Le «Classicisme» (1650-1700)

L’élaboration du Classicisme s'amorce en France (pays d'Europe le moins marqué par l’esthétique baroque) dès 1630. Caractérisé par l'exercice de la Raison dans les règles établies, il recherche la pureté et la clarté dans la langue et la rhétorique, la simplicité, la juste mesure, l’équilibre et l’harmonie. Il prône l’imitation des chefs-d'œuvre de l’Antiquité. Cette esthétique se veut «naturelle» par un effort pour construire un «naturel» conforme aux exigences de la Raison. D’où le souci du «vraisemblable» et des «règles de l’art», génératrices de beauté par leurs contraintes mêmes, moyens, pour l’auteur et son public de s’assurer un langage commun. Le Classicisme atteint son apogée dans la première partie du règne personnel de Louis XIV. Spécifiquement français, et même parisien, il se répand peu à peu en province et en Europe, et sera le modèle du Beau au XVIII" s. Mais si le classicisme a une unité esthétique chez ses théoriciens, dans la pratique les œuvres mêlent souvent à ces principes des traits de baroque assagi.

Les auteurs sont surtout des bourgeois en cours de promotion : la petite bourgeoisie fournit les érudits, la bonne bourgeoisie et la noblesse modeste, les écrivains d'agrément et d'art; quelques grands seigneurs écrivent (la Rochefoucauld, retz). La littérature peut aider à faire carrière; l'habitude s'établit de vendre les manuscrits. aux libraires ou aux troupes de théâtre; mais cette amorce d'indépendance ne suffit pas, et les. intellectuels doivent servir des Grands qui les aident à vivre. Le mécénat royal sous Colbert tend à faire des lettres et des arts un service d'État consacré à la célébration de la grandeur royale. L'Académie française se voit attribuer des fonds par Louis XIV. Sont créées l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, l'Académie des Sciences, des académies de province (surtout à la fin du siècle).

Modes de diffusion de la littérature

Le commerce du livre, en expansion dans la première moitié du siècle, est plus rigoureusement réglementé par Richelieu, conscient du rôle idéologique et politique de.la librairie: il faut une autorisation pour publier, puis republier, un texte. La littérature contestataire sera donc clandestine, ou -imprimée à l'étranger (en Hollande surtout). L'éducation moyenne se répand, mais le Classicisme reste la littérature d'un public limité, surtout parisien, où les gens de la cour tiennent le premier rang. La presse naissante (Gazette de France, Mercure Galant, Journal des Savants) diffuse vers la province et l'étranger les idées et le goût parisiens.

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CLASSICISME. Nom donné au caractère des chefs-d'oeuvre artistiques et littéraires de l'Antiquité gréco-latine et du xviie siècle français. Condamnant la préciosité tout comme le grotesque, le classicisme peut se définir par la recherche de l'équilibre, de la clarté et du naturel. Dans l'histoire littéraire de la France, le classicisme, dans son sens le plus étroit, fut représenté par la génération des écrivains de 1660 à 1680 (La Fontaine, Molière, Racine, Boileau, Bossuet), unis par un idéal de goût et de raison puisé dans les oeuvres des Anciens. Le classicisme littéraire fut préparé dès le début du xviie siècle par des écrivains tels Malherbe ou Descartes ; l'Académie française, créée par Richelieu en 1634, commença elle aussi de codifier grammaticalement le « bon langage », soumettant ainsi la langue à l'idéal de mesure et de rigueur. Dans l'histoire de l'art, les premiers maîtres classiques furent les grands artistes italiens de la seconde Renaissance (Bramante et Palladio pour l'architecture, Raphaël et Titien, puis les Carrache et leurs élèves, créateurs de l'« académisme » pictural, pour la peinture). Alors que le baroque gagnait l'Italie, le classicisme s'imposa à l'Europe du Nord au xviie siècle et en France sous le règne de Louis XIV. Celui-ci encouragea le mouvement en suscitant la création d'institutions chargées de veiller aux « canons » du classicisme (Académie royale de peinture et de sculpture, 1648 ; Académie de France à Rome, 1666 ; Académie royale d'architecture, 1671). L'architecture classique triompha au château de Versailles (Le Vau, Le Brun, Hardouin-Mansart), mais aussi à Maisons-Laffitte et Vaux-le-Vicomte comme dans la colonnade du Louvre, attribuée à Claude Perrault (1667). Dans le domaine de la sculpture, les oeuvres les plus représentatives furent celles de François Girardon. En peinture, la tradition classique fut introduite par Le Lorrain et Poussin ; Le Brun l'érigea en doctrine officielle. Les autres grands représentants du classicisme étaient Georges de La Tour, et Louis Le Nain. L'Europe au XVIIIe siècle s'ouvrit au goût français et l'harmonie classique influença l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie et la Russie.