L'absolutisme: une conception théologique de l'Etat
Le droit divin = conception traditionnelle de l’Église depuis le moyen-âge. Elle s'est développée au XVIIe siècle, grâce à des penseurs comme Suarez ("De legibus"), Bossuet ("Politique tirée des paroles de l’Écriture sainte").
Thèse essentielle du droit divin = Le pouvoir politique, loin d'être arbitraire, a un fondement, une source qui le légitime : DIEU.
// Saint-Paul: "il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu." ("Épître aux Romains, XIII), cad Dieu ne nomme pas directement les gouvernants. Les souverains peuvent être désignés selon des voies humaines mais tenir de Dieu, et non des hommes, leur autorité. Dieu est fondement et non cause effective. Dieu définit un fondement et n'intervient pas dans le mode de formation de l’État.
La théorie du D.D. aboutit à une conception absolutiste de l’État, elle aussi, tirée des Écritures Saintes. S'il n'y a en effet pas de pouvoir qui ne vienne de Dieu, alors celui qui résiste à l'autorité se rebelle contre l'ordre établi par Dieu. («Épîtres aux Romains»). L'obéissance au souverain doit se faire sans réserve et il ne saurait exister dans l’État aucune instance qui puisse de droit contester ses décisions. Notons que ses décisions ne sont ou ne devraient être ni arbitraires, ni despotiques : Dieu n'est pas un malin, il est le garant de la rationalité du monde physique et de la raisonnabilité de l'univers politique. Bossuet: "L'autorité royale. Est soumise à la raison", le prince, Dieu sur Terre, ne peut y faire n'importe quoi, il doit déjà agir «en bon chrétien»… Le roi devra lui aussi rendre des comptes de sa vie terrestre.
Critique de la théorie du théocratisme et de l’absolutisme :
- Négation du droit de résistance, qui sera inscrit dans la DDH de 1789 comme l'un des 4 droits naturels et imprescriptibles de l'humanité (liberté, propriété privée, sûreté, résistance à l'oppression).
- Négation de la souveraineté du peuple. Le D.D. N'est certes pas opposé, incompatible à l'existence d'une démocratie, mais il est clair que, si la souveraineté a sa source en Dieu, elle ne saurait l'avoir dans le peuple. C'est à partir de ces 2 critiques (souveraineté du peuple et droit de résistance) que la théorie du contrat social va proposer un autre modèle de légitimité au pouvoir politique.