Laberthonnière et l'autorité du pouvoir
« Il y a l’autorité qui use du pouvoir et du savoir-faire dont elle dispose, pour subordonner les autres à ses fins particulières et qui ne cherche qu’à s’emparer d’eux pour les mettre à profit : celle-là est asservissante. Il y a l’autorité qui use du pouvoir et du savoir-faire dont elle dispose pour se subordonner elle-même, en un sens, à ceux qui lui sont soumis, et qui, liant son sort à leur sort, poursuit avec eux une fin commune : celle-là est libératrice. Entre ces deux manières de concevoir et de pratiquer l’autorité, il n’existe pas seulement une différence, il existe une contradiction. » LABERTHONNIÈRE
DIRECTIONS DE RECHERCHE
• Quelles sont les caractéristiques, selon Laberthonnière, de l’autorité « asservissante » ? — Que signifie «fins particulières » ? Exemples ? • Quelles sont les caractéristiques, selon Laberthonnière, de l’autorité « libératrice » ? — Que signifie « fin commune » ? Exemples ? — Pouvez-vous rendre compte de la notation « en un sens » ? Cette remarque a-t-elle son importance ? Si oui en quoi est-elle importante ? • Pouvez-vous dégager les raisons qui conduisent Laberthonnière à soutenir qu’« entre ces deux manières de concevoir et de pratiquer l’autorité, il n’existe pas seulement une différence, il existe une contradiction »? • Quel est « l’enjeu » de ce texte ? En quoi présente-t-il un intérêt philosophique ?
LABERTHONNIÈRE R. P. Lucien. Philosophe chrétien français. Né le 5 octobre 1800 à Chazelet (Indre), mort à Paris le 6 octobre 1932. Il fut un passionné représentant de cette « apologétique nouvelle » qui, détachant le christianisme catholique de la scolastique aristotélicienne et, par conséquent, du thomisme, cherchait à le concilier avec la pensée moderne, et se lançait dans l’entreprise désespérée de faire coexister en parfait accord l’immanence et la transcendance. Prêtre, il entra, en 1886, dans la congrégation de l’Oratoire. Professeur et directeur de collèges, il eut « le verbe haut, la plume en bataille », comme il le disait lui-même de Charles Denis auquel il succéda à la direction des Annales de philosophie chrétienne (1905-1913). Il avait alors déjà écrit ses oeuvres les plus importantes : Essais de philosophie religieuse (1901), Le Réalisme chrétien et l'idéalisme grec (1902), livres mis le 5 avril 1907 à l’index par les autorités ecclésiastiques. Cette première condamnation, préludant à l’encyclique antimoderniste de Pie X, Pascendi dominici gregis, du 8 septembre 1907, fut suivie par une autre condamnation qui, le 16 juin 1913, frappa les Annales et contraignit le religieux au silence. Il se soumit. Les ouvrages auxquels il travailla dans ce tragique isolement et qui furent publiés après sa mort, Etudes sur Descartes, en deux volumes, n’échappèrent pas à la condamnation des censeurs romains (1936). De l’angoisse intime de Laberthonnière ne survivent, après sa fin douloureuse, que les confidences privées confiées à sa correspondance, qui, ainsi que celles des autres modernistes, sont intéressantes à rassembler.
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