Le Moulin de PologneJean GIONO, 1952, Folio
Récit placé par Giono dans ses Chroniques romanesques où il présente avec ingéniosité, du point de vue de témoins auxquels il donne la parole, des faits divers de son Sud imaginaire (cf. Un Roi sans divertissement). Ici, l'histoire est celle de la famille Coste, propriétaire du Moulin de Pologne, sur qui le destin s'est malignement acharné de génération en génération. Le récitant, Giono le dit, est un médiocre, qui ne parle guère de lui (on apprend par accident qu'il est clerc de notaire et bossu), mais traduit les réactions de l'opinion devant le destin des Coste, ce qui n'est pas le moindre intérêt de l'oeuvre. Le récit commence par la présentation de M. Joseph, un étranger à la ville, qui, tout à coup, lie son destin à celui de la dernière descendante des Coste, Julie, alors que tout le monde s'écarte d'elle en raison de la malédiction qui semble peser sur sa famille. À son retour du Mexique où il a perdu sa femme et sa fille, le premier Coste connu, celui qui a acheté le domaine du Moulin de Pologne, est mort du tétanos après s'être piqué avec un hameçon ; ses filles, ses gendres, ses petits-enfants sont morts prématurément dans des accidents individuels ou collectifs, ont sombré dans la folie ou disparu sans laisser de trace. Julie, son arrière-petite-fille, qu'on appelait la morte à l'école à cause des malheurs de sa famille, a le visage marqué par la paralysie survenue à la suite de convulsions. Elle allait vraisemblablement céder au désespoir au moment où M. Joseph l'épouse. M. Joseph aide Julie à lutter contre la hantise du malheur en restaurant le domaine des Coste; il veut en faire un empire pour leur fils Léonce. La malignité du destin semble vaincue. M. Joseph meurt âgé et de mort naturelle. Cependant, la femme de Léonce ne peut pas avoir d'enfant et Léonce quitte soudain le pays avec une inconnue. Désemparée, Julie se perd dans la nuit. Dans le récit, le tragique et le cocasse se mêlent du fait de la personnalité du narrateur. N'en attendons pas une réflexion sur le destin, mais Giono peut alimenter celle du lecteur.
Liens utiles
- C.E. 4 avr. 1952, SYNDICAT RÉGIONAL DES QUOTIDIENS D'ALGÉRIE, Rec. 210
- Mémoires d’Hadrien, Marguerite Yourcenar – Extrait 2 : Folio, p.51, 52. Une réflexion sur le genre humain.
- Alain, Propos sur le bonheur, XCII (16 mars 1923), Paris, Gallimard « Folio-essais », 1928, p. 209
- Jean Giono, Le Hussard sur le toit, ch. 6 : Bien longtemps avant que le soleil se lève, une petite cloche se mit à sonner dans les collines...
- Les jours sont des fruits et notre rôle est de les manger, de les goûter doucement ou voracement selon notre nature propre, de profiter de tout ce qu'ils contiennent, d'en faire notre chair spirituelle et notre âme, de vivre. Vivre n'a donc pas d'autre sens que ça. Tout ce que nous propose la civilisation, tout ce qu'elle nous apporte, tout ce qu'elle nous apportera, n'est rien si nous ne comprenons pas qu'il est plus émouvant pour chacun de nous de vivre un jour que de réussir en avi