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Le Jeu de l’amour et du hasard de MARIVAUX

Le Jeu de l’amour et du hasard de MARIVAUX, 1730, Classiques Hachette.

• Comédie d’intrigue en trois actes et en prose. C’est l’une des plus heureuses que Marivaux ait écrites pour les Comédiens italiens qui lui fournissaient des personnages (Silvia, Mario, Arlequin) et dont le jeu libre et gai le servait si bien.

• Hésitant devant le mariage, Silvia et Dorante ont tous les deux l’idée de changer de costume, Silvia avec sa femme de chambre Lisette, Dorante avec son valet Arlequin, pour étudier librement celui et celle que l’accord des familles leur destine. M. Orgon, père de Silvia, partage avec son fils Mario le secret de ce double travestissement. Lisette et Arlequin, sous le costume de leurs maîtres, s’éprennent d’autant plus vite l’un de l’autre qu’ils croient chacun marcher à la fortune, tandis que Dorante et Silvia sont déçus de leurs découvertes et jugent qu’en ce monde maîtres et domestiques ne sont pas toujours à la place qu’ils méritent. M. Orgon et Mario s'amusent de cette lutte du cœur contre les convenances sociales (II, 11). C’est d’abord chez Silvia que l’amour et l’amour-propre peuvent se réconcilier quand Dorante lui avoue son déguisement : Ah! je vois clair en mon cœur, se dit-elle (II, 12). Mais elle décide de conserver le sien pour conduire Dorante à la demander en mariage malgré sa qualité apparente de femme de chambre. Les hésitations de Dorante se prolongent pendant tout le troisième acte, tandis qu’Arlequin et Lisette, avec la permission de leurs maîtres, cherchent au contraire à parler de mariage au plus vite. L’amour des domestiques surmonte sans trop de peine l’aveu embarrassant de leur véritable condition (III, 6). De son côté, Dorante, qui se trompe sur les succès de son valet (III, 7) et que Silvia a su rendre jaloux de Mario, finit par déclarer à la pseudo-Lisette son désir de l’épouser (III, 8). Silvia peut se démasquer maintenant que l’amour l’a emporté (III, 9). L’action se termine dans la joie, d’autant plus que le hasard, dans sa bienveillance, a respecté l’ordre social.

• Au xviiie siècle, on a critiqué le style ingénieux et brillant de Marivaux, ce que l’on appelait son marivaudage (le terme était péjoratif). Par la suite, on a appris à l’apprécier comme une adroite expression des secrets de la sensibilité et comme un élément de la féerie théâtrale.

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