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LEIBNIZ (vie et oeuvre)

Leibniz est l'auteur d'une œuvre considérable. Esprit encyclopédique, il a réfléchi sur tous les aspects de la vie de l'homme, a abordé toutes les branches de la connaissance. Son œuvre maîtresse est La "Monadologie".

VIE

Leibniz a beaucoup voyagé en Europe. Il a rencontré un nombre considérable d'esprits éclairés, parmi lesquels il faut compter Malebranche et Spinoza.
Reconnu par les puissants, il a occupé des fonctions diplomatiques.

Leibniz naît à Leipzig en 1646. Son père est professeur de sciences morales à l'Université de cette ville.

OEUVRES

Leibniz est un esprit universel. On lui doit autant en mathématiques qu'en philosophie. Sa pensée n'a ignoré aucun domaine du savoir de son temps. Elle trouve cependant son unité autour d'une idée : celle de l'individualité (la monade) entendue comme point de départ de toute réalité, physique ou spirituelle.

De l'Art combinatoire (1666)
Cet essai préfigure les recherches sur la logique des propositions. Toutes les propositions ne sont que des combinaisons de sujets et d'attributs.


Profession de foi du philosophe (1673)
Cet écrit annonce l'un des grands livres de Leibniz: Essais de théodicée. Il tente de répondre à cette question: Comment Dieu, qui est juste, peut-il être la cause du péché?

Discours de métaphysique (1686)
Cet ouvrage développe l'idée selon laquelle Dieu, dans sa perfection, s'exprime dans tous les aspects du monde créé. Toute substance individuelle (un homme par exemple) est comme un miroir de l'univers. Le "Discours de métaphysique" anticipe le livre le plus accompli de Leibniz, "La Monadologie".

Remarques sur la partie principale des Principes de Descartes (1692)
Il s'agit d'une critique du système métaphysique et physique de Descartes. Leibniz modifie, selon ses propres conceptions, les thèses cartésiennes.

Nouveaux Essais sur l'entendement humain (1704)
C'est un dialogue opposant Philalèthe (John Locke) et Théophile (Leibniz). En réponse à l' "Essai sur l'entendement humain" de Locke, Leibniz expose ses vues concernant la théorie de la connaissance. Il reprochera à Locke d'attribuer trop d'importance à l'expérience.

Essais de théodicée sur la bonté de Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal (1710)
Reprenant des idées déjà, avancées dans le Discours de métaphysique, Leibniz montre que les vérités éternelles n'excluent pas l'ordre des possibles. Parmi ceux-ci, il y a le mal, la faute.

La Monadologie (1714)
Œuvre maîtresse de Leibniz, où il est montré qu'en chaque individualité (monade) s'exprime une partie de Dieu, lequel concentre et exprime tout l'univers.

N.B: Leibniz, en mathématiques, inventera le calcul infinitésimal, sera l'auteur d'une théorie physique proche de celle de Newton. Inventeur, il concevra une machine à calculer, une montre portative actionnée par un ressort, etc.

EPOQUE

Une civilisation allemande qui se forge
La guerre de Trente Ans a ravagé l'Allemagne. Les traités de Westphalie (1648) ont confirmé la division politique et religieuse du pays. Mais peu à peu va se constituer une civilisation allemande brillante. Autour d'universités très vivantes, et en réaction contre la France, va germer l'idée d'une seule et même patrie. L'abandon progressif du latin au profit de l'allemand contribuera à favoriser les sentiments nationaux.

Une période intellectuellement très riche
Leibniz aura la possibilité d'entretenir une correspondance féconde (il a écrit plus de 20 000 lettres) avec tous les savants d'Europe. Son temps est celui de Malebranche, de Spinoza, du chimiste anglais Robert Boyle, à qui l'on doit notamment la découverte du rôle de l'oxygène dans la combustion. C'est aussi celui de Pierre Bayle, dont le "Dictionnaire historique et critique" contient en germe l'esprit philosophique du XVIIIe siècle.

APPORTS

Leibniz passe pour être le penseur classique le plus moderne. Sa démarche de pensée préfigure le structuralisme. Son encyclopédisme témoigne d'un souci d'interdisciplinarité. Il occupe dans l'histoire des mathématiques une place importante.

Un inventeur et un encyclopédiste
Leibniz invente non seulement des machines, mais aussi un calcul mathématique: le calcul infinitésimal. Encyclopédiste, il l'est par ses connaissances. Mais la question, pour lui qui est philosophe, n'est pas de connaître pour connaître. Ce qu'il veut, c'est «faire un inventaire exact de toutes les connaissances acquises et mal rangées». En ce sens, il devance les encyclopédistes du XVIIIe siècle.

Un structuraliste avant l'heure…
La réalité, telle que la conçoit Leibniz, est un agencement de structures, lesquelles sont toutes constituées de monades, c'est-à-dire d'éléments premiers, indécomposables. Chaque structure est le miroir d'une seule et même totalité qui est celle de l'univers, c'est-à-dire de Dieu lui-même.

Postérité-actualité
C'est plus par sa méthode de pensée, par sa contribution à l'histoire des mathématiques, que par sa philosophie proprement dite que Leibniz reste un penseur actuel. Contrairement à des philosophes tels que Descartes et, après lui, Kant, Hegel, il ne donnera pas naissance à des courants philosophiques clairement définis. Les «-ismes» (cartésianisme, kantisme, etc.) ne s'appliquent pas volontiers à la pensée de Leibniz.

CITATION A RETENIR

« La possibilité est le principe de l'essence, la perfection est le principe de l'existence. »

Comme Descartes, Leibniz est mathématicien et mécaniste. Mais tout en croyant en la toute-puissance de la raison, il réintègre dans l’univers la force, le dynamisme et le point de vue de l’individuel concret. Il réhabilite par là-même l’emploi des causes finales d'Aristote en physique.

Les cartésiens avaient ramené le monde à l'étendue, c'est-à-dire à la grandeur, la figure et le mouvement, les corps individuels n'étant que des limitations de cette étendue intelligible. Pour Leibniz, le corps individuel est un être à titre individuel. L’étendue n’existe pas objectivement. Elle n’est que l’apparence des corps, leur réalité étant des forces motrices. L’univers tout entier est constitué par ces unités de forces : les monades. Qu'est-ce que ces monades ? Nous ne pouvons le concevoir que par l'expérience de la force que nous sentons en nous, c’est-à-dire par analogie avec notre volonté. Mais il s'agit d'une volonté sans conscience (Leibniz réserve le nom d’«âme» à la monade consciente et douée de mémoire). Les monades sont comme des âmes endormies vivant tout entières dans le présent. L’univers n’est qu'une immense hiérarchie de monades, de plus en plus positives, de plus en plus développées. Au plus bas degré, la force matérielle, celle d’une pierre qui tombe, puis la monade douée de la vie mais sans sentiment ni mémoire, l’âme végétale. Au-dessus, la monade capable de sentiment et de mémoire, l’âme animale. Au-dessus, l’esprit, c’est-à-dire l’âme humaine douée de raison. Enfin Dieu qui est la monade absolue, totalement en acte, monarque parfait de cette « cité des âmes ». Il n’y a aucune discontinuité dans cette hiérarchie , l’univers tout entier est vivant, la matière est vie en puissance : tous les différents types de monades ne sont que des degrés différents de développement et de réalisation de la perfection de la monade infinie : Dieu.

Chaque monade a la représentation de l’univers tout entier, « elle est un miroir de l’univers ». Mais cette représentation est confuse, puisqu’en effet la monade douée de raison, l’homme, n’a l’impression de percevoir qu’une misérable portion de l’univers. Il faut en fait distinguer entre percevoir et apercevoir. C’est la théorie des petites perceptions. On n’aperçoit pas tout ce qu’on perçoit. Il y a ainsi en nous des états psychologiques inconscients qui ne deviennent conscients que seulement dans certaines circonstances : sensations uniformes et continues (bruit habituel), petites sensations dont on ne saisit que le total (bruit d’une forêt), sensations non perçues par attribution à autre chose, souvenirs oubliés. Entre l’inconscient total et la conscience claire, il y a un subconscient faisant frange autour de la conscience (c’est le principe de la continuité, selon lequel la nature ne peut passer d’un état à un autre que par une infinité d’intermédiaires). Ce sont donc ces petites perceptions « au-dessous du seuil de la conscience » qui nous unissent à l’univers entier. C’est par elle que nous le percevons. Et si nous pouvions prendre conscience à n’importe quel moment du contenu de notre inconscient, nous aurions la connaissance claire de l’univers entier comme Dieu le connaît, nous aurions d’un seul coup sous les yeux notre passé et notre avenir.

Chaque monade est donc comme un point de vue sur le même paysage, mais ce point de vue étant particulier, il lui est impossible de prendre conscience de l’harmonie préétablie du monde. Notre monde est en effet, pour Leibniz, le meilleur des mondes possibles. Selon lui, la combinaison des idées qui a donné naissance à l’univers tel qu’il est est une combinaison entre l’infinité des possibles. Pourquoi cette combinaison et pas telle autre ? Car si tous les possibles ne sont pas compatibles, c’est-à-dire que certains systèmes sont contradictoires entre eux, il reste quand même un nombre encore infini de mondes possibles. D’après le principe de contradiction, il suffit en effet, pour qu’une chose soit possible, qu’elle n’enveloppe pas de contradiction. Mais le possible n’est pas le réel. Puisque c’est ce monde qui existe, il faut conformément au principe de raison suffisante, une raison supplémentaire. Si « de toute chose il y a une raison pour laquelle elle est ainsi et pas autrement », alors c’est certainement que ce monde existe parce qu’il est le meilleur des mondes possibles.

 

LEIBNIZ (Gottfried Wilhelm) : 1646-1716 Philosophe allemand. Né à Leipzig, à quinze ans il possédait parfaitement les langues anciennes et la littérature classique. Il lut alors les modernes et fut marqué par Descartes. En 1663, il soutint sa thèse à Leipzig, puis alla étudier les mathématiques à Iéna et enfin le droit à Altdorf. De 1672 à 1676, il séjourna à Paris. Il devint ensuite bibliothécaire à Hanovre, où il écrivit ses principaux ouvrages et où il mourut. Inventeur en même temps que Newton (1676) du calcul différentiel et intégral, Leibniz abandonna en physique le mécanisme de Descartes au profit d'une dynamique fondée sur la notion de force. Selon lui le monde est constitué de substances simples en nombre infini, les monades, qui diffèrent en qualité mais qui sont chacune un miroir de l'univers. Fermées à toute influence du dehors (« sans fenêtres »), leurs perceptions proviennent de changements internes qui ont pour principe l'appétition. L'accord des perceptions et des monades entre elles résulte d'une « harmonie préétablie » par Dieu. La combinaison des monades qui forme l'univers n'était qu'une des combinaisons possibles dans l'intelligence divine, mais c'était la meilleure. C'est pourquoi ce monde est le meilleur des mondes possibles.

• Œuvres principales : "Nouveaux essais sur l'entendement humain" (1704), "Essais de théodicée" (1710), "La Monadologie" (1714).

Un génie universel Né en 1646 à Leipzig, Wilhelm Gottfried Leibniz, après des études de philosophie, suit à Iéna des cours de mathématiques, puis étudie à Altdorf la jurisprudence. Chargé de mission diplomatique, il fait des progrès scientifiques rapides lors d'un séjour à Paris, où il se lie avec le monde savant. En 1676, il découvre le calcul infinitésimal (en même temps que Newton). À la fin de décembre 1676, il s'installe à Hanovre comme bibliothécaire et conseiller du duc de Hanovre. Il s'occupe de technologie, travaille à la création d'une Académie des Sciences analogue à celle de Paris et parcourt en tous sens l'Europe. Il eut plus de 600 correspondants et fut en relation avec tous les grands esprits de son temps. Leibniz meurt abandonné et solitaire en novembre 1716, en particulier à cause de son universalisme politique. Seule l'Académie de Paris salua son génie. Leibniz avait vraiment tout enrichi : les mathématiques, la géologie, la linguistique ; il s'était efforcé de construire une logique qui serait une langue universelle. Rien n'échappa à ce penseur d'exception ! L'oeuvre de Leibniz est immense : citons, tout particulièrement, le "Discours de métaphysique" (vers 1685), les "Nouveaux Essais sur l'entendement humain" (1704), les "Essais de Théodicée" (1710), "La Monadologie" (1714).

La monade, unité vraie Le système de Leibniz est une « monadologie ». Qu'est-ce qui, véritablement, existe ? Réponse de Leibniz : la substance individuelle, la monade (d'un mot grec signifiant unité), substance simple entrant dans tous les composés. La monade est une unité vraie, irréductible à la fausse unité d'un agrégat (par exemple, la fausse unité d'un tas d'ordures). Seul Dieu crée continûment des monades et les règle. Cette substance simple, incorruptible, indivisible qu'est la monade, est sans ouverture, sans fenêtres, sans portes. Les monades ne peuvent se transformer que par un mouvement interne, fruit de leur constitution, et jamais sous l'effet de contacts venus de l'extérieur. Toutefois, chaque monade, malgré son absence de fenêtres, est un miroir vivant exprimant tout ce qui arrive dans l'univers. Mais la monade perçoit l'univers d'un point de vue qui lui est propre : elle est douée de perception. Leibniz est ainsi conduit à rejeter fermement le mécanisme de à Descartes : pour lui, tout est vivant dans la nature.

• Avec la monade, naît aussi la notion moderne d'individu, cet être unique et isolé, qui jouera aux XIXe et XXe siècles un rôle majeur dans la littérature, la politique et la civilisation. L'inconscient Alors que Descartes conçoit un cogito parfaitement transparent à lui-même, Leibniz est un des premiers à aborder le problème de l'existence d'un inconscient, dont le contenu échappe à la conscience. Quand je me promène au bord de la mer, mille petites perceptions forment le tout de ma claire perception. Les petites perceptions (et aussi le passé) forment une trame psychique inconsciente que Leibniz est un des premiers à découvrir. Puisque la monade n'est pas toujours consciente, il y a de l'inconscient.

L'harmonie préétablie : le meilleur des mondes possibles Les monades, nous l'avons vu, sont chacune un miroir de tout l'univers, et par conséquent de la volonté de leur divin créateur. Elles sont donc réglées pour s'accorder ensemble : c'est la théorie de l'harmonie préétablie. Ainsi notre univers est-il cohérent et Dieu a-t-il réalisé le meilleur des mondes possibles. Dans cette optique, le mal résulte de notre façon de considérer l'univers qui est pourvu de beaucoup plus de biens que de maux. Conclusion Inventeur du calcul infinitésimal, explorateur de l'inconscient, créateur d'un système d'univers vivant et harmonieux, mais aussi adversaire de Locke et de Descartes, Leibniz a ouvert de nombreuses voies vers le monde moderne.




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