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LABE Louise

LABE Louise 1526-1565
Cette fille d’un riche cordier lyonnais, tradition familiale oblige, épousa, en 1550, un riche cordier lyonnais (cela lui valut le surnom «la belle cordière»). Étonnamment moderne, la belle Louise, qui ne tient pas en place, monte à cheval, se bat à l’épée. La légende veut même qu’elle se soit déguisée en homme pour suivre son amant au siège de Perpignan (en capitaine même, et à seize ans!) ou pour participer à un tournoi, mais rien n’est moins sûr. Elle parle italien et espagnol, sait le latin, rassemble autour d’elle une cour de lettrés et de poètes, écrit des vers, vit à toute allure, aime. Après les Elégies (1555), elle donne vingt quatre sonnets, tous poèmes d’amour, d’amour charnel et brûlant, qui très longtemps ont fait sourciller la prude critique. Ce sont là pourtant, dans une langue toute simple et fraîche, comme innocente, subtile sans obscurité, loin de tout pédantisme, de toute préciosité et de toute abondance relâchée, quelques-uns des plus beaux poèmes jamais écrits dans notre langue.
Louise Labé, dite « la Belle Cordière », est née à Lyon en 1526. « Le plaisir le plus doux qui soit après l'amour, c'est d'en parler » ; Louise Labé a su le faire avec une sensualité rare. Cette « nymphe ardente des bords du Rhône », selon Marceline Desbordes-Valmore, dont la liberté de mœurs étonne ses contemporains est la fille d'un riche bourgeois de Lyon, qui lui fait donner une solide éducation. À 16 ans, déguisée en homme pour suivre son amant, elle s'enrôle dans l'armée et participe, sous le nom de capitaine Loys, au siège de Perpignan. Revenue à Lyon se consoler de cet amour finalement malheureux, elle finit par épouser, à 25 ans, le cordier Perrin, d'où son surnom. Cela ne l'assagit pas pour autant et elle connaît d'autres aventures amoureuses. Selon l'un de ses contemporains, « tous ses goûts furent des passions ». Ses sonnets impudiques, comme sa conduite, attirèrent sur elle injures et malveillance. Elle n'en reste pas moins la reine d'une société raffinée qui groupe autour d'elle les poètes de l'École lyonnaise. Elle meurt vers 1566, au seuil de la quarantaine. Par testament, elle lègue toute sa fortune aux pauvres. Il faudra encore plusieurs siècles avant que l'on redécouvre sa poésie, si contemporaine.


LABÉ Louise
Vers 1524-1566
Poétesse, née à Lyon. Célèbre sous le nom de la Belle Cordière, elle mérita deux fois ce sobriquet : fille d’un riche cordier, elle épousera à vingt-quatre ans un riche cordier. Non sans avoir auparavant défrayé la chronique galante en suivant, sous l’habit masculin, l’un de ses amis jusqu’au siège de Perpignan (elle fit même, dit-on, le coup de feu). Cavalière, escrimeuse, elle scandalisa plus encore en s’adonnant à l’étude des sciences. Elle fut surtout l’âme du groupe lyonnais (dit aussi « école lyonnaise ») : Olivier de Magny - qui fut son amant -, Pernette du Guillet et Maurice Scève, qui l’aida, dit-on, à composer Le Débat de folie et d’amour (1556). Mais l’essentiel de son art tient dans les trois Élégies (1555)' et dans les Sonnets, publiés cette même année 1555. Moins cérébrale que Scève, Louise Labé s’abandonne sans retenue et, s’il le faut, sans pudeur à la passion amoureuse : Tu es, tout seul, tout mon mal et mon bien... (Élégie II) ; ou dans le sonnet Baise m’encor :
Ainsi meslant nos baisers tant heureux, Jouissons nous l’un de l’autre à notre aise.
On a, dans un passé récent, cru bien faire en parlant à son propos de romantisme, ou encore de préromantisme : la critique, aujourd’hui, souligne au contraire que ni la poésie ni la passion ne sont nées au XIXe siècle et que Louise Labé fait mieux que « préfigurer » Marceline Desbordes-Valmore ou Alfred de Musset. Cette œuvre dense, ardente, et brève, ne prépare rien ; elle est un achèvement. En quelque vingt élégies et sonnets, ce grand poète rassemble toutes les conquêtes de la littérature lyrique européenne, c’est-à-dire essentiellement : italienne (en particulier Pétrarque) et française (la tradition courtoise depuis Chrétien de Troyes) ; c’est ainsi que la sincérité et la chaleur n’excluent pas chez elle une certaine subtilité. (On peut s’amuser, par exemple, à confronter son beau poème Diane étant en l’épaisseur d’un bois avec celui de Scève sur le même sujet.)


LABÉ Louise (Louise Perrin, née Charly ou Charlin). Poétesse française. Née à Parcieux (Ain) vers 1526, morte probablement au même endroit à la fin de 1565. Elle était la fille d’un riche cordier lyonnais de qui elle reçut son surnom de Labé, dont l’origine nous est inconnue. Aucune contrainte, morale ou autre, ne paraît avoir entravé son enfance et son adolescence. Impatiente de dépenser sa nerveuse vitalité, passionnée d’équitation et d’escrime autant que de langage raffiné et de savantes lectures, belle, parlant espagnol et italien, connaissant le latin, mais emportée par son coeur et ses sens fort turbulents, Louise vécut dès l’âge de seize ans une romanesque aventure : déguisée en homme et se faisant passer pour un certain « capitaine Loys », elle suivit un de ses amants au siège de Perpignan et prit part aux opérations militaires (1542). C’est encore en habits masculins qu’elle se produisit, quelques années plus tard, dans un tournoi organisé place Bellecour à Lyon. Vers 1550, elle accorda sa main à un cordier fort riche, Ennemond Perrin; cette union, qui valut à Louise son surnom de « belle Cordière », se termina dix ans plus tard par la mort du mari. Mais la jeune femme n’avait pas attendu ce moment pour aller vers d’autres amours, parmi lesquels nous connaissons le poète Olivier de Magny, qui se vanta de sa bonne fortune dans une Ode à sire Aymon, où il nasardait l’époux trompé. Ce seul trait laisse imaginer la liberté publiquement avouée, et presque provocante, des moeurs de Louise Labé. L’esprit de Louise Labé valait en tout cas beaucoup mieux que ses moeurs; dans une ville qui était déjà un des principaux centres de la Renaissance en France, elle réunit autour d’elle une société des plus cultivées et compta parmi ses familiers le grand Maurice Scève, fondateur de l’« Angélique », l’Académie de Fourvières, où fréquenta sans aucun doute la « belle Cordière ». L’oeuvre littéraire de celle-ci, qui comprend Le Débat de folie et d’amour (1555), dialogue en prose, vingt-quatre Sonnets (1555), dont un — le premier — en italien, et trois Elégies (1555), est tout entière vouée à l’amour charnel, et renferme quelques-unes des plus brûlantes cadences du paganisme littéraire français et de la poésie amoureuse universelle. La première édition, parue à Lyon en 1555, est un des plus rares trésors de la bibliographie. Quant à la vie de Louise Labé après la mort de son mari, elle nous est à peu près inconnue; la seule date certaine est celle de son testament, 28 avril 1565. ♦ « Et bien qu’ell’soit en tel nombre si belle, / La beauté est le moins qui soit en elle : / Car le savoir qu’elle a, / Et le parler que soevement distille, / Si vivement animé d’un doux style, ! Sont trop plus que cela. / Sus donc, mes vers, louez cette Louise.» Jacques Pelletier du Mans. ♦ « Jamais, dans la littérature, l’impudeur même des sens n’a atteint à une telle gravité. Jamais l’âme et le corps n’ont paru aussi peu séparés, la lucidité la plus claire ainsi présente dans les exigences de l’amour et dans ses gratitudes... [une] fusion nuptiale de la connaissance et de la sensualité. » Thierry Maulnier.