LA TOUR DU PIN Patrice de
LA TOUR DU PIN Patrice de 1911-1976
Né à Paris, ce descendant des rois d’Irlande grandira au château du Bignon-Mirabeau; il le quittera seulement pour aller étudier les lettres à la Sorbonne. Dès cet âge encore tendre il écrit de la poésie, où perce l’influence de ses lectures de théologie, de Saint Thomas d’Aquin notamment. En 1933 son recueil La Quête de Joie fait de lui, à 22 ans, un poète estimé. Sa poésie fluide et rêveuse, plutôt régulière et volontiers descriptive, à contre-courant de tout ce qui se fait de moderne depuis Apollinaire, lui vaut une large approbation, de Gide à Montherlant, et une grande audience. Les recueils qui suivent — ils seront réunis en 1946 dans Une Somme de Poésie — confirment ce succès en même temps que les options nettement spiritualistes (mystiques quasiment) du poète. Vivant à la campagne («dans une île, dira-t-il»), très en marge du monde littéraire, il dépouillera de plus en plus ses vers du charme romantique qu’ils avaient à ses débuts pour en faire une méditation «christique», une théopoésie (Contemplation errante, 1948; Second Jeu, 1959; Petit Théâtre crépusculaire, 1963).
Poète, né à Paris, d’une famille champenoise, il a passé la plus grande partie de sa jeunesse, et même de son âge mûr, retiré en son château du Bignon-Mirabeau, en Sologne. Cette vie « recluse en poésie », et peut-être aussi l’influence de sa mère, irlandaise de naissance, développeront en lui, de plus en plus, une propension naturelle à l’irréalité, qui se manifeste par la fabrication d’un univers personnel, autonome pourrait-on dire, où évoluent des personnages archaïques, issus de quelque légende (Myrver de Borlogne, Saulileure ; ou encore cet André Vincentenaire qui anime le Second jeu de 1959) èt des bêtes, aussi bizarres que peu farouches, marchant ou volant au milieu des hommes, dans leur domaine ; si ce n’est dans leur demeure. Dès son premier livre, La Quête de joie (1933), qui contenait en particulier le fragment célèbre des « Enfants de septembre », le public lettré - et Gide en tête, puis Montherlant et Supervielle - accueillit avec allégresse et presque avec une sensation de soulagement cette poésie jaillissante, vraie fontaine de jouvence. Les recueils suivants (D’un aventurier, L’Enfer, Le Lucernaire, et surtout Psaumes) tenteront de prolonger l’aventure du poète jusqu’alors un peu trop personnelle, et de l’élever au niveau de l’épopée cosmique. Une Somme de poésie (1946), dont le titre par lui-même est un hommage à la « Somme » de saint Thomas, rassemble toute son œuvre antérieure, qu’il va poursuivre dès lors dans le sens d’une quête théologique. Sur cette voie nouvelle, Le Petit Théâtre crépusculaire (1963), ouvrage de large envergure malgré son titre, est à ce jour l’effort le plus ambitieux qu’ait jamais risqué un poète pour faire (comme le dit La Tour du Pin lui-même) graviter la parole dans l’attraction divine.