Le totalitarisme et sa critique
Le régime totalitaire, qui apparaît lorsque le politique dévore la totalité de la vie des membres de la société qui le subit, dans tous ses domaines d'expression et en niant toute vie absolument privée. Rien n'échappe, en effet, à la contrainte qu'exerce l'État totalitaire sur les conduites des particuliers.
Mussolini voyait dans le « totalitarisme » (il est l’un des premiers à avoir employé l’expression) le moyen de contrôler « du berceau à la tombe » l’existence quotidienne des individus.
- Les caractéristiques de l'Etat totalitaire:
Raymond Aron, (rival libéral de Sartre) dans "Démocratie et Totalitarisme", caractérise en 6 points l’État totalitaire :
- Un parti a le monopole de l'activité politique = parti unique.
- Une idéologie, vérité officielle de l'Etat.
[« Toute idéologie est un effort pour justifier devant soi-même ou devant autrui une ligne de conduite qui a besoin de l'être, c'est-à-dire dont la justice n'éclate pas aux yeux de tous. » Leo Strauss, «Droit naturel et histoire ».]
- Monopole des moyens de persuasion (médias): radio, TV, presse, internet.
- Activités économiques et professionnelles deviennent une partie de l’État = syndicat du parti, planification économique.
- Embrigadement de la jeunesse : jeunesse communiste, «Hitlerjugend».
- Culte de la personnalité : «Le petit père des peuples», «Fuhrer».
- Critique du totalitarisme :
=> Statolâtrie = culte, idolâtrie de l’État. État totalitaire = formule inédite de l’État avant le XXe. Projet de l'Etat total, incarné par le fascisme mussolinien et le nazisme hitlérien. Volonté de nier la séparation entre société civile et État et d'étendre les prérogatives de l’État sur le droit privé. Les relations familiales ou professionnelles deviennent activité de l’État et relèvent de l'idéologie officielle qu'il monopolise. Abolition d'autonomie de la société civile, des corps intermédiaires (syndicats), du pluralisme politique. Contrôle de la totalité des activités sociales au nom d'une idéologie officielle. Cela s'accompagne de la fétichisation de l’État qui devient un "absolu devant lequel les individus et les groupes ne sont que des relatifs" (Mussolini). Le lien politique est alors renforcé en extension et en intention. État n'est plus un simple moyen, il devient une fin en soi.