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Le Diable au corps de Raymond RADIGUET

Le Diable au corps de Raymond RADIGUET, 1923, Le Livre de poche.

• Ce roman, rédigé à la première personne, et qui comporte une part d’autobiographie, se présente comme la confession d'un adolescent au lendemain d’une aventure sentimentale qui s’est tragiquement terminée et qu’il juge sévèrement, une fois que sa fièvre est tombée, disant : C’est en enfant que je devais me conduire dans une aventure où déjà un homme eût éprouvé de l’embarras.

• À la faveur de la guerre et de la faiblesse de ses parents, le narrateur, lycéen de seize ans, noue une liaison avec la fille de voisins de banlieue, Marthe, dont le fiancé, Jacques, est mobilisé. C’est une passion follement partagée, dans le mépris de toutes les convenances, surtout après le mariage de Marthe et de Jacques, jusqu'au jour où Marthe meurt après avois mis au monde un fils de son amant que Jacques va élever.

• L’adresse même de Radiguet et sa mort à vingt ans ont contribué au prestige de ce livre qui a pris place à côté de La Princesse de Clèves et d'Adolphe parmi les romans psychologiques.

RADIGUET Raymond. Ecrivain français. Né à Saint-Maur (Seine) le 18 juin 1903, mort à Paris le 12 décembre 1923. Il passa son enfance en banlieue et entra, en 1909, à l’école communale de Saint-Maur, où il fit de rapides progrès qui lui permirent d’obtenir une bourse et d’être reçu au Lycée Charlemagne, à Paris. Une véritable rage de lecture lui fit bientôt délaisser ses études et manquer ses cours pour se plonger dans les œuvres des écrivains du XVIIe et du XVIIIe siècle; il avait en particulier une passion pour La Princesse de Clèves; plus tard, il dévora Stendhal et Proust, puis Rimbaud, Mallarmé et Lautréamont. Inquiet pour son avenir, son père essaya de lui donner des leçons de grec et de latin mais il dut y renoncer : la littérature seule intéressait Raymond Radiguet, qui commençait à composer de courts poèmes dont l’un parut, le 6 mai 1918, dans Le Canard enchaîné. Radiguet avait quinze ans et vivait son premier amour, celui qu’il devait décrire dans Le Diable au corps. André Salmon, qui avait lu ses premiers poèmes, l’encouragea; Radiguet décida d’abandonner ses études et de vivre en faisant du journalisme. Il écrivit de petits reportages, des échos et des enquêtes pour L’Eveil et L’Heure, fut durant six mois secrétaire de rédaction au Rire; ces divers travaux lui permirent d’entrer en contact avec les cercles littéraires parisiens et de s’y faire des amis. Il fut mal reçu par Apollinaire mais Max Jacob devina immédiatement son talent, et l’envoya à Jean Cocteau qui le fit travailler et lui permit de collaborer à Sic et à Littérature. Dès 1920, il donna un opéra-comique avec Satie et Cocteau : Paul et Virginie, un recueil de poèmes : Les Joues en feu et une pièce en deux actes : Les Pélicans, représentée au théâtre Michel. Ce fut durant ses vacances, passées cette année-là à Arcachon, qu’il entreprit Le Diable au corps et se donna une discipline intérieure qui lui permit de mener son œuvre à bien malgré son extravagante vie de bohème. Bernard Grasset, enthousiasmé par son roman, lui signa un contrat lui assurant une mensualité de quinze cents francs qui le libéra de ses soucis matériels. Lancé par une campagne publicitaire sans précédent dans l’histoire des lettres, le livre parut en 1923 et apporta la gloire à Radiguet. Nombre de critiques avaient été indisposés par la publicité faite autour de « cet auteur de dix-sept ans », mais la plupart se rendirent devant les qualités du roman, qui connut un immense succès malgré les protestations des ligues d’anciens combattants et des associations bien pensantes. Des juin 1922, Radiguet avait commencé Le Bal du comte d’Orgel; il le termina durant l’été 1923, à Piquey, où Cocteau l’avait amené en vacances. C’est à cette même époque que, renonçant à sa vie de bohème, il se mit à « faire de l’ordre » dans sa vie extérieure et rassembla tous ses poèmes. Il lui fallait désormais se hâter, comme s’il avait la sensation que le temps lui était compté. Un soir d’automne, alors qu’il se promenait avec ses amis, une faiblesse subite le saisit; il fut transporté d’urgence dans une clinique où l’on fit tout pour le sauver, mais la fièvre typhoïde l’emporta en quelques jours. Les deux romans de Radiguet et ses poèmes, réunis sous le titre Les Joues en feu, titre qu’il avait donné à sa première plaquette, n’ont cessé, depuis trente ans, d’être réédités. On le compare à Rimbaud, on en a déjà fait un classique et son œuvre, il est vrai, s’inscrit parfaitement dans ce courant du roman français né avec La Princesse de Clèves : une histoire parfaitement contée, un style sobre, du goût et de la mesure. ♦ « Il laisse un livre absolument classique et sans doute le seul livre classique de ces dernières années : Le Bal du comte d’Orgel. » Edmond Jaloux. ♦ « II vénérait et méprisait le travail. On ne saurait parler en ce qui le concerne de naissance ni de mort. Une apparition. Une disparition. Et le voilà tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change, tel que nous le saluâmes toujours :un enfant après la course, seul au monde, assis dans une gloire, les joues en feu. » Jean Cocteau. ♦ « Je n'ai jamais rencontré pareille sûreté de jugement, une pensée aussi originale, d’apparence hardie, d’essence pénétrante et féconde. Sur les hommes, les milieux, les écrivains morts ou vivants, sa phrase brève, dense, illuminait, ouvrait, béante, cette lucarne par où l’on plonge au plus profond des âmes. » Joseph Kessel.




RADIGUET, Raymond (Saint-Maur-des-Fossés, 1903-Paris, 1923). Écrivain français. Ami de Max Jacob, Jean Cocteau et Bernard Grasset, il écrivit à 20 ans un roman, Le Diable au corps, qui, par la maîtrise de la prose classique et la finesse de l'observation, lui apporta immédiatement la célébrité. Il donna en 1922 Le Bal du comte d'Orgel publié à titre posthume (1924), Radiguet ayant été emporté par une fièvre typhoïde en 1923.

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