Le Don Juan de Kierkegaard
[caption id="attachment_2348" align="alignleft" width="191"] Kierkegaard[/caption]
A la froide objectivité qui enferme l'existence dans un système, Kierkegaard oppose la subjectivité comme forme de la vérité. Mais la subjectivité ne réalise pas en soi la vérité, il lui faut trouver un chemin pour parvenir à l'authenticité.
Problématique
Kierkegaard distingue trois sphères successives dans l'évolution de l'existence : esthétique, morale, religieuse. Don Juan est une figure caractéristique de la première sphère. Voué aux illusions de la sensibilité, il incarne les contradictions de toute existence prisonnière de l'instant.
Enjeux
La séduction est la contradiction d'un désir charnel sublimé et spiritualisé. C'est ce que montre l'exemple du Don Juan de Mozart, qui incarne la richesse et les dangers infinis de l'existence. En effet, dans sa quête de séduire, Don Juan métamorphose son désir en fuite et en oubli de lui-même. Le stade esthétique est le règne de l'apparence, du désordre intérieur, de la jouissance sans but, du refus de la durée.
Don Juan
Quelle est la force par laquelle Don Juan séduit ? C'est celle du désir : l'énergie du désir sensuel. Dans chaque femme, il désire la féminité tout entière, et c'est en cela que se trouve la puissance, sensuellement idéalisante, avec laquelle il embellit et vainc sa proie en même temps. Le réflexe de cette passion gigantesque embellit et agrandit l'objet du désir qui rougit à son reflet, en une beauté supérieure. Comme le feu de l'enthousiaste illumine avec un éclat séduisant jusqu'aux premiers venus qui ont des rapports avec lui, ainsi, en un sens beaucoup plus profond, éclaire-t-il chaque jeune fille, car son rapport avec elle est essentiel. Et c'est pourquoi toutes les différences particulières s'évanouissent devant ce qui est l'essentiel : être femme. Il rajeunit les vieilles de telle sorte qu'elles entrent au beau milieu de la féminité, il mûrit les enfants presque en un clin d'œil ; tout ce qui est féminin est sa proie. [...] Écoutez Don Juan ; si, en l'écoutant, vous n'obtenez pas une idée de lui, vous ne l'obtiendrez jamais. Écoutez le début de sa vie. Comme la foudre sort des nuées ténébreuses de l'orage, ainsi s'élance-t-il des profondeurs du sérieux, plus rapide que la foudre, plus capricieux qu'elle et, pourtant, aussi sûr ; écoutez comme il se jette dans la richesse de la vie, comme il se brise contre son barrage inébranlable, écoutez ces sons de violon, légers et dansants, écoutez le signe de la joie, l'allégresse du plaisir, écoutez les délices solennelles de la jouissance ; écoutez sa fuite éperdue, - dans sa précipitation il se dépasse lui-même, toujours plus vite, de plus en plus irrésistible, écoutez les désirs effrénés de la passion - écoutez le murmure de l'amour, le chuchotement de la tentation, écoutez le tourbillon de la séduction, écoutez le silence de l'instant, - écoutez, écoutez, écoutez Don Juan de Mozart.
- fuite : elle traduit l'impossibilité de vivre authentiquement son désir. Don Juan vit dans l'instant, son existence échappe à toute durée. Par la conquête permanente de nouvelles femmes il échappe à lui-même.
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