Le Lys dans la vallée Honoré de BALZAC, 1835, Le Livre de poche
Placé dans La Comédie humaine parmi les Scènes de la vie de campagne, Le Lys dans la vallée est essentiellement un roman de la passion amoureuse. Balzac a voulu refaire Volupté de Sainte-Beuve, dont il a admiré le thème mais critiqué la forme, et rendre hommage à Mme de Berny, l'initiatrice de sa jeunesse, qui a d'ailleurs été pour lui plus que Mme de Mortsauf pour Félix de Vandenesse. Le roman se compose de deux lettres. Dans la première, qui occupe presque tout le livre, le comte Félix de Vandenesse confesse ses amours passées à l'actuelle maîtresse de son coeur, la comtesse Nathalie de Manerville. Enfant mal aimé, relégué au collège par sa mère, puis tenu en étroite tutelle, Félix conserve à vingt ans la taille chétive, la sensibilité et les rêves d'un adolescent. Ainsi s'explique ce qu'est pour lui son premier bal, au printemps de 1814, à Tours; placé par hasard près des belles épaules d'une inconnue, il les couvre de baisers. Quelques jours plus tard, encore ébloui et grisé, il a le bonheur de retrouver la belle inconnue là où il s'est pris à l'imaginer, dans la plantureuse vallée de l'Indre dont elle lui paraît être le lys : c'est Mme de Mortsauf, la châtelaine de Clochegourde. Suit le récit de l'amitié amoureuse secrète qui se développe alors entre ce jeune homme exalté et cette jeune femme, de sept ans son aînée, qui s'ennuie auprès d'un époux aigri et malade. Réfugiée dans l'amour de ses deux enfants, Mme de Mortsauf se donne l'alibi de la tendresse maternelle pour accepter les visites de Félix, et oriente vers la sublimation une passion qui, même chez elle, comporte ses exigences sensuelles. Au second retour de Louis XVIII, elle aide Félix à commencer une carrière politique, guidant son entrée dans le monde et lui traçant sa conduite vis-à-vis des femmes. Mais la grande passion chaste de Félix pique la curiosité de la belle et insolente Lady Dudley qui lui révèle tout ce que lui refuse Mme de Mortsauf, sans toutefois la lui faire oublier : elle était la maîtresse du corps. Mme de Mortsauf était l'épouse de l'âme. Informée de cette liaison, cette dernière, minée par le chagrin malgré sa volonté de s'effacer, meurt bientôt, en présence de Félix à qui une lettre révèle la violence de la passion contre laquelle elle a lutté. Lady Dudley, jalouse de ce voyage à Clochegourde, rompt avec lui. À cette confession, la comtesse de Manerville réplique par des railleries sur les hésitations de Félix entre les perfections de Mme de Mortsauf et les ressources de l'amour anglais, et, parce qu'elle tient à être aimée pour elle-même, elle lui signifie son congé. Exaltant une passion qui recommençait le Moyen Age et rappelait la chevalerie, montrant cependant la révolte de la sensualité contre la sublimation enseignée par la tradition courtoise et l'idéalisme chrétien, peignant aussi la grandeur de la femme qui se perd, qui renonce à l'avenir et fait toute sa vertu de l'amour, Le Lys dans la vallée propose, sur le thème de l'amour, l'une des réflexions les plus caractéristiques de l'époque romantique.
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