Databac

Le Cid de Pierre CORNEILLE

Le Cid de Pierre CORNEILLE, 1636, Classiques Hachette.

• Le Cide st une tragi-comédie en cinq actes et en vers, c’est-à-dire non pas une tragédie mêlée de comique, mais une tragédie romanesque sur le thème de l’amour, où le lyrisme s’associe à l’action dramatique. • Héros espagnol historique, Don Rodrigue Diaz de Bivar s’est illustré au xie siècle dans la lutte contre les Maures qui l’ont surnommé le Cid (le Seigneur). L’épopée s'est emparée de lui : le poème des Enfances de Rodrigue (xive s.) conte, entre autres faits, comment, selon la coutume féodale, afin de réparer le tort causé, il a épousé une jeune fille dont il avait tué le père. Le dramaturge Guillen de Castro, dans Les Enfances du Cid (1616), fait du meurtre du père un obstacle à un amour préexistant. Corneille, qui le suit de près, interprète cette situation selon la dialectique romanesque de son temps qui fonde l’amour sur l’estime. Alors qu’on prépare le mariage de Rodrigue et de Chimène, une rivalité de cour conduit Don Gormas, père de Chimène, à souffleter Don Diègue, père de Rodrigue. Rodrigue doit venger son père sous peine de perdre l’honneur et d’attirer sur soi le mépris de Chimène (acte I). Il tue Don Gormas en duel et Chimène demande justice au roi (II). Mais jamais les deux amants n’avaient été aussi proches en raison du lien qui unit l’amour à l’estime : Je t’ai fait une offense, et j'ai dû m’y porter/Pour effacer ma honte, et pour te mériter, dit Rodrigue. Tu t'es, en m'offensant, montré digne de moi; /Je me dois, par ta mort, montrer digne de toi, répond Chimène (III, 4). La victoire de Rodrigue sur les Maures exalte encore l’amour de Chimène (IV). Elle envoie Don Sanche le combattre en duel judiciaire, mais en souhaitant la victoire de son amant. Rodrigue désarme son adversaire et Chimène reconnaît sa générosité. Le roi ordonne leur mariage qui est cependant différé par égard pour Chimène (V). • Passionnément discutée, et pour sa forme (elle ne respecte pas les unités de temps et de lieu) et pour la conduite morale des héros, la pièce a fait néanmoins la gloire de Corneille et reste l’une des oeuvres les plus caractéristiques de l'idéal romanesque au temps de Louis XIII.




Cid, le (v. 1043-1099) ; héros national espagnol. Rodrigo Diaz de Vivar, appelé le Cid (sidi = « seigneur ») par ses alliés et sujets maures, el Campeador (« le champion ») par les Espagnols, est devenu le héros national espagnol sous le nom mixte du Cid Campeador. Les qualités qui le distinguent, ses origines nobles, sa bravoure, sa soif de s’illustrer dans les actions guerrières, ont progressivement fait de lui l’incarnation de l’esprit castillan du Moyen Age. Né vers 1043 à Vivar près de Burgos, en Castille mais non loin de la Navarre, il est élevé en même temps que Sanche, le fils aîné du roi Ferdinand Ier ; sa première apparition dans la documentation est une souscription d’un acte de Sanche (devenu roi de Castille en 1065), le 26 août 1066. Le C. sert plus tard dans l’armée de celui-ci comme porte-bannière et, en 1072, il aurait été à la bataille de Golpejera, même si ses hauts faits lors de l’engagement semblent grossis par la légende. Après l’assassinat de Sanche (15 oct. 1072), le C. entre au service de son successeur Alphonse VI (roi de Leon depuis 1065), qui le tient en haute estime et qui lui fait épouser en 1074 une dame de sang royal, Jimena Diaz, la fille du comte d’Oviedo (la fameuse Chimène). Vers la fin de 1079, le C. est envoyé à Séville exiger les tributs (parias) dus par les musulmans au roi. Il se heurte alors à la troupe de Garcia Ordônez, un autre fidèle du souverain castillan, qui guerroie au service du roi musulman de Grenade. De retour à la cour royale, le C. est accusé. Il va alors offrir ses services en Catalogne, où l’on n’en veut pas, puis au royaume taïfa de Saragosse, où il devient un conseiller écouté et un chef de guerre estimé. S’ensuit une alternance complexe de réconciliations (1082, v. 1087, 1092) et de brouilles avec la Castille, où le C. met successivement son bras au service d’Alphonse et de princes maures, luttant entre eux et théoriquement soumis aux royaumes chrétiens, quand ils ne doivent pas lui payer directement tribut. Sa plus grande action d’éclat est en juin 1094 la conquête de Valence, qu’il remet à son ancien cadi Ben Yehhaf. Les Almoravides, qui ont accumulé les succès les années passées et sont accourus pour délivrer la place, subissent du fait du C. leur première grande défaite en Espagne, à la bataille de Cuarte (déc. 1094). Éliminant ensuite Ben Yehhaf, le C. christianise Valence (1096) et s’allie au roi d’Aragon, avec qui il remporte une nouvelle victoire sur les Almoravides (Bairén, janv. 1097). Le 10 juin 1099, le C. meurt prématurément à Valence, après avoir incarné la turbulente vitalité des premiers temps d’une Reconquête encore incertaine dans ses objectifs. Trois ans plus tard, sous la pression des Almoravides, sa veuve Jimena, les chrétiens et le cadavre du C. sont évacués de la ville, qui est livrée aux flammes par Alphonse VI.

Liens utiles