Le transhumanisme (l’humain et ses limites)
Introduction Notre époque = 2e mondialisation, 3e révolution industrielle (transhumanisme, ubérisation du monde ou économie collaborative). Toutes les grandes religions nous promettent la vie éternelle mais… après la mort ! Le transhumanisme nous propose la mort de la mort, de ne plus mourir de notre vivant ! Immortalité terrestre et non plus céleste. Dans les 25 ans qui viennent, on fera plus de progrès que dans les 2500 ans qui précèdent, depuis Hippocrate. Convergence des NBIC = Corps humain réparable cellule par cellule.
NBIC : Nouvelles technologies |
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nanotechnologies,_biotechnologies,_informatique_et_sciences_cognitives
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Possibilité de modifier le patrimoine génétique des individus comme on le fait depuis longtemps avec les OGM. Modifier notre espèce de façon irréversible, en vue d'améliorer la condition humaine. Modification (grâce aux cellules souches, à l'ingénierie génétique, au clonage reproductif, à l'hybridation homme/machine) de la nature et la condition humaines. Transhumanisme = rendre l'humain plus humain ? Le déshumaniser ? Voire le post-humaniser ? Quel sera le futur de l'espèce humaine ? Notre pouvoir limité sur notre nature humaine ne sera pas sans conséquence philosophique ?
Le mot de "transhumanisme" est créé par Julian Huxley (le frère d'Aldous Huxley, l'auteur du "Meilleur des mondes").
- Le transhumanisme : né aux USA il y a 20 ans. Google ou Alphabet. Deep mind, Calico.
Intégrer la révolution du darwinisme: l'homme est une espèce animale comme une autre cad en évolution. La nature humaine n'est pas finie, fixe. Elle évolue au fil d'une vaste temporalité. L'homme et l'espèce humaine sont perfectibles comme le disait déjà Rousseau : https://databac.fr/la-perfectibilite-chez-rousseau/
L'être humain est toujours dans le dépassement de soi et de son espèce. Concept du surhomme : « L'homme est quelque chose qui doit être dépassé. Qu'avez-vous fait pour le dépasser ? » Friedrich Nietzsche in Ainsi parlait Zarathoustra (1885)
Vivre en meilleure santé, plus longtemps et peut-être plus heureux grâce à la technologie => Le transhumanisme serait-il un humanisme ? 5 idées du transhumanisme :
- Création d'un homme augmenté.
De la médecine thérapeutique, réparatrice à la médecine augmentative, améliorative.
- Médecine réparatrice => Dans l'Antiquité grecque, par exemple, le médecin était censé viser la santé, c'est-à-dire l'harmonie du corps biologique comme le juge celle du corps social. On cherchait le retour à l'ordre après le désordre, la restauration de l'harmonie après l'apparition de la maladie, biologique ou sociale, causée par des agents pathogènes ou des criminels.
- Médecine augmentative => Améliorer, augmenter l'humain. Exemple d'Elon Musk et Neuralink : développement d'implants cérébraux pour augmenter la mémoire et l'intelligence ou pour guérir la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques, la dépression, etc. Homme symbiotique.
Dépasser les limites de l'humain à l'aide de la raison et du progrès technique (lien vers les Lumières). Valeurs basées sur le bien-être. Fabriquer une nouvelle espèce humaine transhumaine ou posthumaine. La nature humaine n'est pas une fin mais un point de départ. Dépasser les limites temporelles de l'espèce humaine. Remettre en cause le caractère inéluctable de la vieillesse et de la mort. Exemples de médecine augmentative : Chirurgie esthétique= laideur, pas une maladie. Or, soigner la laideur <= Améliorer l'humain. Drogues / Médicaments = viagra, drogue de l'augmentation ! Vieillesse n'est pas une maladie. Idem pour les sportifs qui se dopent. Les transhumanistes se proposent d'étendre l'humanisme en mettant en question les limites humains par les moyens de la science et de la technologie. Amélioration des capacités intellectuelles et physiques. Humain = phase de transition dans le développement évolutif de l'intelligence. Passage d'une condition humaine à une condition transhumaine ou posthumaine. Anti-naturalisme du transhumanisme. Exemple du professeur de médecine Antinori qui a permis à des femmes ménopausées d'avoir un enfant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Severino_Antinori Transgression des limites naturelles. Pouvoir démiurgique de l'homme sur lui-même. Casser tous les possibles, dépasser toutes les limites. Démanteler les impossibilités : éradiquer le cancer d'ici 2026, euthanasier la mort ! => https://www.nouvelobs.com/societe/20141010.OBS1760/le-cancer-sera-t-il-vaincu-en-2030.html La nature n'est pas une limite morale. Refus d'une médecine purement réparatrice. Exemple pris par les transhumanistes : 2 personnes de petite taille. L'une à cause d'un accident dans l'enfance et l'autre génétiquement. Pourquoi soigner l'une plutôt que l'autre ? Pourquoi une médecine seulement réparatrice (accident) et pas augmentative (génétique) ?
- Eugénisme moral :
Actuellement, 97 % des femmes qui savent par amniocentèse que leur enfant est trisomique avortent. Il est désormais possible d'obtenir l'ADN d'un fœtus à partir d'une simple prise de sang de la mère entre 5 et 10 semaines. On peut connaître « toutes » les caractéristiques physiques de l'enfant à naître avant le délai légal de 12 semaines pour pouvoir avorter <= Eugénisme 2.0. Disparition de beaucoup de maladies génétiques comme la myopathie, la mucoviscidose, la trisomie 21. Pourquoi ? Car les fœtus auront été avortés par les parents… Enfant à la carte avec la modification du génome. Eugénisme égalitariste : Etat providence = corriger les inégalités sociales. Transhumanisme = Corriger les inégalités naturelles. « From chance to choice ». Correction de la loterie génétique. Il ne s'agit plus simplement de « réparer », mais bel et bien « d'améliorer » l'humain, de travailler à ce que les transhumanistes appellent son « improvement » ou son « enhancement », son « augmentation », son « renforcement ». La nature n'est pas bonne en soi. Médecine = corriger les inégalités naturelles. Suivre la Nature comme modèle moral à respecter est un projet nazi. Dans la nature, les faibles et les handicapés sont éliminés. La nature n'est pas morale. Le transhumanisme est un anti-nazisme : il est tout le contraire de l'eugénisme nazi, attendu qu'il veut, non pas du tout éliminer les faibles ou les supposés « tarés », mais au contraire réparer, voire augmenter les qualités humaines que la nature distribue de manière à la fois parcimonieuse et inégalitaire. « Le transhumanisme est-il un humanisme ? » de Gilbert Hottois : Respect de l'égalité et de la dignité des personnes. Corriger les inégalités naturelles et contingentes. Génétique = corriger les inégalités naturelles elles-mêmes. Droit de modifier le génome humain. Eugénisme égalitariste et démocratique.
- Perfectibilité humaine indéfinie.
Référence à Condorcet : « Nos espérances sur les destinées futures de l'espèce humaine peuvent se réduire à ces trois questions : la destruction de l'inégalité entre les nations ; les progrès de l'égalité dans un même peuple : enfin le perfectionnement réel de l'homme. […/…] Enfin, l'espèce humaine doit-elle s'améliorer, soit par de nouvelles découvertes dans les sciences et dans les arts, et, par une conséquence nécessaire, dans les moyens de bien-être particulier et de prospérité commune ; soit par des progrès dans les principes de conduite et dans la morale pratique ; soit enfin par le perfectionnement réel des facultés intellectuelles, morales et physiques, qui peut être également la suite, ou de celui des instruments qui augmentent l'intensité et dirigent l'emploi de ces facultés, ou même de celui de l'organisation naturelle ? » Condorcet, Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, 1795.
- Annonce du transhumanisme : perfectionner le physique et le psychisme de l'homme. La nature n'est pas une limite absolue.
Héritage de l'humanisme traditionnel (Pic de la Mirandole, Rousseau, Kant) : l'homme est un être anti-naturel et perfectible indéfiniment. Rendre l'humain plus humain : plus intelligent, plus cultivé, plus créatif, plus empathique. Le projet transhumaniste repose sur la conviction qu'un progrès sans fin, qu'une perfectibilité illimitée de l'espèce humaine, est à la fois possible et souhaitable.
- (https://databac.fr/la-perfectibilite-chez-rousseau/ )
- Lutte contre la vieillesse et la mort.
Mythe d'Asclépios : fils d'Apollon. Mortel ayant appris la médecine grâce au très sage et savant Chiron, le centaure. Athéna lui a offert un médicament qui fait revivre les morts. Du sang de la Méduse. Sur la demande d'Hadès (inquiet de l'immortalité des hommes), Zeus le foudroya et le ressuscita sous la forme d'un reptile. Quête de la vie sans fin. Retarder la mort. Fabrication d'une humanité jeune et vieille à la fois. Arrêt du vieillissement. Sagesse de l'âge et fougue de la jeunesse, de la vitalité. Pas immortalité véritable car l'homme vit (encore ?) dans un corps biologique. L'homme aura toujours la possibilité du suicide, de l'accident, de l'attentat… pour mourir. Modification de l'ADN des souris qui vivent 30 % de plus et mieux (université de Rochester) => https://www.letemps.ch/sciences/chercheurs-ont-rallonge-dun-tiers-vie-souris Eradication des cellules sénescentes, cancéreuses. Travail sur les cellules souches, totipotentes. Fabriquer du tissu cardiaque, pulmonaire, par exemple. ↑↑↑ Contrairement à ce que pensait le grand Jacques Monod ↑↑↑ => Séquençage du génome humain = de 1990 à 2003 pour un cout de 3 milliards de dollars. Le Nobel de médecine en 1965, Jacques Monod, père de la génétique moléculaire s'est trompé ?. Maintenant, le cout du séquençage d'un génome coûte à peine 300 dollars. Démocratisation. Angélina Joly = ablation des seins grâce au séquençage de son ADN. Thérapie personnalisée grâce au séquençage avec l'IA. Possibilité de copier l'ADN. Possibilité de thérapie génie de l'embryon = corriger le gène abimé. Hybridation homme/machine. Biotechnologies.
- Vivre en bonne santé plus longtemps. Pas une société de vieillards en fauteuil roulant. 150 ans ? Pourquoi être effrayé ? N'est-ce pas la mort et la vieillesse qui le sont ?
1750 = 25 ans. Espérance de vie à la naissance. 1863 = 37 ans. 1900 = 45 ans 1951 = 63 ans 2015 = 81 ans. 2016 = 82 ans. Nous n'avons amélioré que l'espérance de vie, pas la longévité humaine (environ 120 pour Jeanne Calmant). Mais l'être humain restera mortel même si on lutte contre la vieillesse. On déplace seulement la limite… pour le moment.
- Humanité plus sage.
Booz endormi d'Hugo = Vieillesse permet l'élargissement de l'horizon, plus d'humanité. Humain indéfiniment perfectible. Être jeune et vieux à la fois.
Conclusion partielle : Solutionnisme, utilitarisme et anti-spécisme. Transhumanisme = une philosophie qui se veut « postmétaphysique » (cad matérialiste), optimiste, écologiste, égalitariste, féministe et « antispéciste » (favorable au droit des animaux). Optimisme technophile (« solutionnisme » : les innovations vont réduire tous les problèmes du monde : criminalité, climat, mort). Manque de tragique. Mark Zuckerberg nous annonçant, avec la foi du charbonnier, comment les nouvelles technologies allaient nous permettre, « si nous nous y prenons bien », de résoudre « tous les problèmes du monde ». Rien que ça ! Résoudre grâce à la technologie : la criminalité, les accidents de la route, le cancer ou l'obésité, jusqu'aux famines et à la pollution en passant par le réchauffement climatique et les conflits du Moyen-Orient ? Utilitarisme = but de la vie c'est le bonheur. Ultra libéral. Gauchisme américain devenu ultralibéral. Libertarien. Apple, google, Facebook = ultralibéralisme et à prétention philanthropique. Antispécisme = critique de l'anthropocentrisme. L'homme est un animal comme les autres, il n'occupe pas une place particulière dans la nature. Héritage des luttes féminismes et écologiques. Critique du transhumanisme (bio-conservateurs). Les bio-conservateurs s'opposent au transhumanisme. Vaut-il mieux mourir à 75 ans sans les NBIC ou à 150 avec les NBIC ? Le cerveau est-il un sanctuaire qu'il ne faut pas modifier ? Faut-il faire un moratoire sur les NBIC ? Pourra-t-on empêcher d'autres pays de respecter ce moratoire ? Anti-transhumanistes (= bio-conservateurs) : Déraisonnable de changer la nature, fruit d'une longue et complexe évolution. Accepter notre condition humaine. ≠ Bio-progressistes : L'homme n'a cessé de modifier son génome de génération en génération. Echange de population. Mariages, métissage. La nature se moque du bien-être humain. La nature n'a rien de sage ou de moral. Les hommes ont toujours lutté contre la nature.
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Première critique du transhumanisme : Francis Fukuyama ("La Fin de L'homme. Les conséquences de la révolution biotechnique") : argument naturaliste (la nature est bonne): la sacralisation de la nature comme norme morale . La morale, les droits de l'homme se sont enracinés dans la nature humaine. Si on modifie la nature humaine on modifierait les fondements de la morale. La morale s'enracine dans un socle qui est la nature humaine. Par prudence ne pas modifier l'ordre naturel. Sacralisation de la nature.
Critique de Fukuyama = la nature ne nous montre pas ce qui est et pas ce qui doit être. Le devoir-être n'est pas inscrit dans l'être. Sommes-nous vraiment sûrs que la nature soit si bonne qu'il ne faille surtout pas l'améliorer mais la conserver comme telle avec gratitude ?
- Deuxième critique du transhumanisme : Michael Sandler (professeur à Harvard) : Il faut accepter avec humilité les dons de la nature parfois bonne, parfois mauvaise. Transhumanisme = Pathologie du cartésianisme de se rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature » (in « Discours de la méthode »). Volonté de maîtrise = Perte d'humilité, perte de l'innocence, perte de solidarité. Modifier la nature aura 3 conséquences dangereuses, perte de 3 qualités morales majeures :
- Perte de l'Humilité = perte de la mesure. « Hubris », démesure de l'homme du post-cartésianisme. Nous n'accepterons plus le handicap avec humilité car nous aurions pu l'éliminer. Exemple de « Bienvenue à Gatacca ».
- Perte de l'Innocence = On sera responsables de tout et de tous. Responsabilité vis-à-vis des enfants. Responsabilité du choix de modifier génétiquement nos enfants ou pas. On sera responsable de tout même des enfants à venir. Révolte des enfants contre les parents. Que diront à leurs parents des enfants qui naissent sourds ou aveugles ? Leur feront-ils un procès au motif qu'ils n'ont pas pris soin de faire les tests et manipulations génétiques ? Le grand risque, c'est que les parents cèdent à des modes (telle génération voudra des enfants blonds, telle autre des bruns, celle-là des gentils, l'autre des combatifs, etc.), de telle sorte que les enfants pourront plus tard leur reprocher leurs choix.
- Perte de la Solidarité = Si on prévoit tous les risques (maladies, tares physiques ou mentales) = égoïsme généralisé. Exemple de l'assurance ou de la mutuelle. Lorsque vous prenez une assurance, vous êtes sous le « voile d'ignorance » (Rawls) de ce qui peut vous arriver. Vous vous assurez parce que vous êtes dans l'ignorance de l'avenir. C'est parce que nous ignorons les risques encourus par nous-mêmes autant que par les autres dans le futur de nos vies que nous acceptons tous de payer une prime d'assurance, quitte à ce que d'autres en profitent plus que nous (ou l'inverse). On ne sait pas, on ignore l'avenir, mais le risque étant le même pour tous, on accepte de prendre cet autre risque qui consiste à s'assurer le cas échéant pour rien. Mais à partir du moment où nous sommes responsables de ce qui nous arrive, responsables de nos tares, de nos maladies à venir ou de leur éradication, la solidarité tendra à être remplacée par la responsabilité du « chacun pour soi ».
On paye tous, à égalité, on mutualise les risques. Si je n'ai pas d'accident, je paye pour celui qui en a un. Si je savais que je n'aurai jamais aucun accident, je ne payerai pas mon assurance. Perte de la solidarité. Hypothèse faustienne = si je n'ai aucun risque d'attraper de maladies, à quoi bon payer les frais médicaux des autres ?
- Troisième critique du transhumanisme : Hans Habermas (« L'avenir de la nature humaine ») : Possibilité de modifier le destin génétique des enfants. La liberté des parents empiètera sur la liberté des enfants. Le choix des parents annihilera le libre-arbitre des enfants. Les parents imposant leurs choix à leurs propres enfants: celui d'augmenter telle capacité plutôt que telle autre, des dons pour les sports par exemple, plutôt que pour les arts et les lettres. Les parents auront choisi le destin des générations futures.
Habermas accepte les modifications génétiques si elles sont thérapeutiques (soigner une maladie) et non augmentatives. Critique d'Habermas et de Sandler = les parents décident déjà de l'avenir des enfants en fonction de leur conviction (morale, politique, religieux) et/ou de leur argent. Ne rien faire, c'est faire. L'innocence est perdue. L'autonomie, c'est la perte de la responsabilité. Ne pas choisir de modifier le génome de mon enfant, c'est déjà un choix eugéniste. Le non-choix est un choix. Mon enfant pourra me reprocher d'avoir agi ou de ne pas avoir agi. Que diraient à leurs parents des enfants qu'on aurait privés des bienfaits de la science au motif qu'ils étaient prohibés par tel ou tel principe éthique ou religieux plus ou moins irrationnel ?
- Quatrième critique du transhumanisme : Critique contre l'immortalité ou de la très longue longévité : On pourra toujours mourir dans un accident, un attentat, un meurtre ou un suicide par exemple. Problème de surpeuplement et de natalité zéro. Elon Munsk veut coloniser la planète Mars à partir de 2025. Aimerait-on vivre très longtemps ? Dans sa nouvelle « L'immortel », Jorge Luis Borges, imagine un Romain qui devenu immortel recherche un ruisseau qui le rendrait enfin mortel. Immortalité comme fardeau et souffrance.
Problème de la régulation du transhumanisme sera difficile. 3 raisons :
- Technologie très complexe. Les politiques et les intellectuels sont dépassés par les scientifiques et les laboratoires.
- Evolution très rapide. Loi de Moore dans tous les domaines.
- Révolution internationale, géopolitique. Législation mondiale ? Tourisme génétique ? Compétition militaire, étatique, familiale.
- Nous sommes sur un tobogan bio-transgressif. Nous acceptons de plus en plus facilement les conséquences morales des biotechnologies. Les lignes rouges, les interdits moraux sont des lignes Maginot qui ne tiennent pas.
Ces technologies étaient inacceptables, maintenant, elles sont tolérables voire souhaitables. La société acceptera la GPA, les utérus artificiels, les thérapies géniques, etc., pour moins souffrir, pour moins vieillir, pour moins… mourir. https://www.liberation.fr/societe/1999/02/17/premiere-fecondation-sans-spermatozoide-un-premier-bebe-est-ne-d-une-technique-hasardeuse_265160/ https://www.europe1.fr/emissions/L-innovation-du-jour/immaculee-conception-un-embryon-cree-uniquement-a-partir-de-cellules-de-la-peau-des-parents-3897125 Nous dirons oui aux implants cérébraux contre l'Alzheimer, oui aux cellules souches contre le cancer, oui aux thérapies géniques. Nous sommes déjà des hommes augmentés (lunettes, contraception, pacemaker, prothèse de hanche). Bonification de notre corps. Nous accepterons d'être transhumains plutôt que morts. En fait, si l'on se place du point de vue de la théorie synthétique de l'évolution, le recours à des manipulations génétiques rendues possibles par les biotechnologies ne serait plus une option, un simple choix possible parmi d'autres, mais une nécessité absolue pour la survie de l'espèce en raison de l'affaiblissement de la sélection naturelle dans nos pays ultracivilisés et médicalisés. Conclusion : immortalité et transhumanisme. Si on vous donnait le choix d'être immortel ? Le voudriez-vous ?
- L'immortalité poserait un pb démographique. Pas le droit d'avoir des enfants ?
- Une vie sans fin aurait-elle un sens ? Une musique, un film sans fin auraient-il un sens ? Ennui ? Paresse ?
- Co-existence de plusieurs humanités ? Comme Cro-Magnon et Neandertal ? Une humanité augmentée et une humanité « normale » ? Société d'apartheid ? Inégalité biologique qui se traduirait en inégalité sociale.
Limites techniques des démocraties : Démocraties incapables de régulation. Régulation toujours en retard. Allons-nous devenir une colonie numérique des GAFA ou de BATX ? Que fera-t-on des cerveaux à moins de 150 de QI en 2050 lorsque l'IA sera gratuite ? Le cerveau biologique aura-t-il encore une utilité sociale ? Des politiques eugénistes pourraient être menées par des Etats en vue d'augmenter le QI moyen de leurs concitoyens, de leur armée: https://trustmyscience.com/bebes-chinois-modifies-genetiquement-pourraient-avoir-capacite-apprentissage-amelioree/ Certains pensent que le transhumanisme nous emmena à la religion 3.0 :
- Religion 1.0 : polythéisme
- Religion 2.0 : monothéisme
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Religion 3.0 : Homme-Dieu. Homo-Deus (modifier notre cerveau, notre ADN, etc.). Homme augmenté, immortel, connecté sur l'intelligence artificiel. « Godlike ».
Si nous ne régulons pas le transhumanisme, nous aurons des « gods and unless », « des dieux et des inutiles » selon l'expression de Harari dans « Homo Deus ». Des « dieux » cad des hommes augmentés par les BATX et les « inutiles », cad des simples humains trop humains, rendus obsolètes par l'IA, le transhumanisme et au RUB (revenu universel de base) => https://usbeketrica.com/fr/article/sommes-nous-en-train-de-devenir-des-dieux
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Urgence politique à discuter ces questions.
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