainement les intellectuels, tout en se trouvant réduit, par la force des choses, à s’en servir. Mais il connaît et apprécie la valeur de la culture bourgeoise. S’il tient en piètre estime les écrivains de son temps (sauf Gorki, « mais pourquoi se mêle-t-il de politique ? » dira-t-il un jour), il réserve toute son admiration à Tolstoï, « un génie unique dont aucun pays ne possède l’équivalent ». L’œuvre écrite de Lénine comprend une dizaine d’ouvrages considérés comme formant la base du léninisme : Qui sont les « Amis du peuple » et comment ils font la guerre aux social-démocrates ? ; Le Développement du capitalisme en Russie; Que faire ?; Un pas en avant, deux pas en arrière ; Les Deux Tactiques ; Matérialisme et empiriocriticisme (1908, publ. en 1909); La Faillite de la Deuxième Internationale [1915]; Le Socialisme et la guerre ; L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme (1916); L’Etat et la Révolution ; Le « Gauchisme », maladie infantile du communisme ; plusieurs centaines d’articles parus dans des revues et dans des journaux. Il y a lieu d’y ajouter des thèses et des rapports présentés à différents congrès et conférences (leur importance est capitale pour la connaissance de la pensée révolutionnaire de Lénine) et une correspondance abondante mais qui offre de nombreuses lacunes. Il n’existe pas en U.R.S.S. de biographie exhaustive de Lénine. En 1929, l’institut Lénine (le futur Institut Marx-Engels-Lénine) avait annoncé que « la publication d’une biographie scientifique de Lénine était à l’ordre du jour ». L’entreprise n’aboutit pas. En 1942, ledit Institut fit paraître une biographie sommaire, tout à fait insuffisante, de Lénine (traduction française en 1945). Après la guerre le projet de la « grande biographie scientifique » fut repris. Mais cette fois encore rien n’en sortit. Lors du XXe congrès on insista à nouveau sur la nécessité absolue et urgente de publier une telle biographie.
ÉDITIONS DES ŒUVRES. La première édition des œuvres complètes de Lénine, formant un ensemble de 11 500 pages, parut en 1924-1925. Deux volumes complémentaires parurent en 1926. Cette édition ayant soulevé de vives critiques, une deuxième édition en trente volumes commença de paraître dès 1925, et fut achevée en 1932. Simultanément parut une troisième édition « bon marché », qui en était une reproduction fidèle. Une quatrième édition expurgée, en trente-cinq volumes, commença de paraître en 1941 et fut achevée en 1951. En 1956, le comité central du P.C. de l’U.R.S.S. décida de la compléter en faisant publier cinq volumes supplémentaires comprenant les textes omis dans la quatrième édition. Une traduction des œuvres complètes de Lénine en langue française, en trente volumes, avait été entreprise par les Editions Sociales Internationales a partir de 1928. Après la parution du huitième volume (en 1935), la publication fut interrompue. Une édition des œuvres choisies de Lénine traduites en français, en deux volumes, parut à Moscou en 1948, et est diffusée en France par les Editions Sociales.
LES RÉACTIONS DE LA PRESSE FRANÇAISE AU LENDEMAIN DE LA MORT DE LÉNINE :
♦ « Lénine avait imposé le communisme avec l’aide du bourreau. » L’Action française.
♦ « Que laisse-t-il derrière lui ? Une série de livres... Et, largement étendues devant ces livres froidement messianiques, les ruines d’une civilisation. » L’Echo de Paris.
♦ « La mort de Lénine a marqué le signal de la fin des soviets. » L’Éclair.
♦ « Il a détruit un immense empire. Il n’a rien construit. » Le Figaro.
♦ « L’œuvre de Lénine entrera dans l’histoire comme celle d’un malade et d’un fou. » Le Gaulois.
♦ « Un illuminé qui vous fait coller au mur pour vous démontrer qu’il a trouvé le bon moyen d'assurer votre bonheur. » Le Journal.
♦ « Loin d’être le plus sanguinaire des bolchevicks, il en fut sûrement le plus fanatique. » Le Journal des débats.
♦ « Lénine possédait la grandeur, mais c’était la grandeur du jésuitisme, la volonté de la ruse, le manque de tout scrupule et un mépris complet des souffrances qu’il occasionnait. » Le Libertaire.
♦ « Il voulait, sincèrement peut-être, le bonheur des hommes... mais il était trop loin d’eux pour pouvoir compenser par quelque douceur l’effroyable torture qu’il leur infligea. Peu d’hommes auront été ensevelis sous un pareil linceul de haine et de malédictions. » La Liberté.
♦ « Le dictateur qui dirigea la Russie avec une autorité plus autocratique que le plus puissant des tsars. » Le Populaire.
♦ « S’il est juste de dire que Lénine s’était imprégné de la tradition séculaire des intellectuels révolutionnaires, il est encore plus juste d’affirmer qu’il concentrait en lui-même la poussée multiséculaire de l’élément paysan... Mais ce qu’il y a de limité, de borné dans le moujik est surmonté, dépassé en Lénine par un immense essor de la pensée et par l’emprise de la volonté. En Lénine enfin — et c’est ce qu’il y a de plus solide, de plus vigoureux en lui — s’incarne l’esprit du jeune prolétariat russe. Ne pas apercevoir cela, ne voir que l’intellectuel, c’est ne rien voir du tout. En ceci est l’œuvre géniale de Lénine qu’à travers lui le jeune prolétariat russe s’émancipe, sort de sa situation extrêmement bornée et s’élève à l’universalité historique. Et c’est pourquoi la nature de Lénine, profondément attachée au sol, se développe organiquement, s'épanouit en créations, devient invinciblement internationale. Son génie consiste, avant tout, à dépasser toutes les bornes. » Trotsky.
♦ « Lénine... possédait au plus haut degré une qualité qui est propre à l'élite de l'intelligence russe — le renoncement souvent poussé jusqu'au tourment, jusqu'à la mutilation de soi-même... Il a dû, sans doute, plus d'une fois retenir son âme par les ailes. » Gorki.
♦ « ... Révolutionnaire, Lénine avait l'amour du peuple, un dévouement illimité à la cause du peuple qui lui faisait comprendre admirablement l'état d'esprit du peuple, ses besoins, ses désirs, ses volontés, et qui lui faisait trouver en chaque circonstance la voie, les moyens, les formes et l’heure de la bataille à mener pour assurer le succès de la cause du peuple. » Staline.
Lénine, Vladimir Ilitch Oulianov, dit (Sim-birsk 1870-Nijni-Novgorod, auj. Gorki, 1924) ; révolutionnaire russe, fondateur de l’État soviétique. Vladimir Ilitch Oulianov, qui se fait appeler Lénine à partir de 1901, est issu d’une famille de la petite bourgeoisie de Simbirsk (plus tard rebaptisée Oulianovsk) sur la Volga. Son père est inspecteur d’académie et sa mère, Maria Blank, appartient à une famille d’origine allemande depuis longtemps russifiée. Le principal événement de la jeunesse de L. est l’exécution de son frère aîné Alexandre (1887) qui a participé à une conspiration visant le tsar. L. suit des études de droit à l’université de Kazan, mais il est impliqué dans des menées révolutionnaires et renvoyé de l’université. Il passe en 1891 son examen à l’université de Saint-Pétersbourg, où il s’installe en 1893 comme avocat. Ici aussi, il est actif au sein des cercles révolutionnaires. En 1895, après avoir fait la connaissance en Suisse de Plekhanov lors de son premier voyage à l’étranger, il fonde à Saint-Pétersbourg la « ligue de combat pour la libération de la classe ouvrière », dont est plus tard issu le parti social-démocrate de Russie. En 1897, il est arrêté et déporté trois ans en Sibérie, dans la région des sources du fleuve lénisseï. La relative liberté de mouvement dont il dispose lui permet de se consacrer à l’étude de la littérature marxiste. Il y écrit Le Développement du capitalisme en Russie. En 1898, il épouse en exil Nadejda Kroupskaïa qui sera à la fois sa compagne et sa collaboratrice. A son retour de Sibérie, L. émigre pour la première fois. De 1900 à 1905, il séjourne successivement à Londres, Munich et Genève où il publie le journal Iskra (« L’Étincelle ») et sous le pseudonyme de Lénine son Que faire ? En 1903, il participe au IIe Congrès du parti social-démocrate de Russie (qui se tient d’abord à Bruxelles puis à Londres) - congrès qui entraîne la division de la formation entre la tendance modérée des mencheviks dirigée par O. Martov et la fraction radicale des bolcheviks sous la conduite de L. Cette rupture est consommée à Prague en 1912. À cette date, les bolcheviks publient leur propre organe de presse, la Pravda (« Vérité »). Pendant la révolution de 1905-1906, qu’il considère comme une « répétition générale » en vue d’une révolution socialiste en Russie, L. séjourne à Saint-Pétersbourg. À la suite de cet événement commence pour lui une deuxième période d’émigration (1907-1917) qui le fait voyager à Genève, Paris, Cracovie et, finalement pendant la Première Guerre mondiale, à Berne et Zurich. Résidant en Suisse, il participe aux conférences de Zim-merwald (1915) et de Kienthal (1916), au cours desquelles il se prononce pour transformer la « guerre impérialiste » en guerre civile et pour la création d’une IIIe Internationale, celle-ci communiste, qui verra seulement le jour en 1919 à Moscou. Pendant ses années d’exil, L. développe une théorie révolutionnaire qui est certes fondée sur la pensée de Marx mais qui est aussi fortement imprégnée de l’héritage intellectuel russe. Dans ses nombreux écrits, parmi lesquels il convient de citer tout particulièrement Que faire ? (1902), L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme (1916) et L’Etat et la Révolution (1917), L. applique de manière pratique les thèses marxistes aux particularités de l’évolution en Russie, pour réclamer une révolution anticipée qui mènera au socialisme et au communisme après le stade intermédiaire d’une « dictature du prolétariat ». Le vecteur de cette révolution doit être le prolétariat allié à la paysannerie, mais servi par 1’ « avant-garde » du parti bolchevique, un petit groupe de révolutionnaires expérimentés. Cette révolution devra, selon lui, entamer l'ère de la révolution mondiale. Après la révolution de février 1917, L. parvient à regagner en avril la Russie en traversant l’Allemagne et la Suède, grâce à l’aide du gouvernement et de l’état-major allemands. Dans ses célèbres Thèses d’avril, il réclame un changement radical de la politique du parti bolchevique. Avec une grande force de persuasion, car il est à la fois un brillant dialecticien et un orateur convaincant, il s’oppose à tout soutien au gouvernement provisoire et plus tard à Kerenski ; il se prononce pour « la paix, la terre et le pain » et il exige de transférer « tout le pouvoir aux Soviets » (conseils de soldats et d’ouvriers). Après l’échec du soulèvement bolchevique en juillet, il doit à nouveau s’enfuir en Finlande, jusqu’à ce que les bolcheviks, sous la conduite de Trotski, conquièrent le pouvoir les 25-26 octobre (7-8 nov.) 1917. La révolution se propage rapidement dans le peuple, d’autant plus que les bolcheviks promulguent aussitôt des décrets sur la terre et la paix, ce qui leur permet de gagner la sympathie de la masse des paysans et des soldats. Au sein du nouveau gouvernement, qui porte le nom de Conseil des commissaires du peuple, L. occupe le poste de président. Sa position dominante dans le comité central du parti bolchevique, qui se nomme Parti communiste russe à partir de 1918, reste indiscutable jusqu’à sa mort. Il appuie toutes les mesures, plus ou moins brutales, qui favorisent la consolidation du pouvoir bolchevique, écarte toute opposition, encourage la création d’une police politique (la Tchéka), dissout l’Assemblée constituante (janv. 1918). Les dernières années de la vie de L. sont assombries par la maladie et par des soucis croissants quant à la bureaucratisation de l’appareil du Parti. La question de sa succession le préoccupe aussi vivement. Dernier retournement tactique de sa carrière, il annonce lors du Xe Congrès du Parti en mars 1921 l’introduction de la «Nouvelle politique économique » (NEP), dans le but de stabiliser la situation économique. Après plusieurs attaques d’apoplexie, L. meurt en janvier 1924. A l’opposé de son style de vie dépouillé, son corps est exposé dans un mausolée sur la place Rouge.
LÉNINE, Vladimir Ilitch OULIANOV, dit (Simbirsk, auj. Oulianovsk, 1870-Gorki, 1924). Homme politique russe. Théoricien et révolutionnaire marxiste, il fut l'artisan de la révolution d'Octobre 1917 qui instaura un régime communiste en Russie. Issu d'une famille de la bourgeoisie, Lénine était le fils d'un inspecteur des écoles du gouvernement de Simbirsk. Son frère Alexandre, populiste, fut pendu à l'âge de 20 ans (1887) pour avoir participé à un complot contre le tsar Alexandre III et il est possible que ce drame familial ait contribué à l'engagement révolutionnaire de Lénine. Expulsé de l'université de Kazan où il faisait ses études de droit, il passa ses examens à Saint-Pétersbourg (1891 ) où il se fixa et entra en contact avec les cercles marxistes. Critiquant dans une étude polémique {Ce que sont les amis du peuple) l'idéalisme des populistes qui pensaient réaliser, sans le prolétariat, une société socialiste fondée sur la communauté paysanne (le mir), Lénine approfondit ses connaissances de la doctrine marxiste, s'attachant essentiellement à lier théorie et action. Il fonda en 1895 à Saint-Pétersbourg l'un des premiers cercles sociaux-démocrates, l'Union de lutte pour la libération de la classe ouvrière, en vue du combat révolutionnaire. Arrêté (décembre 1895), il fut condamné à trois ans d'exil en Sibérie (1897-1900). Il épousa (1898), en déportation une militante révolutionnaire, Nadejda Kroupskaïa, et rédigea l'un de ses principaux ouvrages, Le Développement du capitalisme en Russie ( 1899). Exilé volontaire en Suisse après sa libération, il s'installa à Genève et créa avec Plekhanov le premier journal marxiste russe, Iskra {L'Étincelle, 1900). Persuadé de l'« actualité de la révolution » contrairement aux autres leaders marxistes, Lénine formula dans son ouvrage Que faire ? (1902) sa première théorie d'un parti communiste et sa tactique révolutionnaire. Il s'opposa à l'« économisme » des « marxistes légaux » qui limitaient l'action de la classe ouvrière à des revendications économiques et comptaient sur la spontanéité des masses, soulignant au contraire l'importance de l'idéologie révolutionnaire apportée de l'extérieur à l'ouvrier, qui devait permettre sa prise de conscience politique. La lutte politique, condition et non conséquence de la lutte sociale selon Lénine, devait être conduite par un parti restreint, centralisé et discipliné de « révolutionnaires professionnels ». La révolution socialiste pouvait enfin être réalisée, contrairement aux perspectives de Marx, par l'alliance de la classe ouvrière et des masses paysannes. Lors du IIe congrès du Parti social-démocrate russe (Londres, 1903), Lénine (qui avait adopté ce pseudonyme en 1901) fit triompher de justesse ses thèses sur la nécessité d'une révolution socialiste immédiate et de la dictature du prolétariat. Ses partisans prirent dès lors le nom de bolcheviks (« majoritaires ») alors que ses adversaires, les mencheviks (« minoritaires »), conduits par Martov, Plekhanov et Axelrod, continuaient à affirmer que la révolution socialiste devait être précédée d'une entente entre les classes et d'une phase de démocratie bourgeoise, idée combattue par Lénine dans Un pas en avant, deux pas en arrière (1904). Après l'échec de la révolution russe de 1905 durant laquelle il rentra en Russie, Lénine réaffirma contre les mencheviks la nécessité du contrôle prolétarien de la révolution démocratique bourgeoise. Après la réaction de Stolypine qui rendit caduc le régime constitutionnel imposé à Nicolas II après la révolution de 1905, Lénine repartit pour l'exil (1907), séjournant principalement en Suisse. Durant cette période, il lutta à la fois contre les socialistes-révolutionnaires (SR), héritiers des populistes et favorables à l'abandon de toute action légale, et contre le réformisme alors prôné par les sociaux-démocrates allemands. En 1912, à la conférence de Prague, il organisa son propre parti, rompant définitivement avec les mencheviks et fit paraître à Saint-Pétersbourg le journal Pravda {La Vérité). Lors de la Première Guerre mondiale, Lénine refusa, même par patriotisme, l'Union sacrée et la collaboration des classes, union à laquelle s'était rallié Plekhanov en Russie. Il dénonça dans la guerre la lutte entre impérialismes rivaux pour le partage du monde {L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme, 1917) et, opposé au pacifisme des socialistes réformistes, donna pour mot d'ordre au parti bolchevique la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile. Lénine mais aussi Zinoviev menèrent une active propagande défaitiste et participèrent, avec Trotski, aux conférences des socialistes pacifistes, en Suisse, à Zimmerwald (septembre 1915) et à Kienthal (avril 1916). Ce fut à Zurich que Lénine apprit la nouvelle de la révolution russe de Février 1917. Les Alliés ayant refusé de le laisser rentrer en Russie, il traversa l'Allemagne en chemin de fer avec l'accord du gouvernement impérial qui attendait de la révolution l'effondrement de son adversaire. Dès son arrivée à Petrograd (avril 1917), Lénine s'opposa fermement au gouvernement provisoire et publia dans la Pravda ses Thèses d'avril : paix immédiate, pouvoirs aux soviets, usines aux ouvriers et terres aux paysans. Kerenski, devenu Premier ministre à la place du prince Lvov, ordonna l'arrestation de Lénine qui se réfugia en Finlande où il écrivit L'État et la révolution, livre dans lequel il présentait la « dictature du prolétariat » comme une phase nécessaire destinée à éliminer les anciennes classes dirigeantes. Revenu de Finlande en octobre 1917, Lénine fit décider par le comité central, malgré l'opposition de Zinoviev et de Ka-menev, l'insurrection qui mena les bolcheviks à la victoire (7 novembre ou 25 octobre 1917). Il fit adopter quatre décrets par le IIe congrès des soviets : le décret sur la paix (signé à Brest-Litovsk, mars 1918), la terre aux paysans, le contrôle ouvrier des entreprises industrielles et la reconnaissance des droits des nationalités et se fit élire président du Conseil des commissaires du peuple composé de bolcheviks. Afin d'assurer la dictature du prolétariat, il fit dissoudre l'Assemblée constituante (janvier 1918) dans laquelle les bolcheviks étaient minoritaires, créa une police politique, la Tchéka, et l'armée Rouge. Après avoir transféré la capitale à Moscou (1918), Lénine inaugura la politique dite du « communisme de guerre » et fit approuver en juillet 1918 la première Constitution de la République fédérative des soviets de Russie. Le soulèvement des socialistes-révolutionnaires, écartés du pouvoir, fut écrasé et le régime se trouva bientôt doublement menacé, par la contre-révolution intérieure soutenue par l'intervention étrangère (1919-1921). La révolution fut finalement sauvée mais la guerre civile et une socialisation trop poussée avaient ruiné la Russie et provoqué de graves agitations (mutinerie des marins de Kronstadt, 1921). Lénine décida une Nouvelle Politique économique (NEP) - retour partiel au capitalisme - qui permit un redressement de la situation économique. Il créa en mars 1919, la Troisième Internationale (le Ko-mintern), régla le problème des nationalités en fondant l'URSS (1922) et enfin ne cessa de dénoncer les dangers de l'opportunisme révisionniste, du gauchisme et de la bureaucratie, pressentant les futurs conflits entre les chefs du comité central, Trostski et Staline (Testament politique). Frappé d'hémiplégie, Lénine mourut à 53 ans. Son corps embaumé fut exposé dans un mausolée construit sur la place Rouge à Moscou. La pensée et l'oeuvre de Lénine, théoricien et stratège de la première révolution socialiste, ont donné lieu à un corpus idéologique, le marxisme-léninisme, qui fut la référence de nombreux mouvements révolutionnaires ultérieurs. Voir Communisme de guerre, Populisme, Révolutions de 1917.
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