Le refoulement chez Freud
Dans tous ses travaux, Freud fait l'effort d'expliciter largement sa méthode d'investigation. Il ne se contente pas d'indiquer des résultats, il décrit en détail le cheminement qu'il a suivi pour y parvenir.
Problématique
Certaines représentations ne peuvent devenir conscientes car un état psychique s'y oppose, le refoulement. La guérison qu'a permis la technique psychanalytique en prouve la validité.
Enjeux
L'épistémologie moderne a montré qu'il ne suffit pas de produire une théorie explicative qui rende bien compte des phénomènes pour que cette théorie soit vraie. Le phénomène peut être vrai, mais pas la théorie qui l'explique.
Le refoulement
Inutile de répéter ici en détail ce qui a été dit tant de fois. Qu'il nous suffise de rappeler que c'est en ce point qu'intervient la théorie psychanalytique, pour déclarer que si certaines représentations sont incapables de devenir conscientes, c'est à cause d'une certaine force qui s'y oppose ; que sans cette force elles pourraient bien devenir conscientes, ce qui nous permettrait de constater combien peu elles diffèrent d'autres éléments psychiques, officiellement reconnus comme tels. Ce qui rend cette théorie irréfutable, c'est qu'elle a trouvé dans la technique psychanalytique un moyen qui permet de vaincre la force d'opposition et d'amener à la conscience ces représentations inconscientes. À l'état dans lequel se trouvent ces représentations, avant qu'elles soient amenées à la conscience, nous avons donné le nom de refoulement ; et quant à la force qui produit et maintient le refoulement, nous disons que nous la ressentons, pendant le travail analytique, sous la forme d'une résistance.
- refoulement : phénomène psychique qui se manifeste chez le sujet par l'impossibilité de faire passer un contenu inconscient à la conscience. Du fait qu'il n'existe aucun refoulement total, il y a toujours un résidu qui se manifeste par des perturbations psychiques, voire physiques, ce qui permet d'en établir l'existence.
- REFOULEMENT, n. m. Sens psychologique courant : action qui consiste à empêcher certains désirs de s’exprimer, de s’extérioriser et de se satisfaire, notamment au niveau sexuel. Dans ce sens, le refoulement est le plus souvent conscient. Le mot est fréquemment employé avec des connotations négatives; l’être qui refoule ses désirs est considéré comme pusillanime, déséquilibré ou hypocrite («Tu n'es qu'un refoulé ! »), puritain et « coincé ». Sens psychanalytique : processus fondamental par lequel le sujet rejette ou maintient dans l'inconscient des pulsions ou des représentations liées à ces pulsions (pensées, images, souvenirs, fantasmes). Le refoulement se produit parce que la pulsion ou sa représentation (qui en principe doit apporter du plaisir) apparaît si dangereuse que le fait même d’y penser doit être censuré : le refoulement est donc un mécanisme de défense du Moi. Le sujet pressent dans la pulsion refoulée un risque de désordre (de déstabilisation) insupportable, et dans sa réalisation éventuelle la perspective d’un châtiment (d’une culpabilité) qui l’angoisse. C’est le Surmoi qui, déclenchant le mécanisme de la censure (voir ce mot), suscite le refoulement des pensées, des désirs ou des pulsions répréhensibles. Ce refoulement est le plus souvent inconscient : le Moi (conscient) est «protégé» par la censure sans s’en rendre compte; le Surmoi agit au sein même de l’inconscient, barrant la route aux tentatives du Ça. Ainsi, l’activité de refoulement constitue l’inconscient (ce vaste système de pulsions instantanément interdites) en même temps qu’il en protège le Moi conscient. Bien entendu, tous les aspects refoulés (désirs, représentations, etc.) demeurent actifs et tentent par des voies indirectes de venir à la conscience (lapsus, rêves, symptômes divers de la « psychopathologie quotidienne »). Il s’agit là de la notion de « retour du refoulé ». Au sens psychanalytique, le refoulement n’est pas en soi une activité malsaine, en dépit de la mauvaise réputation du terme dans le vocabulaire courant. Le refoulement est un processus naturel qui aide le Moi à se constituer (à se choisir, à hiérarchiser ses désirs et pulsions) et l’être humain à devenir, par l’éducation, un être sociable : il suffit de songer aux atrocités de certaines guerres civiles pour comprendre que le refoulement est chose bien nécessaire. C’est l’excès, l’écrasement de l’être inhibé par de multiples refoulements, qui a des conséquences pathologiques. Refoulement et sublimation : dans l’activité de refoulement, les pulsions sont maintenues à l’écart de la conscience, plus ou moins maîtrisées, mais non pas anéanties.Une grande part de leur énergie, qui ne peut être employée directement, va se déplacer, s'investir dans des objets ou des projets moralement acceptables. La «libido», faisant l’objet d’un investissement à un niveau supérieur (activité sociale, réalisation artistique et culturelle, engagement désintéressé ou humanitaire) est alors dite sublimée. On oppose parfois refoulement et sublimation (le premier serait négatif, la seconde positive). En réalité, il s’agit sans doute de deux phases d’une même constitution de la personnalité : l’une repousse, trie, discipline les forces pulsionnelles; l’autre les utilise pour agir, créer, aimer. Voir Inconscient et tous les termes qui s’y rapportent.
REFOULEMENT
Nom donné par Freud au processus psychique inconscient par lequel sont écartées de la conscience certaines idées ou représentations. Il s’agit d’idées liées à une pulsion dont la satisfaction viendrait contrarier d’autres exigences (morales ou sociales) du sujet.
Refoulement
De refouler, « repousser au-dehors » (du latin fuIlare, « fouler une étoffe »). Chez Freud, mécanisme par lequel le sujet chasse hors de sa conscience un désir dont la satisfaction serait incompatible avec ses exigences morales. • Bien que devenues inconscientes, les représentations refoulées restent actives et peuvent ressurgir à tout moment dans le rêve ou dans les symptômes pathologiques.