Le Misanthrope de MOLIÈRE, 1666, Classiques Hachette

• Cette comédie en cinq actes et en vers est le type même de la grande comédie de moeurs et de caractères. Molière y pose le problème de la vérité de l'homme au milieu des conventions mondaines, ouvrant un débat sur les valeurs qui, en 1666, régissent la vie des gens de qualité. • Il met en scène un misanthrope, Alceste, qui, au nom de la sincérité, conteste l'ensemble des moeurs de son temps et déclare même éprouver une effroyable haine pour la nature humaine. Ce héros n'est pas sans contradictions en raison de son caractère passionné. Ainsi adresse-t-il de violents reproches à son ami Philinte, honnête homme modéré, qui l'exhorte à composer avec le monde, mais il est amoureux d'une jeune veuve coquette et mondaine, Célimène (I,1). Par sa franchise inopportune, il vexe Oronte à propos d'un sonnet (I,2). Il éclate contre le jeu médisant des portraits auquel se livre Célimène, poussée par les petits marquis Acaste et Clitandre, ses admirateurs (II, 4). Mais il s'aveugle sur la conduite de Célimène elle-même. Tenant en main les preuves de sa trahison que lui a remises Arsinoé, une prude jalouse, il se laisse vaincre par la comédie adroite que lui joue la coquette et la supplie même de lui faire croire qu'il est aimé. Sa passion prend des accents tragiques qui ne vont guère avec la légèreté de cette mondaine qui s'amuse de lui (IV, 3). À l'acte V, quand tous les soupirants de Célimène produisent des preuves de sa duplicité, Alceste lui reste encore attaché ; mais elle refuse de le suivre loin du monde. Il décide alors de fuir au désert, tandis que Philinte, qui donne de l'honnête homme une image rassurante, trouve le bonheur dans son mariage avec Éliante. • Cette pièce n'a pas seulement un intérêt historique ; elle met en lumière le conflit éternel entre la comédie factice dans laquelle toute société engage ses membres et le développement sincère de l'individu.