LACORDAIRE (HENRI)
LACORDAIRE (HENRI)
Prédicateur français né à Recey-sur-Ource (Côte-d’Or) en 1802, mort à Sorèze en 1861. Il débuta comme avocat au barreau de Paris. Entré au séminaire de Saint-Sulpice en 1824, il fut ordonné prêtre trois ans plus tard. Aumônier de la Visitation, puis du collège Henri-IV, il s’attacha à Lamennais et fut un de ses collaborateurs au journal L'Avenir (1830). Après la condamnation de ce quotidien par Rome, il prit ses distances et fit ses débuts dans la prédication. Devenu dominicain, il s’occupa du rétablissement de cet ordre en France et de l’éducation de la jeunesse au collège de Sorèze (Tarn). Élu député à l’Assemblée nationale en 1848, il démissionna aussitôt. Dans ses célèbres Conférences, il a développé le côté social et humain du christianisme. On lui doit une Vie de saint Dominique (1841).
LACORDAIRE R. P. Jean-Baptiste-Henri-Dominique. Prédicateur et écrivain français. Né à Recey-sur-Ource (Côte-d’Or) le 18 mai 1802, mort au collège de Sorèze (Tarn) le 20 novembre 1861. Bourguignon, comme Bossuet et saint Bernard, il fut comme eux un orateur-né, impétueux, passionné. Issu d’une famille de bourgeoisie aisée, d’abord élève au Lycée de Dijon il étudia le droit et vint faire son stage au barreau de Paris. A cette époque de la Restauration, alors que l’armée conspirait et que la jeunesse des grandes écoles frondait le régime et militait pour la cause des idées libérales, Lacordaire se donnait volontiers pour un voltairien. Il partageait fougueusement les rêves d’un siècle dont il écrivit plus tard qu’il « a tout aimé ». Cependant sa vie privée restait calme, le jeune avocat subissait l’influence des pieuses exhortations de sa mère, et sa propre nature, énergique et exaltée, l’inclinait vers quelque engagement absolu. Au printemps de 1824, ayant commencé à plaider et déjà fait admirer ses dispositions à l’éloquence, il décida brusquement d’entrer au séminaire de Saint-Sulpice. Devenu prêtre, nommé aumônier de lycée, il s’ennuya, désira faire de grandes choses, et songea un instant à partir pour l’Amérique en qualité de missionnaire. Mais des préoccupations sociales semblent avoir été, pour une part du moins, à l’origine de sa vocation : s’il est entré dans l’Eglise, c’est parce qu’il jugeait le christianisme seul capable de sauver la société. Prêtre, il demeura fidèle à l’idéal libéral de sa génération, et s’efforça d'intégrer cet idéal dans la religion traditionnelle. Aussi, en 1830, lorsque Lamennais, évoluant de la théocratie à la démocratie, fonda le journal L’Avenir, dont le premier numéro parut le 16 octobre 1830, arborant la devise : « Dieu et la Liberté », il prit bientôt pour principal collaborateur, avec Montalembert, l'abbé Lacordaire. Ce dernier apportait à l’entreprise commune sa note propre : tandis que la méditation de Lamennais conduisait celui-ci vers un néo-christianisme de plus en plus panthéiste, Lacordaire se consacrait à une action toute religieuse : il fit campagne pour la liberté d’enseignement, ouvrant même une école sans autorisation ministérielle, ce qui lui valut d’être traduit, ainsi que Montalembert, devant la Chambre des Pairs. En 1832, lorsque l’encyclique Mirari vos condamna L’Avenir, Lacordaire fit aussitôt sa soumission au Saint-Siège, et peu après se sépara complètement de Lamennais. Ce fut au carême de 1835 qu’il commença ses fameuses Conférences de Notre-Dame de Paris, avec un immédiat et immense succès, particulièrement auprès de la jeune génération. Mais Lacordaire, qui avait été bouleversé par la crise du groupe lamennaisien et par l’apostasie de son ancien maître — y. Considérations sur le système philosophique de Lamennais, 1834 —, éprouvait le besoin d’enraciner solidement son apostolat dans la tradition catholique. Il partit donc pour Rome, y fit une longue retraite et, en 1839, au couvent de la Minerve, revêtit l’habit dominicain. L’ordre des Frères Prêcheurs, supprimé par la Révolution, n’existait plus en France, et le rôle qu’il avait joué dans l’inquisition le déconsidérait auprès de l’opinion libérale. Aussi Lacordaire se voua-t-il à la double tâche de le réhabiliter, en publiant une Vie de saint Dominique (1841), et d’obtenir sa restauration en France, qu’il demande par un retentissant mémoire. En cette même année 1841, avec une expérience mûrie, Lacordaire reparut à la chaire de Notre-Dame; mais le prêtre moderne, dans la pensée de Lacordaire, devait être présent à tous les grands mouvements de son époque : en 1848, on vit donc le dominicain, dans sa robe blanche, siéger à l’extrême gauche de l'Assemblée constituante où l’avaient envoyé les électeurs des Bouches-du-Rhône. Il y brilla peu cependant, et donna sa démission dès le coup de force du 15 mai, ainsi rendu à son indépendance, à ses conférences qui avaient exercé une si grande séduction sur un public à la fois universitaire et mondain; mais ce fut à l’ordre de Saint-Dominique qu’il voulut d’abord se consacrer. En 1850, il obtint du pape l’érection des couvents français en province particulière dont il fut nommé provincial; quatre ans plus tard, il prenait la direction du collège de Sorèze qu’il avait fondé dans le Toulousain. C’était la qu’il devait mourir, ayant consacré ses dernières années à la direction des jeunes gens. Le 24 janvier 1861, il avait été admis à l’Académie Française, au fauteuil de Tocqueville. On pourrait envisager l’influence de Lacordaire selon trois directions essentielles. En politique, tout en restant rigoureusement fidèle à l'orthodoxie romaine, il a cependant continué l’oeuvre de Lamennais et de l'Avenir, et contribué plus que quiconque à répandre les idées libérales dans le catholicisme français. A l’intérieur de l’Eglise, avec Dom Guéranger et Montalembert, il a suscité le renouveau monastique du monde moderne. Sa biographie, enfin, a proposé un nouveau style de vie sacerdotale s’efforçant de concilier l’appel de Dieu et les appels divers, politiques, littéraires, sentimentaux, d’une époque. Lacordaire, pourrait-on dire, fut un prêtre « engagé ». De là le caractère particulier de sa prédication. Comme elle est loin de celle d’un Bossuet ou d’un Bourdaloue ! Elle manque surtout de la solidité doctrinale des maîtres du « grand siècle ». L’argumentation est facile, l’orateur prend souvent des images luxuriantes et des comparaisons pittoresques pour des raisonnements. Mais ce n’est pas à la tête qu’il veut d’abord toucher, c’est au coeur. Ce qu’il eut, c’était le pathétique, l’émotion communicative, irrésistible. Il n’a pu former des esprits, mais il a réveillé des âmes et maintenu dans un siècle de doute et de songes la réalité du souci chrétien. Telle fut sa vocation : non celle d’un théologien, mais celle d’un poète religieux.
♦ « J’ai l’âme extrêmement religieuse et l’esprit très incrédule; mais, comme il est dans la nature de l’esprit de se laisser subjuguer par l’âme, il est probable qu’un jour je serai chrétien. » Lacordaire, lettre datée de 1823. ♦ « Cette physionomie singulière, originale, attrayante, si peu gallicane et si française, qui plaît jusque dans ses hasards, où le naturel se dégage en jets heureux de quelques bizarreries de goût, où l'audace ne compromet pas de réelles beautés... » Sainte-Beuve.
LACORDAIRE, Henri (Recey-sur-Ource, 1802-Sorèze, 1861). Prêtre et dominicain français, avocat au barreau de Paris, il devint prêtre en 1834 et, admirateur de Lamennais, fonda avec lui la revue L'Avenir, condamnée par le pape en 1830. Lacordaire se sépara de Lamennais pour rester fidèle à Rome et devint, après son entrée dans l'ordre des Dominicains (ordre qu'il avait rétabli en France en 1839), l'un des plus grands orateurs de son temps, devenu célèbre par ses « conférences » à Notre-Dame de Paris.