LECONTE DE LISLE Charles Marie Lecomte dit
LECONTE DE LISLE Charles Marie Lecomte dit 1818-1894
Son père, chirurgien militaire à la Réunion, où Charles Marie voit le jour, voudra faire de lui un commerçant. Las, le jeune homme n'a aucune disposition pour l'épicerie et bientôt se brouille avec la famille, qui lui coupe les vivres (il a osé se prononcer en faveur de l'abolition de l'esclavage!). Bientôt, déçu par les hommes et par Dieu, Leconte, qui sera désormais de Lisle, va chercher refuge dans la poésie et l'antiquité grecque. Les Poèmes antiques (1852), son premier recueil, dont la préface sonne le glas du Romantisme, sont suivis dix ans après des Poèmes barbares, puis par la fondation, en 1866, du journal Le Parnasse contemporain (de là vient le nom de l’école poétique Le Parnasse, qui condamne le lyrisme personnel et prône la recherche d’une forme impeccable, et celui de ses membres les parnassiens). Au lendemain de la débâcle de 1870, vient la gloire pour le poète qui donnera encore Poèmes tragiques (1884). Aujourd’hui, ses poèmes antiques nous semblent plutôt en toc, et ce souci de la belle forme, beauté soumise aux critères de ces architectures néo-classiques (lourdeur et angles droits) qui ont fleuri toute la fin du siècle, ne nous touche plus que pour l’anecdote, comme pourrait nous émouvoir l’aveu d’une impuissance.
Poète, né à Saint-Paul, dans l’île de la Réunion. Fils de famille, il s’installe à vingt-sept ans à Paris, où il se lie à des cercles de bouillants socialistes (« fouriéristes ») ; écrit des articles contre l’esclavage, qui déterminent une brouille définitive avec son père. Mais il abandonne ses idées révolutionnaires un peu plus tard, et se passionne désormais pour la sagesse orientale, tout en passant sa vie - dans un but uniquement alimentaire, d’abord - à traduire Homère et les tragiques grecs. De cette double influence, attique et bouddhique, naîtront deux recueils de poésie : Les Poèmes antiques (1852) et Les Poèmes barbares (1862), ces derniers plus riches et plus variés dans leur inspiration. Au souvenir des images exotiques de sa jeunesse, se mêlent désormais des évocations historiques: vieilles civilisations Scandinaves (Le Cœur d’Hÿalmar) ou hébraïques (Qaïn). De jeunes poètes, groupés sous le nom de « Parnasse » (1862) le nomment chef d’école ; et sa muse, dès lors, va quelque peu se guinder. Paradoxalement, tandis que ses disciples attendent de lui la codification de la doctrine « parnassienne » dite de l’art pour l’art, qui implique (à l’inverse de factuelle» théorie de l’engagement) le refus de toute préoccupation d’ordre social ou même simplement moral, le « chef » nouvellement promu va céder à une pente naturelle - déjà très forte chez lui, dès sa jeunesse - à la vaticination lugubre (sombre mélange de fatalisme et de nihilisme : Aux modernes, L’Anathème, Fiat nox, L’Illusion suprême), c’est-à-dire la pire des littératures engagées, la plus lourdement insistante : celle qui prêche sur le mode prophétique le total désengagement. Cette tendance va, d’ailleurs, s’accentuer encore dans son dernier recueil, Les Poèmes tragiques (1884). On ne lit plus guère Leconte de Lisle. On le chante encore un peu | grâce à Fauré, Chausson, Duparc, etc. (Les Roses d’Ispahan, Phidylé, Le Colibri, Néère), car ce morne philosophe fut aussi, par bonheur, un très bel artiste ; seul dans son école parnassienne (qui, mis à part l’adorable Heredia, rassemble les artisans les plus intrépides, mais, aussi, les | plus insipides et les plus creux du siècle : Sully Prudhomme, Coppée, etc.), seul il a l’oreille musicienne. Seul aussi, quand il s’abandonne à sa vraie nature, il a la fraîcheur d’âme, la joie sans problèmes, de l’enfance et de ces peuples, anciens ou lointains, qu’il a si bien compris et si joliment chantés (La Fontaine aux lianes, Le Manchy).
LECONTE DE LISLE (CHARLES LECONTE, DIT)
Poète français né à la Réunion en 1818, mort à Louveciennes en 1894. Ce n’est qu’en 1862, avec la parution des Poèmes barbares, qu’il devint le chef incontesté de l’École parnassienne. Il avait déjà donné ses Poèmes antiques (1852), Poèmes et Poésies (1854) et une traduction de l’Iliade et de l'Odyssée (1846). À l’élan romantique, il substitua l’inspiration antique des grandes traditions religieuses : gréco-païenne, biblique, hindoue et bouddhique. L’exotisme que lui offrit le souvenir de ses voyages, en Inde et dans l’archipel de la Sonde, lui permit d’habiller des poèmes tels que Les Éléphants, La Panthère noire... Il s’occupa quelque temps de politique et milita pour l’affranchissement des Noirs, ce qui le brouilla avec sa famille.
LECONTE DE LISLE, Charles Marie Leconte, dit (Saint-Paul, La Réunion, 1818-Louveciennes, 1894). Poète français. Il fut le chef de file de l'école parnassienne et préconisa une « poésie objective » sans effusion lyrique. Conquis d'abord par les idées de Charles Fourier puis déçu par l'échec de la révolution de 1848, Leconte de Lisle se consacra à la poésie (Poèmes antiques, 1852; Poèmes barbares, 1862) et à la traduction d'Homère. Il fut reçu à l'Académie française en 1886. Voir Parnasse (Le).
Né à Saint-Paul de la Réunion en 1818 et élevé avec rudesse par un père de souche bretonne qui veut en faire un négociant, Charles Marie Leconte, dit Leconte de Lisle, parcourt l'Inde et les îles de la Sonde pendant son adolescence. Mais, jeune homme, il abandonne le commerce et s'établit à Rennes pour étudier le grec et l'histoire. Après être retourné dans son île natale, il se fixe à Paris où, acquis aux idées républicaines, il collabore à diverses revues fouriéristes dans lesquelles il fait paraître ses premiers poèmes. Un article, dans lequel il applaudit à la suppression de l'esclavage dans les colonies, le brouille avec sa famille qui lui coupe les vivres. Sous le Second Empire, abandonnant la politique, il parvient à vivre médiocrement de sa plume et entreprend de traduire les chefs-d'œuvre de la poésie grecque et latine. La parution de ses poèmes [Poèmes antiques (1852), Poèmes et Poésies (1855), Odes anacréontiques (1861), Poèmes barbares (1862)1 fait de cet homme discret le chef de file d'une nouvelle génération de poètes, le Parnasse, qui se réunit dans son appartement exigu. Nommé, après la Commune, sous-bibliothécaire au Sénat, il est élu à l'Académie française au fauteuil de Victor Hugo, selon le vœu de l'auteur des Misérables qui l'a soutenu depuis ses débuts littéraires. Il meurt à Louveciennes en 1894.