Le Diable et le Bon Dieu de Jean-Paul SARTRE
Le Diable et le Bon Dieu de Jean-Paul SARTRE, 1951, Folio.
• Dans ce drame en trois actes et onze tableaux, avec une netteté démonstrative qui traduit son engagement militant, Sartre développe, sur la responsabilité et le bon usage de la liberté, des idées qui lui sont chères. • L’action se déroule dans l'Allemagne du xvie siècle, pendant les révoltes des paysans contre l’Église, sur un fond de violence, de religion et de désespoir. Elle s’organise autour d’un aventurier, Goetz, bâtard d’une famille noble, devenu chef d'une armée de reîtres. Violent et exalté, n’agissant que par défi à l’adresse de Dieu, Goetz cherche son accomplissement d’abord dans le mal, puis dans le bien, mais, constatant le silence de Dieu, il se convertit à l’action dans l’histoire au service des hommes. Au premier acte, après avoir assuré la victoire de l’archevêque de Worms sur ses vassaux et sa ville, Goetz brave tout principe d'humanité et menace de massacrer les habitants de Worms pour le plaisir de faire le mal, parce que le bien est déjà fait. Il insulte l’amour que lui porte Catherine, sa maîtresse. Il menace de pendaison le boulanger prophète Nasty qui aspire à détruire l’iniquité sociale et à bâtir la cité de Dieu sur la terre. Il raille le curé Heinrich qui est déchiré entre son appartenance à l’Église et son amour des pauvres. Cependant, quand celui-ci lui objecte la banalité du mal et soutient que Dieu a voulu que le bien fût impossible sur terre, Goetz parie qu’il fera le bien et triche aux dés afin d’entrer dans ce nouveau défi. Au deuxième acte, Goetz prêche l’amour dans la cité du Soleil qu’il a fondée sur ses terres. Heinrich guette son échec. Nasty lui reproche de compromettre l’avenir des paysans par sa hâte. Comme un rappel de ses fautes, Catherine vient mourir auprès de lui. Hilda, une jeune fille qui s’emploie à soulager les misères, reproche à Dieu de tolérer le mal, tandis que Goetz demande à assumer les péchés de Catherine et feint, pour lui rendre la paix, d'avoir reçu les stigmates du Christ. Le troisième acte montre l’échec de Goetz dans la comédie du bien : les paysans sont écrasés, la cité du Soleil est détruite. Pour en appeler à Dieu, Goetz cède à la tentation de l’ascétisme, puis, faute de réponse, consent à écouter Hilda, à constater que Dieu n’existe pas, et se tourne vers les hommes. Pour l’empêcher de prendre ce nouveau départ, Heinrich cherche à le tuer. Goetz le poignarde et, se ralliant à Nasty, prend la tête de l’armée des paysans. Voilà le règne de l’homme qui commence. • Pour Sartre, l’homme ne saurait trouver son accomplissement ni par référence à une transcendance divine ni dans la tentation de l’absolu, mais dans une action accomplie dans la solidarité avec autrui, pour la réalisation historique de la justice.
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- Jean-Paul SARTRE (1905-1980), Les Mots, 1964: Sur les terrasses du Luxembourg